Enregistrement des sons

 

 

Les méthodes classiques d'enregistrement acoustique, qui utilisaient le disque plastique, la cire ou le film photographique, ont vu s'adjoindre des procédés nouveaux, qui sont en passe de les éliminer dans plusieurs de leurs applications. Ces procédés sont de deux types.

 

Enregistrement magnétique. — Dans ce procédé, qui dérive du télégraphone de Poulsen (1897), les sons à enregistrer sont recueillis par un microphone. Ils sont alors traduits en variations d'intensité d'un courant électrique, qui traverse un électro-aimant. Devant les pôles de celui-ci passe, à vitesse constante, un fil ou un ruban d'acier ; il s'aimante de façon permanente (par magnétisme rémanent), mais variable, les variations de son aimantation suivant la loi de variation du courant, donc des ondes sonores.

Pour la restitution des sons, il suffit de faire défiler le fil (ou le ruban) à la même vitesse devant cet électro-aimant, ou un autre, dont les bobines sont cette fois branchées aux bornes d'une pile, et qui joue le rôle de « lecteur de son ». Le fil aimanté par tranches successives agit sur les pôles, et produit, à travers les spires des bobines, un flux magnétique constamment variable ; dans ce circuit prend naissance un courant induit, qui reproduit le courant microphonique, et qu'on envoie, convenablement amplifié, dans un haut-parleur.

A l'avantage de ce procédé, on peut citer sa simplicité de manœuvre, la faible usure due à l'absence de tout frottement, la longueur des enregistrements (une demi-heure sur une même bande de 3 000 mètres), la possibilité d'obtenir la reproduction immédiatement après l'enregistrement. Le bruit de fond et les échos, dus à l'induction des spires voisines, gênants dans les premiers dispositifs, sont maintenant devenus très faibles. Pour passer d'une inscription à une autre, il suffit d' « effacer » la première par induction au moyen du champ oscillant que produit un courant de haute fréquence. L'inconvénient est la difficulté des montages : le raccordement des passages nécessite un réenregistrement.

 

 

 

magnétophone : tête de l'appareil, montrant les trois électro-aimants lecteur, enregistreur et effaceur

 

 

Dans les appareils modernes qu'on nomme souvent magnétophones, et dont la mise au point a été effectuée en Allemagne, on utilise un ruban, fait d'un support de chlorure de polyvinyle, d'acétocellulose ou même de papier, sur lequel a été déposée une couche d'oxyde magnétique de 2/100 de millimètre. Ces appareils ont de nombreuses applications : ils enregistrent, par exemple, des conversations téléphoniques, même en l'absence de l'abonné (ipsophone) ; ils permettent de dicter un courrier ; on peut, grâce à eux, transmettre de longs messages téléphoniques à allure accélérée, et les restituer à vitesse normale ; ils sont surtout employés en radiodiffusion pour des reportages et des émissions différées.

 

Enregistrement électromécanique. — Dans le procédé « Philipps-Miller », dérivant de l'ancien dispositif Huguenard, l'enregistrement s'effectue sur une bande plastique au moyen d'un burin graveur électromécanique, commandé par les courants microphoniques amplifiés. La bande souple est formée de trois couches superposées : un support transparent d'acétocellulose portant une couche de gélatine, recouverte elle-même d'une pellicule de quelques microns, faite d'un vernis noir opaque. Le burin d'enregistrement est un saphir taillé en ciseau, qui prend, sous l'action des courants microphoniques, un mouvement oscillatoire : dans ce mouvement, il pénètre plus ou moins profondément dans la gélatine et, en raison de la forme de son tranchant, il enlève une portion de vernis plus ou moins large. On obtient ainsi une piste sonore transparente, de largeur variable et symétrique. La reproduction est, comme dans les films sonores, obtenue par un lecteur de sons photo-électrique.

 

 

 


La démarcation entre les deux zones de la bande est plus précise que dans l'enregistrement photographique, à cause de l'absence de tout grain d'émulsion, et le bruit de fond est réduit au minimum. Le son peut être reproduit instantanément, sans qu'il soit nécessaire de faire subir aucun traitement au film. Ce mode d'enregistrement, qui se prête très bien aux découpages et aux montages, donne en radiodiffusion des émissions différées de haute qualité. Mais son emploi par les usagers individuels est plus coûteux et moins commode que celui du magnétophone.

 

(Raymond Touren, Larousse mensuel illustré, 1947)

 

 

 

enregistrements sur films Philipps-Miller : en haut, courant alternatif normal (chaque losange correspond à une demi-période) ; en bas, fragment d'une symphonie de Beethoven

 

 

 

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