le Mari de la Reine
Opérette en trois actes, livret d'Ernest GRENET-DANCOURT et Octave PRADELS, musique d'André MESSAGER.
Création aux Bouffes-Parisiens le 18 décembre 1889.
personnages |
Bouffes-Parisiens 18 décembre 1889 |
Bouffes-Parisiens 04 janvier 1890 |
Justine | Mmes MILY-MEYER | Mmes MILY-MEYER |
la Reine Azella | Antonia AUSSOURD | Antonia AUSSOURD |
Madame Eudoxie Patouillard | MACÉ-MONTROUGE | MACÉ-MONTROUGE |
Maëva | LAFONTAINE | LAFONTAINE |
Zétulbé | CLÉMENT | |
Tamar | MARION | |
Zuléma | LAVIALLE | |
Méali | MERYEM | |
Sofia | DERIEU | |
Djalma | FLORE | |
Izaelli | ANDRÉE | |
Zulma | CORA-BERTIE | |
Florestan | MM. PICCALUGA | MM. PICCALUGA |
Yakoub | TAUFFENBERGER | TAUFFENBERGER |
Patouillard | MONTROUGE | MONTROUGE |
Tomba-Kopo | GAILLARD | GAILLARD |
Ritomba | DUPRÉ | |
Maboul | DUPERRAY | |
Amazones, Bayadères, Ministres, Prêtres, Hommes et Femmes du Peuple |
Catalogue des morceaux
Ouverture | |||
Acte I |
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01 | Chœur | Vite ! vite ! Qu'à la fête | Tomba-Kopo |
02 | Duetto | Oui partout l'univers | Florestan, Tomba-Kopo |
03 | Couplets | Dans notre beau pays de France | Florestan |
04 | Chœur | Rataplan ! rataplan ! | Amazones |
Couplets | Oui, c'est nous qui gardons la reine | Maëva | |
05 | Chœur | Salut à la reine Azella ! | Amazones, Hommes du Peuple, la Reine, Maëva, Yakoub, Florestan, Tomba-Kopo |
Couplets de la Reine | Comment vous devîntes mon maître | la Reine | |
06 | Duo | A mon âme enivrée | la Reine, Yakoub |
06bis | Sortie | ||
07 | Trio | D'puis la ru' Rambuteau | Justine, Eudoxie, Patouillard |
08 | Couplets | Mon père était un brav' rentier | Justine |
09 | Final | L'heure a sonné ! | la Reine, Maëva, Yakoub, Florestan, Ritouba, Tomba-Kopo, Dames et Femmes du Peuple, Seigneurs, Prêtres |
Ronde du Ron-tou | Dans ces pays ravissants | Maëva, Chœurs | |
Acte II |
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Entr'acte | |||
10 | Chœur du Marché | Achetez ! Achetez ! | Esclaves, Marchands d'Esclaves |
11 | Couplets | J'entends déjà chaqu' gamin | Justine |
12 | Air | Je commande en souveraine | la Reine |
13 | Duo | Je ne te quitte plus | la Reine, Yakoub |
14 | Duetto | Chère mignonne | Justine, Florestan |
15 | Couplets | Il faut à Monsieur | Justine |
16 | Final | Oui, c'est parmi nous | la Reine, Justine, Maëva, Florestan, Tomba-Kopo, Chœurs |
Acte III |
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Entr'acte | |||
17 | Couplets | J'étais dorloté, gâté | Yakoub |
18 | Couplets | Mes jours s'ront condamnés | Justine |
19 | Quatuor | Nous vous dirons ce qu'il faut faire ! | la Reine, Justine, Maëva, Yakoub |
20 | Ensemble | La brise est parfumée | Maëva, Florestan, Bayadères |
Chanson à boire | L'amour donne l'ivresse | Maëva, Florestan, Bayadères | |
21 | Couplet final | Vers la ru' Rambuteau | la Reine, Justine, Maëva, Eudoxie, Florestan, le Roi, Patouillard, Tomba-Kopo, Bayadères |
O Parisiens, mes confrères en coryza ; ô Parisiennes, mes douces amies, vous raconterai-je comment la reine des Kokistaniens, en vertu de la loi du Rondo, divorce tous les ans pour épouser le coureur qui arrive le premier à la course au cerf ? Vous dirai-je comment Justine Patouillard, fille de Monsieur et Madame Patouillard, vogue à travers le monde pour revoir Florestan — un peintre que ses parents lui ont refusé en mariage. Ajouterai-je que Florestan, ayant attrapé le cerf, va devenir le mari de la reine, quand il retrouve Justine. Alors, la reine reste avec Yacoub, son premier mari, Florestan épouse Mademoiselle Patouillard, et Monsieur et Madame Patouillard sont envoyés au Jardin d'acclimatation. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre ; mais, voyez-vous, ces choses-là, pour être bien saisies, ont besoin de la jolie musique de M. Messager. Si j'avais seulement une petite flûte sur moi — tuli-tulo-tula — vous me trouveriez très clair. Je puis cependant vous dire que M. et madame Patouillard, c'est le couple Montrouge, que le public a revu avec plaisir mariés sur la scène, soit dans le costume de bourgeois de la rue Saint-Denis, soit dans de riches costumes kokistaniens. Montrouge a une façon convaincue de dire : « Un malheur à ma femme ! Ah ! il ne faut pas compter là-dessus ! » qui me donnerait beaucoup à réfléchir si j'étais sa légitime. La reine, c'est Aussourd — que nous n'avions pas vue depuis Isoline et qui a toujours ses jolies notes cristallines. Justine Patouillard (Mily-Meyer) est toujours l'adorable figurine de Saxe que vous savez, et quant à MM. Tauffenberger et Piccaluga ils ont dit de leur mieux les airs que M. Messager leur a confiés. Et voilà ! (Richard O’Monroy, Gil Blas, 20 décembre 1889)
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Le seul événement de la quinzaine est un petit ouvrage donné aux Bouffes-Parisiens : le Mari de la Reine, auquel il convient d'ajouter l'audition dans la salle des concerts du Conservatoire des envois de M. Paul Vidal, pensionnaire de Rome.
Le Mari de la Reine est un sujet kokistanien. Ne cherchons pas le Kokistan sur la carte ; contentons-nous d'y voyager en la compagnie de M.M. Grenet-Dancourt et Pradels. On y rencontre une jeune reine charmante, qu'une loi bizarre oblige à se remarier tous les ans avec un coureur primé au concours. Il n'est pas défendu au roi régnant de recourir pour régner encore. Mais si bien qu'il s'y essaie, il ne réussit pas à l'emporter sur un peintre parisien que des peines d'amour ont jeté dans ce lointain pays. Le Parisien triomphe et serait proclamé roi, si ne s'en mêlait Mlle Justine Patouillard, pour les beaux yeux de qui il s'est exilé et qui l'a suivi au Kokistan, flanquée de ses respectables parents.
Mlle Justine aime follement et elle n'a point de trêve qu'elle n'ait reconquis son peintre et du même coup rendu la joie au couple royal kokistanien.
C'est une action fantaisiste faite pour mettre en valeur la gentillesse gamine de Mlle Mily-Meyer, chargée du rôle de Justine. Les pièces ainsi faites sur mesure courent bien des chances. Celle-ci n'a que modérément réussi. La musique en est pourtant d'un homme de valeur et de distinction. C'est l'excès de cette dernière qualité même qu'on reprochera volontiers à M. Messager. Bien que les Bouffes tendent à sortir du genre pur de l'opérette pour aller vers l'aimable comédie à ariettes, il convient de ménager la transition et si la musique n'y doit plus être vulgaire, il faut cependant qu'elle y reste gaie.
(Louis Gallet, la Nouvelle Revue, 01 janvier 1890)
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