Adrien BARTHE

 

Adrien Barthe en 1880, photo Etienne Carjat [BNF]

 

 

Grat Norbert BARTHE dit Adrien BARTHE

 

compositeur français

(Bayonne, Basses-Pyrénées [auj. Pyrénées-Atlantiques], 07 juin 1828* – Asnières [auj. Asnières-sur-Seine], Seine [auj. Hauts-de-Seine], 13 août 1898*)

 

Fils de Jacques BARTHE (Oloron-Sainte-Marie, Basses-Pyrénées [auj. Pyrénées-Atlantiques], 1787 – ap. 1864), marchand mercier puis organiste à la cathédrale de Bayonne, et de Marie CHOCO (Barcus, Basses-Pyrénées [auj. Pyrénées-Atlantiques], v. 1786 – Bayonne, 02 février 1858), couturière, mariés à Agnos, Basses-Pyrénées [auj. Pyrénées-Atlantiques] le 29 juillet 1808.

Epouse à Paris ancien 2e le 04 décembre 1858* Anne Angéline BANDERALI dite Anna BARTHE-BANDERALI (Paris ancien 2e, 06 avril 1837* – Anglet, Basses-Pyrénées [auj. Pyrénées-Atlantiques], 11 novembre 1923), soprano et professeur de chant [fille de David Marie BANDERALI (Palazzolo sull’Oglio, Italie, 12 janvier 1789 – Paris, 13 juin 1849), professeur de chant, et de Marthe Anne CAJANI (– ap. 1858)].

Parents de Joseph Lucien Léon BARTHE (Paris 9e, 22 septembre 1868* – Rébénacq, Basses-Pyrénées [auj. Pyrénées-Atlantiques], 19 mars 1952), employé.

 

 

Elève d’Aimé Leborne au Conservatoire de Paris, il remporta le grand prix de composition musicale (prix de Rome) en 1854 avec la cantate Francesca de Rimini. Il fit représenter en 1865 la Fiancée d'Abydos, en trois actes, qui n'obtint qu'un demi-succès. On lui doit également de la musique de chambre et quelques mélodies. Il fut professeur d’harmonie (femmes) au Conservatoire de Paris du 01 janvier 1881 à sa mort. Il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur le 11 juillet 1898, peu de temps avant sa mort, en récompense des services qu'il a rendus à l'armée pour les nominations de chefs et sous-chefs de musique militaire.

En 1868, il habitait 12 rue Chauchat à Paris 9e. Il est décédé en 1898 à soixante-dix ans en son domicile, 9-11 rue Pierre-Joigneaux à Asnières. Il a été enterré au Père-Lachaise puis transféré au cimetière de Bayonne le 16 décembre 1909.

 

 

 

œuvres lyriques

 

Francesca de Rimini, cantate, paroles d'Emile Bounaure (grand prix de Rome, 1854)

Judith, oratorio, paroles de Léon Gérard

Teresa e Claudio, opera semi seria (1855) => manuscrit

Don Carlos, opéra en 3 actes (1857) => manuscrit actes I et II ; acte III

la Fiancée d’Abydos, opéra en 4 actes, livret de Jules Adenis (Théâtre-Lyrique, 30 décembre 1865) => fiche technique

 

mélodies

 

Gay rossignol, chanson (1872) => partition

 

 

 

 

Le vendredi 13 s'est éteint presque subitement au milieu des siens, à Asnières, Adrien Barthe, qui était professeur d'harmonie au Conservatoire. Né à Bayonne le 7 juin 1828, Barthe remporta le grand prix de Rome en 1854, avec une cantate intitulée Francesca de Rimini, et ne put arriver que, grâce à un concours, à faire représenter sa Fiancée d'Abydos au Théâtre-Lyrique, en décembre 1865. Quelle fut la carrière de l'artiste, quelles furent les qualités de l’homme, nous ne saurions mieux le dire que ne le fit M. Fernand Bourgeat, le secrétaire général du Conservatoire, dont nous reproduisons le discours ému.

« Messieurs,

En l'absence de M. Théodore Dubois, directeur du Conservatoire, retenu en province par l'état de sa santé momentanément altérée par les fatigues de l'année scolaire, je viens accomplir le douloureux devoir d'adresser un dernier et très affectueux adieu à Adrien Barthe, au nom de la maison à laquelle il consacra avec tant de dévouement une grande partie de sa laborieuse et noble existence d'artiste.

Il y a un mois, presque jour pour jour, nous avions la joie d'annoncer à notre ami que le ministre de la Guerre, reconnaissant les services qu'il avait rendus depuis tant d'années dans les jurys et commissions d'examens des concours pour le choix des chefs de musique militaire, venait de lui conférer le grade de chevalier de la Légion d'honneur.

Il y a moins de quinze jours, lors de la distribution des prix au Conservatoire, quand M. Léon Bourgeois, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, rappela les services éminents de M. Barthe, en annonçant la distinction si méritée dont il venait enfin d'être l'objet, une véritable explosion de sympathie et d'affection se fit entendre dans toute la salle.

L'ovation faite à l'excellent maître montre combien il était estimé et en même temps combien il était aimé de tous ses collègues et de tous ses élèves.

Cette estime, il la devait à son talent supérieur, à son savoir profond, à son tact subtil, à la saine et belle direction de son esprit d'artiste.

Cette affection, il se l'était acquise par deux vertus dont l'une, extrêmement rare, bien souvent attribuée et bien rarement possédée, s'appelle la modestie : Adrien Barthe était modeste dans le plus absolu, le plus réel, le plus admirable sens du mot.

L'autre vertu, c'est la seule que prise le philosophe quand il a longtemps cherché ce qui peut donner quelque prix à la courte existence de l'homme sur la terre, c'est la bonté : Adrien Barthe était bon jusqu'à l'abnégation. Il respirait la bonté, il l'inspirait, il la communiquait.

Grâce à sa modestie, il se montra toujours satisfait de son sort, dont d'autres que lui eussent pu se plaindre.

Grand prix de Rome en 1854, il dut, à son retour de la villa Médicis, et malgré des dons indéniables de compositeur dramatique, attendre de longues années que, grâce à un concours où il remporta d'emblée le premier prix, le Théâtre-Lyrique représentât son grand et bel ouvrage, demeuré célèbre, la Fiancée d'Abydos.

La suppression du Théâtre-Lyrique empêcha la Fiancée d'Abydos de rester immédiatement au répertoire à la place que son réel succès lui assignait.

Barthe remporta également le prix dans le concours Rodrigues, institué quelques années plus tard, et sa Judith, couronnée alors et admirée de tous ceux qui en eurent connaissance, ne fut jamais représentée.

Sans se plaindre, Adrien Barthe se consacra depuis vingt ans à peu près exclusivement à l’enseignement de l'art qu'il aimait tant.

Depuis vingt ans, nommé professeur d'harmonie au Conservatoire, il a formé d'innombrables et remarquables élèves. Il leur a communiqué le savoir sans lequel nulle personnalité ne peut se faire jour ; il les a dotés de ce fonds solide d'éducation classique qui met l'artiste à l'abri de la bizarrerie qui est l'ennemi même de la véritable originalité ; il les a rendus assez forts pour qu'ils eussent horreur de l'esprit d'imitation.

Comme le constatait M. le ministre de la Guerre en décorant Adrien Barthe, c'est à ce maître exquis, auteur des leçons d'harmonie sur lesquelles s'exercent les candidats aux emplois de chef et de sous-chef de musique, que les orchestres militaires doivent les progrès artistiques considérables qu'ils ont faits depuis plusieurs années.

Et les musiques militaires sont, surtout en province, de puissants instruments de propagande artistique.

Dans combien de villes les concerts de musique militaire ne constituent-ils pas les seules joies musicales que le peuple soit admis à goûter ?

La vie d'Adrien Barthe a donc été féconde et doublement utile à son art, on le voit.

Mais il sera surtout profondément regretté parce qu'il a été sincèrement aimé.

Cette constatation émue est une bien faible consolation pour l'éminente artiste qui a été sa dévouée compagne et la vigilante collaboratrice de ses travaux, mais c'en doit être une pour ses enfants qui, à l'amertume des regrets d'aujourd'hui, doivent et peuvent mêler la douceur, la fierté, le bonheur d'avoir eu un tel père. »

La cérémonie religieuse a eu lieu dans la chapelle du Père-Lachaise au milieu d'une grande affluence d'artistes et d'amis.

 

(le Ménestrel, 21 août 1898)

 

 

 

 

 

 

 

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