Michel DELRAT

 

Michel Delrat en 1886 [photo Delon, Toulouse]

 

 

Michel DELRAT

 

baryton français

(Montesquieu-Volvestre, Haute-Garonne, 24 avril 1843* – hôpital civil, Toulon, Var, 07 novembre 1911*)

 

Fils de Pierre DELRAT (Montesquieu-Volvestre, 20 octobre 1816* – Montesquieu-Volvestre, 28 décembre 1892), pâtissier [fils de Joseph DELRAT (Montesquieu-Volvestre, 16 mars 1796 – Montesquieu-Volvestre, 09 octobre 1859), marchand linger], et de Marie DARROU (Montesquieu-Volvestre, 01 juillet 1819 – Montesquieu-Volvestre, 18 février 1863) [fille de Dominique DARROU], mariés à Montesquieu-Volvestre le 27 janvier 1839*.

Epouse à Paris 3e le 19 juin 1869* Marguerite DARROU (Montesquieu-Volvestre, 05 mars 1839* – 1895/1911), couturière [veuve de Firmin Marie Elie RIVES (Massat, Ariège, 27 mars 1837 – Massat, 08 septembre 1866), traiteur], fille de Joseph DARROU, limonadier.

 

 

Il fut pensionnaire au Conservatoire de Paris de mars à avril 1869. Il a débuté à l’Opéra de Paris en 1871. Il a chanté au Théâtre royal d’Anvers (Hamlet, 15 janvier 1874 ; Un bal masqué, 05 novembre 1874). Il a créé Etienne Marcel (Etienne Marcel) de Saint-Saëns au Grand-Théâtre de Lyon le 08 février 1879 sous la direction du compositeur. Il se produisit à Marseille (1880-1884), Genève (1885-1887), Toulouse (1888-1892), Paris (1893), Toulouse (1894-1899) où il fut directeur du Capitole (de 1886 à 1889 puis de 1891 à 1895), au Théâtre des Arts de Rouen (1899). Il fut nommé officier d’académie. Lors de son décès, il était professeur de chant pour les hommes à l’école nationale de musique de Toulon (en poste en 1909).

En 1869, il habitait 2 rue Michel-le-Comte à Paris 3e. Il est décédé en 1911 à soixante-huit ans, étant domicilié 35 rue Nationale à Toulon.

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra de Paris

 

Il débuta salle Le Peletier le 22 juillet 1871 dans les Huguenots (Maurevert ; 500e le 24 avril 1872).

 

Au Palais Garnier, en 1875 et 1876, il a chanté les Huguenots (Maurevert) ; Guillaume Tell (Melchtal) ; la Juive (Albert) ; le Prophète (un Seigneur).

 

 

 

 

Le nouveau directeur du théâtre du Capitole, M. Michel Delrat, est né à Montesquieu-Volvestre (Haute-Garonne), en 1843.

Attiré vers la scène par ce penchant naturel qui caractérise l'artiste, M. Delrat voyait sa carrière si non brisée, du moins fort compromise par les exigences du service militaire. Mars et Pan n'aiment guère à se partager nos hommages !

Mais le futur artiste avait pour lui une arme puissante, cette belle voix de baryton qui devait plus tard se développer au point d'être recherchée par les directeurs des plus grandes scènes.

Incorporé au 18e régiment d'artillerie, M. Delrat obtint bientôt l'autorisation de quitter l'armée pour entrer, en 1868, au Conservatoire de Toulouse.

Pendant le cours de ses études vocales dans cet établissement, le jeune baryton se heurta à la mauvaise volonté d'un aréopage de mauvais juges.

Par suite, non d'un oubli, mais d'un parti pris évident, les « sages d'alors » n'accordèrent jamais un modeste accessit à M. Delrat qui voyait toujours fuir devant lui, comme en un mirage, ce diplôme si ardemment désiré.

Cette situation se serait indéfiniment prolongée sans une circonstance fortuite qui vengea le futur artiste de toutes les tracasseries et les injustices dont il était victime. Dans un de ses voyages à Toulouse, M. Ambroise Thomas, émerveillé de la voix chaude et vibrante du jeune chanteur, le fit entrer d'office au Conservatoire de Paris.

La carrière artistique du directeur de notre Grand-Théâtre a prouvé que M. Ambroise Thomas seul avait été bon juge.

A sa sortie du Conservatoire, M. Delrat fut engagé à l'Opéra qu'il ne tarda pas à abandonner pour aller à Anvers où l'appelait un brillant engagement. Après avoir passé deux ans dans cette ville, quatre ans à Lyon et deux ans à Marseille, il vint à Toulouse pour tenir, au Capitole, l'emploi des barytons de grand opéra. Puis il partit pour l'Amérique avec son camarade et ami, M. Tournié, notre fort ténor.

Dans les villes que nous venons d'énumérer, M . Delrat créa successivement et avec le plus grand succès Hamlet, Hérodiade, Aïda, etc... A Lyon, Etienne Marcel lui valut les félicitations

les plus flatteuses de l'auteur, M. Camille Saint‑Saëns, qui dirigeait la première représentation.

Tout Toulouse se rappelle cette superbe et chaude voix de baryton qui faisait, en 1877, les délices des habitués du Capitole, dans Guillaume Tell, Rigoletto, Hamlet, l'Africaine, Hernani, le Bal masqué, la Reine de Chypre, la Muette de Portici, etc... Nous n'avons pas perdu tout espoir, et nous avons nos raisons pour parler ainsi, de lui renouveler cette année nos bravos.

C'est avec ce brillant passé d'artiste que M. Delrat se présente à nous comme directeur. Habilement secondé par son ami, M. Bernaduque, administrateur, et par M. Bouvard, régisseur général, il saura rendre à notre première scène une partie de sa splendeur passée. Outre le répertoire courant, notre directeur montera, cette année deux ouvrages (actuellement en cours de répétition), Mireille et Aïda. C'est là une restitution dont les Toulousains lui sauront gré.

Au physique, M. Delrat est imposant, front découvert, taille élevée, cou fort, épaules larges, cheveux et barbe légèrement grisonnants.

Un peu froid de prime abord, notre directeur est un homme charmant dans l'intimité ; sa nature ouverte lui acquiert les sympathies de tous ceux qui le fréquentent. Toujours disposé à venir en aide aux malheureux, il vient d'offrir spontanément son concours et celui des artistes de son théâtre aux fêtes qui pourraient être données au bénéfice des inondés du Midi. De telles preuves de désintéressement sont assez rares pour que nous les signalions.

Est-il utile, en terminant, de dire à M. Delrat combien nous souhaitons qu'il réussisse dans la direction de notre Grand-Théâtre ? Nous ne le croyons pas.

(l’Artiste Toulousain n° 1, 19 décembre 1886)

 

 

 

 

 

Un chanteur qui appartint quelque temps à l'Opéra, le baryton Delrat, qui se fit remarquer notamment dans Guillaume Tell, est mort cette semaine à Toulon, où il s'était retiré. Après avoir parcouru la province avec succès, il était allé en Amérique, de retour en Europe avait pris la direction du Théâtre du Capitole de Toulouse, où il avait vu disparaître le fruit de ses économies, et enfin s'était fixé à Toulon, où il était devenu professeur de chant aux écoles municipales. Il est mort, dit-on, à l'hôpital. Pauvre artiste !...

(le Ménestrel, 11 novembre 1911)

 

 

 

 

 

Encylopédie