Madame Récamier

 

Lise Brugel (Madame Récamier) dans la reprise à l'Opéra de Nice le 16 février 1935

 

 

Episode lyrique en un acte, livret de Léo César Albin LARGUIER (La Grand-Combe, Gard, 06 décembre 1878 Paris 6e, 31 octobre 1950*), d'après l'œuvre d'Edouard HERRIOT, musique de Charles PONS.

 

Création au Grand Théâtre de Lille le 03 mars 1927.

 

Représenté à l'Opéra de Nice le 16 février 1935 dans des décors d'Octave Guichard.

 

 

 

personnages Lille, 03 mars 1927 Nice, 16 février 1935
Madame Récamier Mme Andrée CORTOT Mlles Lise BRUGEL
    BRISON
le Prince de Prusse MM. Jean BOURBON MM. José BECKMANS
    CALBET
    Carlo BERTOSSA
Chef d'orchestre   BOVY

 

 

 

José Beckmans (le Prince de Prusse) dans la reprise à l'Opéra de Nice le 16 février 1935

 

 

 

Je veux rendre ici un public hommage à Charles Pons, hommage où la sincérité et l'affection s'unissent pour magnifier, à sa haute valeur, un fils de la Terre Niçoise, dont les dons prédestinés reçoivent aujourd'hui, sur la première scène de la ville, chère à son cœur, la fervente admiration de ses concitoyens et celle de tous les habitués de l'Opéra.

 

Charles Pons, dans sa nouvelle œuvre musicale, a dégagé, avec un art spontané et subtil, toute la spiritualité, la grâce et la séduction dont est empreint le roman d'Edouard Herriot : « Madame Récamier et son temps ».

 

Un épisode, puisé à cette source, a suffi pour que poète et compositeur fassent resplendir l'œuvre dans sa beauté sereine ; et sur les vers d'un poète au pur talent, Léo Larguier, Charles Pons a édifié un ouvrage musical où la noblesse de l'inspiration, son originalité et son envol ne le cèdent qu'à une technique approfondie et à la science d'une orchestration raffinée.

 

Musicien à la veine féconde, épris de mesure et d'équilibre et doué du talent de créer une atmosphère et d'en rendre toutes les couleurs et tout l'émoi, Charles Pons a enveloppé son œuvre d'une chatoyante richesse mélodique et a traité avec une distinction innée, une sensibilité exquise et une émotion sincère et soutenue cet épisode où l'amour malheureux du Prince de Prusse pour Madame Récamier s'exalte avec tant d'émoi.

 

Ce fut une joie pour tous de voir de quels soins raffinés MM. Raymond Ancel et Octave Guichard, ces fervents animateurs de notre scène lyrique, avaient entouré cette création, qui, par la valeur de sa composition musicale, la qualité de son poème, la haute classe de ses interprètes et la perfection de sa mise en scène, atteignit à un splendide succès et reçut le plus enthousiaste et le plus vibrant accueil de l'innombrable et élégante assistance qui emplissait le grand vaisseau de l'Opéra.

 

Telle que David peignit Madame Récamier dans une mémorable toile passée à la prospérité, telle nous apparut Lise Brugel, idéale interprète de celle qui fut l'inspiratrice de Chateaubriand et l'amie de Mme de Staël. Parée de distinction et de grâce, cette artiste, aux dons épanouis, évoqua, dans toute son harmonieuse séduction et dans le sortilège de son chant, à l'indicible caresse, l'héroïne du temps fameux des beaux esprits. Dans la plus parfaite trilogie de la diction, du geste et de la voix, elle apporta à l'œuvre inspirée un émouvant rayonnement et son nom, couronné de fleurs et d'ovations, demeure attaché au soir de cette création.

 

Surgi d'une cimaise de l'Histoire, José Beckmans, avec cette intuition et cet art dont il a le secret, vint à nous sous les traits du Prince de Prusse dont il avait pris le costume, la race et la si noble allure et avec cette voix où la chaleur et l'émotion mettent une âme.

 

Mlle Brison, MM. Calbet et Carlo Bertossa apportèrent eux aussi tout leur talent à l'harmonieuse soirée.

 

Octave Guichard, magicien, peintre, orfèvre et grand seigneur, avait signé de sa réputation et de son enthousiasme cette touchante et lumineuse page de l'Histoire et de l'Esprit, dédiant à Charles Pons et à son œuvre une des plus pures et des plus belles reconstitutions qu'on ait vues au théâtre.

 

Le maître Bovy, chef à la maîtrise incontestée, dégageant les phrases musicales ou assemblant les sonorités et les voix de son orchestre aux souples éléments, fit resplendir dans une véritable apothéose les lyriques envolées de Charles Pons, déroulant les mélodieuses arabesques et les thèmes d'une partition au modernisme du meilleur aloi, avec une flamme communicative, pour le plus doux enchantement de nos esprits et de nos cœurs.

 

(Maurice Rivoire, l’Eclaireur du Dimanche, février 1935)

 

 

 

 

 

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