les Dragons de l'Impératrice
affiche de Lucien Métivet pour les Dragons de l'Impératrice (1905) [BNF]
Opéra-comique en trois actes, livret d'Albert VANLOO et Georges DUVAL, musique d’André MESSAGER.
Création au Théâtre des Variétés le 13 février 1905 ; décors de Chambouleron et Mignard (1er et 2e actes) et Amable (3e acte) ; costumes de la Maison Pascaud.
personnages |
créateurs |
Cyprienne | Mmes Mariette SULLY |
Lucrèce | Germaine GALLOIS |
Marguerite | Marguerite FOURNIER |
Princesse de Carinthie | GINETTE |
Mme Pacôme | LAVERNIÈRE |
Marquise d'Esternich | Nita ROLLA |
Duchesse d'Auriffet | DALBA |
Princesse Radiskoï | VALFORT |
Lady Armington | VALMORY |
Mme Rissmann | VALDINY |
Virginie | EYMARD |
Caroline | MARIUS |
Agénor des Glaïeuls | MM. PRINCE |
le Capitaine Saint-Gildas | ALBERTHAL |
Prince de Carinthie | CLAUDIUS |
le Colonel Desroches | SIMON |
Plantinois | BERGERAT |
Bois-Landry | MARÉCHAL |
Bridou | ROCHER |
Pontmeillan | DUCLERC |
La Clayette | GUÉRIN |
Survilliers | DARCOURT |
un Chicard | ARMAND |
Chef d'orchestre | Oscar de LAGOANÈRE |
Mariette Sully (Cyprienne) lors de la création
Dans le parc réservé de Saint-Cloud, pendant une belle soirée de l'année 1860, une jeune femme était rencontrée sous les arbres d'une allée sombre par le capitaine de Cent-Gardes Agénor des Glaïeuls. Elle s'attarda même si longtemps avec lui que le lendemain matin, en faisant le récit de cette bonne fortune, il pouvait assurer qu'il n'aurait eu rien à regretter si un importun n'avait effarouché la dame avant qu'elle ait consenti à soulever son voile pour lui montrer ses traits. Or, depuis longtemps il s'est établi une rivalité entre les Cent-Gardes et les Dragons de l'Impératrice sur le champ de bataille des amours légères. Le capitaine Saint-Gildas a déjà enlevé onze de ses conquêtes au bel Agénor, officier du régiment rival. Il s'agit maintenant, pour arriver au nombre douze, d'obtenir les faveurs de la femme voilée du parc de Saint-Cloud. La difficulté serait invincible sans doute si la belle, dont nul ne sait le nom, n'avait oublié son éventail sur un banc lorsqu'elle dut prendre la fuite. Cet éventail, remis au capitaine Agénor, va servir à la retrouver.
Cette charmante inconnue a pour amie Cyprienne, mariée depuis quelques jours à Saint-Gildas et traitée par lui avec un outrageant respect, car la dot lui a strictement suffi, et il n’a pas interrompu, même une nuit, sa vie folle et dissipée. Cyprienne fait ses confidences et reçoit celles de son amie. Cette dernière se nomme Lucrèce ; elle est dans le plus grand embarras. Songez donc, l'éventail lui avait été prêté par l'impératrice ; il faut le rendre dès ce soir. Cyprienne, qui ne manque pas d'esprit, va le prouver en arrangeant tout. Elle réclame l'éventail au capitaine Agénor, lui laissant croire qu'elle est son inconnue de Saint-Cloud, mais, dès que le précieux objet est en sa possession, elle déclare n'être qu'une femme de chambre agissant par ordre de sa maîtresse. Toute la ferveur amoureuse d'Agénor se glace à cet aveu. Cela se passant au bal Mabille, Saint-Gildas a pu de loin observer toute la scène ; il sait désormais, ou croit savoir, quelle femme il faut conquérir pour remporter sur les Cent-Gardes la « douzième » victoire. Cette femme-là porte un domino ; c'est précisément la sienne ; il l'ignore, aussi poursuit-il très vivement l'aventure.
Au troisième acte, tous les pressentiments d'orage se dissipent dans l'atmosphère féerique d'une soirée de gala aux Tuileries. Le mari de Lucrèce, un colonel à moustaches cirées, voué par sa figure de ramolli béat et par sa difforme corpulence aux pires destinées conjugales, n'a pas le moindre soupçon de l'équipée de sa femme, l'éventail est rendu sans encombre à l'impératrice et Saint-Gildas raffole de sa jeune épousée depuis qu'elle a eu pour lui la saveur d'un fruit défendu. Le dénouement est donc une joie pour tout le monde et aussi pour les spectateurs.
La musique de M. Messager est d'un bout à l'autre amusante et vive, spirituelle et coquette. On peut citer au premier acte les couplets du Prince de Carinthie, diplomate qui sait mettre dans les vessies la lumière et les faire prendre pour des lanternes ; M. Claudius a dit très gaiement ces couplets, et jusqu'à la fin de l'œuvre il a contribué largement à divertir la salle. Au second acte, les strophes de Lucrèce : C'est, donc ici Mabille, ont été chantés d'une manière fine, exquise et distinguée par Mme Germaine Gallois, une véritable artiste, qui sait conserver ce qu'il faut de tenue et de discrétion, même dans la plus folle fantaisie. L'ariette de l'éventail : Il est brillant comme l'aurore et paré de mille couleurs, est bien vraiment la perle de la partition. Mme Mariette Sully (Cyprienne) l'a détaillée avec une espièglerie ravissante. Le trait de violon qui accompagne la voix et forme conclusion par quelques notes suraiguës, a produit un effet délicieux. Les deux capitaines rivaux, MM. Prince et Alberthal, ont su se montrer très différents dans leurs rôles et prêter deux physionomies bien tranchées à leurs personnages de bellâtres, conquérants de boudoir. Il faut nommer encore comme excellents MM. Simon et Bergerat, Mmes Marguerite Fournier, Ginette, Lavernière et Nita Rolla.
La mise en scène est excessivement variée, et de tous points concordante avec les situations qu'elle encadre ; les costumes, chapeaux, corsages, jupes soutenues par les crinolines, sont une reconstitution très réussie des modes impériales ; enfin tout est merveilleusement réglé pour former un spectacle harmonieux et chatoyant rehaussé par le prestige d'une musique écrite dans le style de l'opéra-comique et toujours ingénieuse, vive et piquante. Le succès a été complet ; les bis très nombreux.
(A. Boutarel, le Ménestrel, 19 février 1905)
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Le sujet de la pièce, dont l'action se passe en 1860, consiste dans la rivalité amoureuse entre un officier des cent-gardes et un officier du régiment légendaire des dragons de l'impératrice : les incidents sont fournis par un éventail appartenant à l'impératrice, prêté par elle à une des dames de la cour et qui, passant de main en main, finit par amener le dénouement. Sur ce sujet, Messager a écrit une partition délicate, empreinte d'élégance, dont il faut retenir surtout, au premier acte, les couplets comiques du prince de Carinthie, au second les strophes de Lucrèce et l'ariette charmante de l'éventail, et certains épisodes du troisième. (Nouveau Larousse Illustré, suppl., 1906)
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Catalogue des morceaux
Acte I |
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Introduction | |||
01 | Chœur et Couplets | a) Chœur : Il est, en vérité – b) Couplets de Plantinois : Je sens une bien douce larme | Plantinois, les Soldats |
02 | Entrée de Lucrèce | a) Récit : Amour ! amour ! quel est donc ton pouvoir ? – b) Couplets : Quand je me lève le matin | Lucrèce |
03 | Ensemble des Dragons et des Cent-gardes | a) Entrée : Holà ! Madame l'aubergiste ! – b) Légende : Il était un joli Dragon | Mme Pacôme, le Colonel, les Dragons, Agénor, les Cent-gardes |
04 | Petit ensemble | Bon appétit, messieurs ! | le Colonel, Agénor, les Dragons, les Cent-gardes |
05 | Couplets du Prince | Certes, dans la diplomatie | le Prince |
06 | Ensemble | Le canard, c'est la coutume | le Prince, les Dames |
07 | Couplets de Saint-Gildas | Eh quoi ! vraiment ? En loup-garou | Saint-Gildas |
08 | Romance de Cyprienne | J'aimais mon cousin, dès l'enfance | Cyprienne |
09 | Quintette de l'éventail | Cet éventail, en vérité | Cyprienne, Lucrèce, Saint-Gildas, le Prince, le Colonel |
10 | Final | a) Scène : Nous avons fait très bonne chère ! – b) Lettre et ensemble : Cette nuit, une aimable beauté – c) Strette : Bon appétit, messieurs ! | Cyprienne, Lucrèce, Saint-Gildas, Agénor, le Prince, le Colonel, Chœurs |
Acte II |
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11 | Chœur d'introduction | Joyeux viveurs, femmes jolies | Chœurs |
12 | Entrée de Marguerite | a) Chœur : Bravo ! bravo ! – b) Couplets de Marguerite : Eh bien ! oui ! j'aime la noce ! | Marguerite, Danseurs, Danseuses |
13 | Couplets d'Agénor | Est-ce le prestige du casque ? | Agénor |
14 | Ensemble et couplets de Lucrèce | a) Ensemble : C'est donc ici Mabille ? – b) Couplets : Dans le royaume du cancan | Lucrèce, les Dames |
15 | Duetto de Cyprienne et Lucrèce | Songe à quels dangers tu t'exposes | Cyprienne, Lucrèce |
16 | Couplets de Cyprienne | Ne vous emballez pas ! | Cyprienne |
17 | Duo et ariette | a) Duo : Eh bien ! parlez, monsieur – b) Ariette de Cyprienne : Il est brillant comme l'aurore | Cyprienne, Saint-Gildas |
18 | Final | a) Scène : Ah ! quelle affaire ! – b) Couplets de Cyprienne : Le secret que je vous impose – c) Strette et couplets de Lucrèce : A Mabill' quand on a su s' plaire | Cyprienne, Lucrèce, Marguerite, Saint-Gildas, Agénor, le Prince, le Colonel, Chœurs |
Acte III |
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19 | Valse | ||
20 | Couplets de Lucrèce | Ne faut-il pas que l'on vous traîne ? | Lucrèce |
21 | Couplets de Saint-Gildas | Mon colonel, j'ai fait mes preuves | Saint-Gildas |
22 | Ensemble du miroir | Beau Cent-garde, votre cuirasse | Agénor, les Dames |
23 | Couplets de Lucrèce | Votre nez, mon cher Capitaine | Lucrèce |
24 | Romance de Cyprienne | Il m'aime, j'en suis bien certaine | Cyprienne |
25 | Duo de Cyprienne et Saint-Gildas | Eh ! bien, Monsieur, serait-ce pas charmant | Cyprienne, Saint-Gildas |
26 | Trio, quatuor et quintette | Grand Dieu ! l'étonnante surprise ! | la Princesse, Saint-Gildas, Agénor, le Prince, le Colonel |
27 | Final | Il est minuit | Cyprienne, Lucrèce, Saint-Gildas, Chœurs |
les Dragons de l'Impératrice lors de la création
Acte II. Duo Eh bien ! parlez, monsieur et Ariette Il est brillant comme l'aurore Monique Linval (Cyprienne), Willy Clément (Saint-Gildas) et Orchestre Radio Lyrique dir. Roger Ellis enr. le 05 juin 1959
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