Marguerite Jeanne Camille DECROIX
Mlle Decroix dans les Trovatelles (Nantina) à l'Opéra-Comique, lithographie d'Alexandre Lacauchie, 1854
Marguerite Jeanne Camille DECROIX
contralto français
(Lyon, Rhône, 11 janvier 1828* – Saint-Germain-en-Laye, Seine-et-Oise [auj. Yvelines], 26 décembre 1897*)
Fille de Léon Germain Honoré DECROIX, colporteur, et de Catherine Désirée Josèphe LEBLANC.
Epouse à Paris ancien 2e le 30 novembre 1854* son cousin Henri Antoine DAURIGNAC (Strasbourg, Bas-Rhin, 16 août 1828* – ap. 1897), employé au Ministère des Finances.
Au Conservatoire de Paris, elle obtint en 1847 un accessit de chant, un second prix d’opéra et un accessit d’opéra-comique ; en 1848, un second prix d’opéra-comique. Elle chanta à l’Opéra-National (qui deviendra le Théâtre-Lyrique) de novembre 1847 à mars 1848, puis chanta à l’Opéra-Comique de 1848 à 1860. Après son mariage en 1854, elle fut également affichée sous le nom de DECROIX-DAURIGNAC. Elle a créé à Baden-Baden le Sylphe (Henriette) de Louis Clapisson (07 août 1856), aux Bouffes-Parisiens les Légendes de Gavarni de Frédéric Barbier (29 janvier 1867), aux Fantaisies-Parisiennes les Défauts de Jacotte de Victor Robillard (27 avril 1867), la Croisade des dames de Franz Schubert [version française de Victor Wilder] et l’Elixir de Cornelius d’Emile Durand (03 février 1868), le Soldat malgré lui de Frédéric Barbier (19 octobre 1868), Une folie à Rome (Nicette) de Federico Ricci [version française de Victor Wilder] (30 janvier 1869), et à l’Athénée la Fête de Piedigrotta de Luigi Ricci [version française de Victor Wilder] (23 décembre 1869). Elle chanta également en province puis revient à l’Opéra-Comique de 1872 à 1880.
En 1855, elle habitait 44 rue Lamartine à Paris [auj. 9e]. Elle est décédée en 1897 à soixante-neuf ans en son domicile, 40 rue Voltaire à Saint-Germain-en-Laye.
Sa carrière au Théâtre-Lyrique
Elle débuta en novembre 1847 à l’Opéra-National, boulevard du Temple. |
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Elle y débuta le 14 septembre 1848 dans Haydée (Rafaëla).
Elle y créa le 03 janvier 1849 le Caïd (Fathma) d’Ambroise Thomas (100e le 31 août 1851) ; le 12 janvier 1850 les Porcherons (Florine) d’Albert Grisar ; le 01 juillet 1850 le Talisman de Giovanni Josse ; le 16 octobre 1850 le Paysan de Charles Poisot ; le 19 février 1851 Bonsoir, Monsieur Pantalon ! (Isabelle) d’Albert Grisar ; le 16 août 1851 la Séraphina d’Alfred de Saint-Julien ; le 12 août 1852 les Deux Jaket de Justin Cadaux ; le 07 septembre 1852 le Père Gaillard (Marotte) d’Henri Reber ; le 02 février 1853 le Sourd (Isidore d’Orbe) d’Adolphe Adam ; le 28 avril 1853 l'Ombre d'Argentine d'Alexandre Montfort ; le 16 février 1854 l’Etoile du Nord (Ekimonna) de Giacomo Meyerbeer ; le 28 juin 1854 les Trovatelles (Nantina) de Jules Duprato ; le 26 mars 1856 le Chercheur d’esprit de Ferdinand Besanzoni ; le 12 décembre 1856 Maître Pathelin (Bobinette) de François Bazin ; le 04 avril 1859 le Pardon de Ploërmel (une Chevrière ; 100e le 26 septembre 1874) ; le 11 janvier 1864 la Fiancée du roi de Garbe (Zaïda) d’Esprit Auber ; le 11 avril 1876 Piccolino (Madame Tidmann) d’Ernest Guiraud ; le 08 mai 1876 les Amoureux de Catherine (Salomé) d’Henri Maréchal ; le 13 juillet 1878 Pépita (Margaret) de Léon Delahaye ; le 19 novembre 1878 les Noces de Fernande (la Supérieure du couvent) de Louis Deffès ; le 10 mars 1879 la Courte échelle (Madame de Beaumont) d’Edmond Membrée.
Elle y participa à la première le 27 novembre 1856 du Sylphe (Henriette) de Louis Clapisson ; le 16 juillet 1863 des Bourguignonnes de Louis Deffès ; le 24 février 1872 des Noces de Figaro (Marceline) de Mozart [version française de Jules Barbier et Michel Carré] ; le 22 mai 1872 du Médecin malgré lui (Martine) de Charles Gounod ; le 20 janvier 1873 de Roméo et Juliette (Gertrude) de Gounod.
Elle y chanta le Domino noir (Brigitte, 1848 ; 500e le 14 septembre 1854) ; le Chalet (Bettly, 500e le 07 janvier 1851) ; l’Irato (Nérina, 1852) ; les Voitures versées (Agathe, 1852) ; les Rendez-vous bourgeois (Louise) ; les Deux Jaket (Marguerite, 1852) ; le Déserteur (Jeannette, 1853 ; Tante Alexis, 1877) ; Manon Lescaut (Marguerite, 1856) ; Rose et Colas (la Mère Bobi, 1862) ; Richard Cœur de Lion (Mathurine, 1873) ; la Dame blanche (Marguerite, 1877). |
Mlle Decroix dans l'Etoile du Nord, dessin d'Eustache Lorsay, 1854
Un regard d'Agnès magnétisée ; un joli petit bêlement de brebis innocente ; un sourire enfantin, le sourire de la Chercheuse d'esprit — avant la lettre : — Toutes ces honnêtetés réunies composent le talent naïf et la personne ingénue de Mlle Decroix, et sont cotées, pour une année encore, à raison de 7000 francs. Un rôle épisodique dans le Père Gaillard. (H. de Villemessant et B. Jouvin, Figaro, 22 octobre 1854)
Une aimable lyonnaise entre deux âges. Elle était au Conservatoire, dans la classe de Duprez, avec Mme Miolan, et obtint, en 1847, un accessit de chant. Ses débuts à la salle Favart furent timides, mais gracieux. Piquante ingénue de 20 ans, elle montra toute sa gentillesse dans le Père Gaillard et Bonsoir M. Pantalon. Elle rendait des services appréciés du public, quand elle quitta le théâtre, laissant son emploi à Zoé Bélia, émigrée aujourd'hui dans l'opérette, à Montevideo. Puis on vit Mlle Decroix, mariée, aux Fantaisies-Parisiennes et à l'Athénée. Elle est revenue à ses premières amours, l'Opéra-Comique, et elle y joue gaillardement les soubrettes égrillardes et les jeunes duègnes. Modeste et bonne camarade, Mme Decroix-Dorignac [sic] s'est contentée d'une carrière honorable et n'a jamais eu de visées ambitieuses. (le Théâtre de l'Opéra-Comique, Jules Prével, le Figaro, 17 janvier 1875)
[Henri Maréchal parle des créateurs de son œuvre les Amoureux de Catherine] Mme Decroix — Salomé — joua le rôle avec sa conscience habituelle, lui prêtant un fort touchant caractère de maternelle bonté. Mme Decroix fit toute sa carrière à l'Opéra-Comique auquel elle rendit de grands services pendant nombre d'années. La petite Decroix — comme disaient les habitués du théâtre à ses débuts dans l'emploi de dugazon était devenue Mme Decroix interprétant les rôles de duègne. C'était une femme de grand bon sens, très douce et toute de dévouement pour son théâtre. Dans l'hiver qui suivit, un soir, après une très laborieuse journée, j'étais monté un instant à l'Opéra-Comique et, fort las, je m'étais assis derrière un décor à côté de Mme Decroix lui énumérant quelques-unes des assommantes besognes accomplies depuis le matin lorsque, tout à fait au hasard, sans la moindre intention je laissai tomber : — Eh bien, ma chère Mme Decroix, j’aime encore mieux faire cela qu'être percepteur à Pontoise ! Elle me regarda d'un air singulier, murmurant presque fâchée : — Pourquoi me dites-vous cela ? — Pourquoi je vous dis cela ?... mais... comme je vous dirais : notaire à Pithiviers ou épicier à Rambouillet... — Vous savez bien que mon mari est percepteur à Pontoise !... Du diable si je m'en doutais ! Et lorsque j'eus convaincu Mme Decroix que le hasard seul était intervenu dans la comparaison ; que je l'eus assurée que je professe la plus grande pour les percepteurs et que Pontoise est une ville pittoresque et pleine d'agrément, c'est dans un franc éclat de rire que se termina l'entretien. Cette excellente femme quitta le théâtre peu après, emportant la vive estime de tous les habitués de l'Opéra-Comique qui, pendant tant d'années, l'avaient applaudie. (Henri Maréchal, le Ménestrel, 08 août 1914)
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