le Roi des mines

 

 

 

Opéra en trois actes et quatre tableaux, livret d'Ernest DUBREUIL, musique d'Edmond CHEROUVRIER.

 

   partition

 

 

Création au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 22 septembre 1865.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 5 en 1865.

 

 

 

personnages emplois créateurs
Christel soprano Mmes Léontine de MAËSEN
la comtesse Elphège soprano WILLÈME
Otto ténor MM. Jules PUGET
le comte Magnus baryton Frédéric LUTZ
Jonas ténor GABRIEL
Spiagudry basse Emile WARTEL

 

 

 

 

Catalogue des morceaux

 

  Ouverture    
Acte I
01 Choeur de Soldats Avant la bataille Choeurs
02 Couplets Entourez d'un cercle de fer Jonas, Spiagudry, Choeurs
03 Quatuor et Chanson suédoise L'étranger et bizarre aventure Christel, Elphège, Jonas, Spiagudry
04 Romance Ah ! si tu l'avais vu Christel
05 Final Ah ! je me meurs ! Christel, Elphège, Otto
Acte II
06 Entr'acte et Choeur Faisons chère lie Magnus
07 Chanson avec Choeur Splendeur de la couronne Magnus
08 Cavatine Laissez-moi partir Christel
09 Trio bouffe Plus bas, plus bas ! Otto, Jonas, Spiagudry
10 Final Ils ne me trompaient pas Christel, Elphège, Otto, Jonas, Magnus, Spiagudry, Choeurs
Acte III
11 Entr'acte et Choeur Dans l'ombre et dans la nuit Choeurs
12 Cavatine Ces chants, hélas ! réveil funeste ! Otto
13 Duo Eh ! quoi, j'irais quand le destin Christel, Otto
14 Final Dieu des batailles Christel, Otto, Magnus, Choeur

 

 

 

 

La première représentation d'un nouvel opéra en trois actes, intitulé : le Roi des mines, était annoncée pour vendredi ; elle a eu lieu à l'heure dite. Les auteurs sont MM. Dubreuil, comme librettiste, et Chérouvrier, comme musicien. Ce compositeur nouveau venu tenait son libretto de H. Boisseaux, mort depuis. Jugé, sans doute, insuffisant, le travail du défunt auteur a été repris en sous-œuvre, remanié et peut-être complètement refait. Le lieu de la scène s'est trouvé changé du même coup ; on a porté au nord ce qui était au sud ; et la musique, déjà prête, a suivi de son mieux.

Ce roi des mines n'est autre que Gustave Vasa, de Suède, travaillant dans l'ombre, sous le nom d'Otto, au renversement du roi Christian ; amoureux, par passe-temps, de la petite villageoise Christel, et parvenant au trône avec l'aide de quelques partisans dévoués, à travers les dangers dont le menace son ennemi, le comté Magnus. Les incidents dont la pièce est tissue ne nous offrent rien de bien neuf, rien même de rajeuni. Le premier acte surtout se dessine en bon petit mélodrame ; et Wartel, qui d'ordinaire se montre habile comédien, semble s'amuser à le charger dans ce sens. Mais il faut tenir compte à l'auteur de la difficulté qu'il avait à vaincre pour substituer une pièce à une autre, sans démonter la partition ; il est juste aussi de remarquer, à son avantage, des vers agréables, bien venus et d'une jolie facture pour la musique. — S'il est vrai, comme nous l'avons entendu dire, que le compositeur ait dû renoncer, il y a deux ou trois ans, aux répétitions d'un petit ouvrage, par le fait d'une trop grande inexpérience, il y a beaucoup à le louer des progrès dont nous donne la preuve aujourd'hui. Non seulement, sa partition a passé librement devant le public ; mais on a trouvé plus d'un trait à y applaudir, même sans complaisance. Cette partition a dû subir les caprices de l'arbitraire, dangereux aussi en musique. Elle porte les marques d'amputations, dont une trop visible et sans ligature de l'artère, au finale du deuxième acte. Il ne reste là qu'un fragment d'ensemble, attaqué ex abrupto, vigoureusement crié pendant une minute, sans qu'il se rattache à rien, qu’il aboutisse à rien, et qu'on laisse brusquement tomber, comme il a été pris. Ceci, du moins la chose est-elle probable, ne doit pas être imputé au musicien. — Ce que l'on a pu remarquer, dès le premier soir, à l'honneur de ce dernier, ce sont les couplets d'entrée de Christel, sorte de ballade dont le coloris n'est pas commun ; plus loin une jolie romance, demi-dramatique, appartenant au même rôle ; un trio, bouffe, ou à peu près, pastiche exact de la manière des maîtres français modernes, par conséquent bien en scène et quelques passages des chœurs ; à quoi il faut ajouter, ce nous semble, le chant d’Otto au commencement du troisième acte, et la première partie de son duo avec Christel, dont la fin semble patauger un peu dans l'inextricable.

M. Chérouvrier se montre désireux de la mélodie, qui ne dédaigne pas de répondre à son appel ; il est bon harmoniste, avec un peu de recherche, toujours adroit dans le maniement des instruments à cordes, et, cependant, ingénieux quelquefois dans ses expressions d'orchestre, en s'efforçant peut-être trop de le paraître. En un mot, avec ses défauts, selon nous préférables à l'expérience stérile de tant d'habiles faiseurs, ce premier ouvrage le présente au public sous un jour favorable. L'exécution n'en est pas supérieure, mais très soigneuse de la part de Lutz, qui représente le comte Magnus, et de Wartel, à la réserve près de tout à l’heure ; amusante chez Gabriel, dans un rôle un peu bien suranné d'aubergiste vénal et poltron, et remarquable deux ou trois fois chez Mlle de Maësen dont la belle voix et le chant appuyé, portent franchement au spectateur ce que le compositeur a voulu lui faire entendre. Puget a fait de son mieux ; mais le chevrotement domine ses efforts ; quant à Mlle Willème, elle ne se lasse pas d’être belle. — Et le vaillant chef d'orchestre Deloffre, ne lui doit-on pas un double remerciement ? Il a tenu ferme le gouvernail, ayant à conduire au port une cargaison musicale dont le chargement n'offrait pas sur tous les points la sécurité d'un parfait équilibre : et quelques utiles conseils, dont son expérience n'est pas avare, ont bien pu venir à propos raffermir les pas d'un compositeur qui avait le droit de ne pas tout deviner du premier coup.

 

(H. Moreno [Henri Heugel], le Ménestrel, 24 septembre 1865)

 

 

 

 

 

Poème et musique ont fait naufrage, et le sauvetage a été déclaré impossible.

(Almanach de la musique, 1866)

 

 

Le sujet de la pièce était la révolution de Suède, qui au commencement du XVIe siècle mit Gustave Wasa sur le trône. — M. Cherouvrier, auteur de la partition, possède en musique le grade honorable de deuxième prix de Rome. On a de lui nombre de messes et de morceaux religieux qui, après avoir été écrits pour la cathédrale du Mans, se sont aisément propagés dans les autres maîtrises. Il est aujourd'hui maire de Montrouge [c’est une erreur : il était maire du XIVe arrondissement de Paris].

(Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877)

 

 

 

 

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