Paul CABANEL

 

Paul Cabanel en 1934 [photo Panajou Frères]

 

 

Jean-Paul CABANEL dit Paul CABANEL

 

basse française

(Oran, Algérie française, 29 juin 1891* – Hôpital Beaujon, 106 boulevard du Général-Leclerc, Clichy, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 05 novembre 1958*)

 

Fils de Jean Louis Léon Basile CABANEL (Le Verdier, Tarn, 27 décembre 1853* – Oran, 06 décembre 1905*), sous-chef puis chef de gare [fils de Pierre Félix CABANEL (Viane, Tarn, 29 août 1826* – Mascara, Algérie, 06 août 1884*), instituteur], et de Marie Joséphine Agnès DEBERNARDI (Mostaganem, Oran, Algérie française, 20 janvier 1862 – Paris 10e, 23 décembre 1944*), institutrice, mariés à Oran le 21 juin 1884*

Frère d’André CABANEL (Oran, 02 septembre 1900* – Paris 17e, 17 juin 1966*), baryton au Trianon-Lyrique en 1931, puis marchand de tableaux, qui a obtenu plusieurs prix au Conservatoire de Paris, dont un second prix d’opéra-comique en 1927.

Epouse à Paris 16e le 21 mai 1942* Charlotte DELACHAT (Bordeaux, section 2, Gironde, 27 août 1899* – Gond-Pontouvre, Charente, 03 janvier 1984).

 

 

Après des études de droit à Toulouse, il devient élève du Conservatoire de cette ville de 1911 à 1913, et en sort avec deux premiers prix. Il entre aussitôt au Conservatoire de Paris puis part au front. Gravement blessé en 1916 à Verdun (il a obtenu la Croix de Guerre), il reprend ses études au Conservatoire de Paris en 1919, où il obtient un 1er accessit de chant cette année-là, un premier prix de chant et un second prix de déclamation lyrique en 1920, puis le premier prix d’opéra en 1921. L’année suivante, il est engagé au Théâtre Royal du Caire où il débute dans Hérodiade (Phanuel). Il chante ensuite en province, en Belgique, en Suisse, et chante durant sept saisons d’été à Vichy [où il créée le 27 juillet 1928 le Giaour (le Capitaine) de Marc Delmas] et sept saisons d’hiver au Grand Théâtre de Bordeaux [où il débute le 09 octobre 1925 dans Faust (Méphistophélès)]. Il débute enfin à l'Opéra-Comique en 1932, où il chantera les premiers rôles de baryton-basse jusqu’en 1947. En 1933, il débute à l’Opéra, où il chante l’année suivante Don Juan (Leporello) sous la direction de Bruno Walter. Le 08 décembre 1937, il crée au Théâtre de Caen Charlotte Corday (Barbaroux) de Léon Manière. Il a chanté également en Amérique du Sud (Buenos Aires), à Barcelone, à Amsterdam, etc. De 1942 à sa mort, il fut professeur de déclamation lyrique au Conservatoire de Paris. Il a chanté le rôle de Méphistophélès de Faust 995 fois durant sa carrière.

Il a participé aux enregistrements des intégrales de Pelléas et Mélisande (Arkel), sous la direction de Roger Desormière (1941), de la Damnation de Faust (Méphistophélès), sous la direction de Jean Fournet (1942), et de Samson et Dalila (le Grand-Prêtre), sous la direction de Louis Fourestier (1946).

En 1942, il habitait 122 boulevard Murat à Paris 16e. Il est décédé en 1958 à soixante-sept ans, domicilié 2 rue du Printemps à Paris 17e.

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Il y débuta le 18 janvier 1932 dans la Tosca (Scarpia).

Il y chanta Carmen (Escamillo) ; le Barbier de Séville (Basile ; 500e le 27 mai 1937) ; Louise (le Père) ; Manon (le Comte Des Grieux) ; Mignon (Lothario) ; Nele Dooryn (Père Fredaels) ; les Noces de Figaro (Figaro ; Almaviva) ; Paillasse (Tonio) ; Lakmé (Nilakantha) ; la Bohème (Colline) ; les Contes d’Hoffmann (Lindorf, Coppélius, Dappertutto, Miracle).

Sa carrière à l'Opéra de Paris

Il y débuta le 04 août 1933 dans la Damnation de Faust (Méphistophélès ; 200e le 01 juin 1940).

Il y créa le 29 mars 1935 le Marchand de Venise (Antonio) de Reynaldo Hahn.

Il y participa à la première le 06 janvier 1941 du Roi d’Ys (le Roi) d’Edouard Lalo (50e le 30 octobre 1944) ; le 14 mars 1943 de Pénélope (Eumée) de Gabriel Fauré.

Il y chanta Don Juan (Leporello, 14 mars 1934) ; la Walkyrie (Wotan, 1934) ; Thaïs (Athanaël, 1934) ; Sigurd (le Grand-Prêtre d'Odin, 1934) ; Faust (Méphistophélès, 1934 ; 2000e le 11 février 1944) ; l’Or du Rhin (Wotan, 1935) ; la Flûte enchantée (Papagéno, 1935) ; les Huguenots (Saint-Bris, 1936) ; Roméo et Juliette (Frère Laurent, 1944) ; Hérodiade (Phanuel, 1945) ; Boris Godounov (Boris, 1945).

 

 

 

 

Paul Cabanel dans l'Or du Rhin (Wotan) lors de la reprise à l'Opéra de Paris en 1941

 

 

 

Paul Cabanel dans Méphistophélès

 

 

Paul Cabanel (Athanaël) et Geori Boué (Thaïs) dans Thaïs [photo Seeberger]

 

 

 

 

[Le Barbier de Séville à la Gaîté-Lyrique]

Une surprise m'était réservée, M. Cabanel dans Basile. Je ne connaissais ce jeune homme ni d'Eve ni d'Adam, comme on dit, aussi, ai-je été tout à fait et très heureusement stupéfait de me trouver devant un véritable artiste, en pleine possession d'une voix magnifique et d'un talent de composition hors de pair. Il a su, dans ce Basile, depuis si longtemps torturé par tant d'artistes anxieux de faire autre chose que les autres, trouver une interprétation personnelle, sans les excès italiens et aussi, hélas, français, tout en restant simple et vraisemblable. Le public, qui n'est pas toujours aussi bête qu'on le croit, ne s'y est pas trompé et lui a fait le succès le plus vif et le plus mérité. En voilà encore un dont la place est toute marquée rue Favart.

(Mercutio, Lyrica, novembre 1927)

 

 

Les Algériens à l’Opéra.

M. Paul Cabanel, basse chantante de l'Opéra, de l’avis de tous les critiques, est l'un de nos meilleurs tragédiens lyriques. Il a une autorité scénique extraordinaire, un jeu très expressif et il démontre dans la composition de ses personnages la plus vive intelligence.

Cet Algérien de naissance, à la carrure athlétique, au regard profond et doux, avec un sourire qui n'avait rien de satanique, nous accueillit très cordialement dans sa loge.

— Ah ! un collaborateur de l'A.N.I. [l'Afrique du Nord Illustrée], vous me voyez ravi de vous recevoir dans cette maison dirigée par le très sympathique M. René Chauvet.

Et Paul Cabanel, après avoir évoqué des souvenirs d'enfance, d'oublier sa propre gloire et de nous parler des succès du ténor Mario Podesta, un enfant de Mostaganem qui doit sa belle formation à l'Ecole du « bel canto », et de son jeune élève Roger Rico, d'Oran.

— Il a obtenu tous les prix. Basse-chantante, Roger Rico a 27 ans. Premier prix de chant d'opéra et d'opéra-comique, il vient de débuter à l'Opéra.

Et le personnage unique et universellement aimé des « Contes d'Hoffmann » et de « Méphistophélès » de Boito, d'ajouter, en les scandant bien, ces mots :

— Roger Rico, c'est une étoile algérienne qui se lève au firmament du grand Théâtre National.

(René-Elie Amar, l’Afrique du Nord Illustrée n° 839, 01 décembre 1937)

 

 

 

 

 

Paul Cabanel lors de l'enregistrement du rôle d'Arkel pour l'intégrale de Pelléas et Mélisande en 1941 [Marcel Arthaud]

 

 

 

 

    

 

Récitatif et Chanson de la Puce

extrait de l'intégrale 1942 de la Damnation de Faust de Berlioz

Paul Cabanel (Méphistophélès), Georges Jouatte (Faust), Chorale Emile Passani et Grand Orchestre de Radio-Paris dir. Jean Fournet

Columbia LFX 618, mat. CLX 2299, enr. le 05 novembre 1942

 

 

    

 

Air des Roses

extrait de l'intégrale 1942 de la Damnation de Faust de Berlioz

Paul Cabanel (Méphistophélès), Georges Jouatte (Faust), Chorale Emile Passani et Grand Orchestre de Radio-Paris dir. Jean Fournet

Columbia LFX 619, mat. CLX 2341, enr. le 11 décembre 1942

 

 

    

 

Sérénade de Méphisto

extrait de l'intégrale 1942 de la Damnation de Faust de Berlioz

Paul Cabanel (Méphistophélès), Chorale Emile Passani et Grand Orchestre de Radio-Paris dir. Jean Fournet

Columbia LFX 623, mat. CLX 2316, enr. en nov./déc. 1942

 

 

 

 

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