Marcellin DUCLOS
Marcellin Duclos dans Rigoletto (Rigoletto) par M. Cheval, 1923
Louis Marcelin DUCLOS dit Marcellin DUCLOS
baryton français
(maison Darrieux, rue Basse-du-Pouey [auj. 29 rue de Nansouty], Bagnères-de-Bigorre, Hautes-Pyrénées, 20 avril 1879* – Bagnères-de-Bigorre, 06 février 1969)
Fils de Pierre DUCLOS (Bagnères-de-Bigorre, 12 janvier 1846 – ap. 1908), tailleur de pierres, et de Marie FERRER (Bielsa, Aragon, Espagne, 10 mai 1847 – Bagnères-de-Bigorre, 09 septembre 1908*), ménagère, mariés à Bagnères-de-Bigorre le 08 septembre 1875*.
De sa liaison avec Marthe Marie VIOLLE (Paris 14e, 10 mai 1898* – Paris 4e, 30 juillet 1973*), pianiste, est née Marcelline Charlotte Marie VIOLLE (Paris 3e, 30 novembre 1920* – Melun, Seine-et-Marne, 17 octobre 1991), directrice d'école.
D’abord menuisier, il remporta en 1907, au Conservatoire de Paris, les premiers prix de chant et d’opéra et le second prix d’opéra-comique. Il débuta la même année au Palais Garnier où il chanta notamment le rôle-titre de Rigoletto, qu'il joua plus de 300 fois. Il fit ses adieux à la scène de l'Opéra le 04 avril 1935 dans l'Or du Rhin (Alberich). Il fut fait chevalier de la Légion d'honneur le 1er août 1932 pour 37 ans de carrière artistique et de services militaires. En 1961, sa ville natale donna son nom à une rue.
Il est décédé en 1969 à quatre-vingt-neuf ans.
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il y débuta le 06 septembre 1907 dans Faust (Valentin).
Il y créa le 02 mai 1909 Bacchus (Silène) de Jules Massenet ; le 28 avril 1925 Esther, princesse d’Israël (Aman) d’Antoine Mariotte ; le 06 décembre 1927 les Matines d’amour (Joffroy) de Jules Mazellier.
Il y participa à la première le 23 octobre 1908 du Crépuscule des dieux (Alberich) de Richard Wagner [version française d’Alfred Ernst] ; le 17 novembre 1909 de l’Or du Rhin (Alberich) de Wagner [version française d’Alfred Ernst] ; le 20 octobre 1910 de Théodora (Justinien) de Xavier Leroux ; le 10 juillet 1920 de Sept Chansons (le Sonneur) de Gian Francesco Malipiero [version française d’Henry Prunières] ; le 03 avril 1922 de Falstaff (Ford) de Giuseppe Verdi [version française de Paul Solanges et Arrigo Boito] ; le 13 avril 1923 de la Khovanchtchina (Chaklowitz) de Modest Moussorgski [version française de R. et M. d’Harcourt] ; le 16 janvier 1925 de Miarka (Gleude) d'Alexandre Georges ; le 24 février 1927 des Burgraves (Hatto) de Léo Sachs.
Il y chanta Rigoletto (Rigoletto, 1908) ; Samson et Dalila (Grand Prêtre, 1908) ; Lohengrin (de Telramund, 1909) ; Armide (Ubalde, 1909) ; Sigurd (Grand Prêtre d'Odin, 1909) ; Siegfried (Alberich, 1909) ; Hamlet (Hamlet, 1909) ; Salammbô (Splendius, 1910) ; Aïda (Amonasro, 1910) ; Tristan et Isolde (Kurwenal, 1911) ; Gwendoline (Harald, 1911) ; Tannhäuser (Wolfram, 1911) ; Déjanire (Philoctète, 1912) ; Roma (Vestapor, 1912) ; les Huguenots (Nevers, 1920) ; Antar (Cheyboub, 1921) ; les Troyens (Chorèbe, 1921) ; l’Heure espagnole (Ramiro, 1921) ; Hérodiade (Hérode, 1921) ; le Jardin du Paradis (Eusèbe, 1924) ; Alceste (Grand Prêtre, 1926) ; le Miracle (Gaucher d'Arcourt, 1927). |
Marcellin Duclos (photo Manuel, 1909)
Marcellin Duclos dans Faust (Valentin) à l'Opéra
Bonne grand'mère. Marcellin Duclos, l'excellent premier baryton de l'Académie Nationale de Musique, n'est pas seulement goûté des abonnés de l'Opéra qui raffolent de Rigoletto, il est encore chéri de ses compatriotes. Il le leur rend bien d'ailleurs, et chaque fois qu'il retourne à Bagnères-de-Bigorre, c'est toujours une joie pour lui de se faire entendre dans ses plus beaux rôles. Mais récemment, délaissant pour un instant son répertoire, il dut faire la tournée des villages pour chanter à la gloire des morts de la grande guerre. Or, un jour, à la sortie de l'église, il vit s'avancer vers lui une bonne vieille grand'mère en long capulet noir qui portait sous le bras un de ces pelotons de cire garnis de crêpé qu'il est encore d'usage d'allumer dans certaines campagnes, pendant l'office des morts. — C'est vous qui avez chanté, monsieur, demanda-t-elle ? — Oui madame. — Brabe maynadet ben. Mentres que cantaou, era noust praoubo gleyzo que s'en arriseouo et nousatis que plouraouom. Ce qui veut dire à peu de chose près : — Eh bien, bravo ! Tandis que vous chantiez, c'est notre pauvre église qui souriait et c'est nous qui pleurions. N'est-ce pas là une image touchante ?
Une propagande originale. Les hommes n'ont pas de ces trouvailles émouvantes, il y a moins de tendresse au fond de leur émoi qui se traduit souvent par plus de truculence. Quelques jours plus tard, Duclos est pris à part par le maire qui lui dit mystérieusement à l'oreille : — Ney pas poussible ; qu'a net els orgues en brente. Et blet presento commo deputat ? Disgadmot. Quep asseguri dep hè pourta per touts els electous dera communo. Traduction libre : — Ce n'est pas possible, vous devez avoir un orgue dans le ventre. Voulez-vous être député ? Dites un mot. Et vous pouvez être assuré que je ferai voter pour vous tous les électeurs de la commune. Ce qui semble prouver, à tout le moins, qu'une belle voix en vaut bien d'autres...
(Comœdia, 25 août 1922)
Bagnères-de-Bigorre, Casino municipal. Une chambrée particulièrement nombreuse assistait, samedi soir, au premier des quatre grands galas lyriques de ce mois d'août. A l'affiche : Hérodiade (création à Bigorre) avec, comme protagoniste, MM. Marcellin Duclos et Cazenave, de l'Opéra ; Mmes Carmel et Mombreuse, de l'Opéra-Comique. L'ouvrage de Massenet fut, pour chacun des excellents artistes, l’occasion d’un magnifique succès. M. Marcellin Duclos tint l'emploi d'Hérode avec la belle aisance scénique et vocale qui lui est coutumière, et connut une fois de plus, sur les tréteaux de sa ville natale, cet accueil on ne peut plus chaleureux auquel ses compatriotes l'ont depuis déjà longtemps d'ailleurs habitué. M. Cazenave, vivement applaudi dans l'apôtre Jean, fut longuement acclamé après le grand Air de la Prison que, du reste, il dut bisser. Mme Cormel a droit aux meilleurs éloges pour la remarquable façon dont elle joua et chanta le rôle de Salomé. Citons encore Mlle Mombreuse, MM. Cauchemont et Manzoni, tous forts consciencieux. Chœurs excellents. Orchestre quelque peu bruyant par moments. Avec des moyens très réduits, M. Joël Fabre sut réaliser une satisfaisante mise en scène.
(Comœdia, 16 août 1923)
Dois-je dire que le meilleur Faust fut certainement le ténor Lucien Muratore ? Quel élégant cavalier, quelle manière intelligente de jouer et de chanter ! Parmi les nombreux Méphisto, je pense à Delmas, à Pernet, à Vanni-Marcoux, ce dernier fut un artiste si personnel. Et notre cher Marcelin Duclos, Valentin jamais égalé ! Tous servaient de leur cœur cette musique si admirablement vocale.
(Henri Büsser, revue l'Opéra de Paris n° 12, 1er trimestre 1956)
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Marcellin Duclos dans Bacchus (Silène) lors de la création à l'Opéra