Lucie DUPUIS
Lucie Dupuis en 1880 [photo Dagron]
Joséphine Lucie Olympe DUPUIS dite Lucie DUPUIS
soprano français
(Paris ancien 11e, 18 juillet 1855* – 23 rue Georges-Bizet, Paris 16e, 25 septembre 1919*)
Fille de Louis Augustin DUPUIS (– av. 1874), employé, et d’Adélaïde Félicité ROISIN (– 1874/1888), mariés à Paris ancien 1er le 07 juillet 1838.
Epouse à Paris 9e le 04 juillet 1888* Emile BLAVET, écrivain.
En 1874, sa mère était marchande de musique et demeurait 146 rue de Rivoli à Paris. Elève au Conservatoire de Paris, elle y obtint les prix suivants : en solfège, une 3e médaille (1876), une 2e médaille (1877) et une 1re médaille (1878) ; en chant (élève d'Ernest Boulanger), un 2e accessit (1877) et un 1er accessit (1878) ; en opéra-comique, un 1er accessit (1877) et un second prix (1878). Elle débuta Salle Favart le 03 mars 1879. Elle y créa en 1881 un petit rôle dans les Contes d'Hoffmann, et les Pantins de Georges Hüe, aux côtés de Jean Mouliérat.
En 1888, elle habitait 22 rue de Maubeuge à Paris 9e. Elle est décédée en 1919 à soixante-quatre ans, domiciliée avec son époux 38 rue de Châteaudun à Paris 9e.
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Elle y débuta le 03 mars 1879 dans le Pré-aux-Clercs (Nicette).
Elle y créa le 10 mars 1879 la Courte échelle (Mariette) d'Edmond Membrée ; le 10 février 1881 les Contes d'Hoffmann (le Fantôme de la Mère) de Jacques Offenbach ; le 28 décembre 1881 les Pantins (Marie, Isabelle) de Georges Hüe ; le 23 mars 1882 Galante aventure (Isabeau de Chandor) d'Ernest Guiraud ; le 17 mai 1883 Saute, marquis ! de Paul Cressonnois ; le 23 juin 1884 la Partie carrée de Rodolphe Lavello.
Elle y participa à la première le 03 avril 1879 de la Flûte enchantée (une Fée ; 100e le 20 mai 1883) de Mozart [version française de Nuitter et Beaumont] ; le 17 mai 1883 de la Perle du Brésil (la comtesse de Cavallos) de Félicien David.
Elle y chanta le Pardon de Ploërmel (un Pâtre, 1881) ; les Noces de Jeannette (Jeannette) ; le Maçon ; la Fille du régiment ; Carmen (Frasquita). |
Parmi les derniers engagements faits depuis deux ans à l'Opéra-Comique par M. Carvalho, qui veut reconstituer l'excellente troupe du passé, il en est trois ou quatre qui promettent d'être durables. Celui de Mlle Dupuis est du nombre. Depuis un an, cette jeune chanteuse est toujours sur la brèche, elle se multiplie pour remplacer au pied levé ses camarades ; et sa réussite s'affirme dans chaque rôle nouveau. Lucie Dupuis est une Parisienne. Tous ceux qui s'occupent de musique ont connu son père, musicien lui-même et tour à tour employé chez les éditeurs Lemoine et Meissonnier. Ceci peut expliquer la vocation de la jeune fille ; pourtant, il faut dire que ni son père ni elle‑même ne songèrent tout d'abord au théâtre, malgré la jolie voix et les dispositions de l'enfant. Ce ne fut qu'assez tard, que sur les conseils de sa mère, Lucie Dupuis entra au Conservatoire, où elle fit ses études dans la classe de M. Boulanger pour le chant et dans celle de M. Ponchard pour l'Opéra-Comique. Elle prit part aux concours pour la première fois, en 1876, avec un air du Songe d'une nuit d'été. Mais son succès commence au concours de 1877 où elle obtient un deuxième accessit de chant avec Faust et un premier accessit d'opéra-comique dans une scène du Domino noir. Enfeu, en 1878, elle remporte un premier accessit de chant avec l’air : « Bocage épais » des Mousquetaires de la Reine et un second prix d'opéra‑comique dans l'Étoile du Nord, rôle de Catherine. Je me souviens aussi de la façon spirituelle et tout aimable dont elle donna la réplique au jeune Villaret qui concourait, cette même année, dans le Tableau parlant. Engagée à l'Opéra-Comique, en même temps que ses deux camarades de classe, Mlles Thuillier et Fauvelle, Lucie Dupuis a fait ses débuts dans Nicette du Pré-aux-Clercs avant de prendre le rôle d'une des trois fées que lui réservait M. Carvalho dans la Flûte enchantée. Presqu'aussitôt elle fut appelée à faire une création : Mariette, dans la Courte échelle de Membrée. Malheureusement, la pièce ne réussit pas et la jeune artiste, qui remplissait fort gentiment un rôle de soubrette, en fut désolée. Zerline, de Fra-Diavolo, à la réouverture de la saison, lui donna vite une consolation. Le rôle était de nature à la mettre en évidence, car il en est peu dans l'emploi des dugazons qui soient plus gracieux et plus sympathiques au public. Là, Mlle Dupuis put faire preuve de toutes les qualités qu'elle possède : une voix bien timbrée, une vocalisation facile et plus encore peut-être une diction excellente. Elevée à l'école de M. Ponchard qui se préoccupe beaucoup, et avec raison, de la façon de bien dire et de l'art de bien jouer la comédie, Mlle Dupuis a profité des leçons de son maître et tiendra certainement avec honneur un emploi indispensable à l'Opéra-Comique et dont Mlle Ducasse est depuis longtemps le seul représentant. Ces qualités de comédienne et de chanteuse se sont affirmées tout dernièrement encore dans Betly du Chalet, que Mlle Dupuis a joué de la façon la plus charmante, comme aussi dans Jenny de la Dame Blanche, où elle a remplacé Mlle Ducasse au pied levé et après un seul raccord. Mirza de Lalla-Roukh, Nathalie de l’Etoile du Nord et Irma du Maçon sont encore trois rôles que Mlle Dupuis a joué sans répétition pour remplacer des camarades indisposées, donnant là une preuve de sa grande facilité, de la souplesse et de la sûreté de son talent. Aussi, maintenant est-elle bien de la maison, car elle y a gagné sa place par le double apport du mérite personnel et de services exceptionnels rendus et sur lesquels on peut absolument compter, ce qui est bien précieux pour un théâtre. En ce moment, la jeune artiste étudie deux rôles : Brigitte du Domino noir, où elle donnera la réplique à Mlle Isaac, et Casilda de la Part-du-Diable, ouvrage dont la reprise servira de débuts à la fille de Mme Ugalde. On le voit, Mlle Dupuis fait partie de tous les spectacles ; aussi n'est-elle plus considérée comme une débutante malgré le peu de temps qu'elle est à l'Opéra‑Comique, car le public a déjà fait avec elle un pacte sérieux de sympathie. Pour compléter les services rendus par la vaillante chanteuse à l'art lyrique, j'ajouterai qu'à la dernière saison d'été, elle a passé ses vacances à propager le répertoire de l'Opéra-Comique dans nos villes d'eau, allant tour à tour de Contrexéville au nouveau Casino de Plombières, interprétant les Noces de Jeannette, la Poupée de Nuremberg, le Chien du Jardinier, et, prêtant en même temps son concours à tous les concerts. Grande, d'une taille élégante et souple, de manières aisées, Lucie Dupuis est, au physique, une brune piquante, à l'œil vif et à la bouche gracieuse. Elle a donc encore, sous ce rapport, tout ce qui convient à l'emploi dont elle a déjà pris possession avec succès et dans lequel nous lui verrons faire une belle carrière, j'en suis certain, car, ayant tout ce qu'il faut pour y réussir, Lucie Dupuis a encore le grand mérite de ne pas viser trop haut et de vouloir rester dans le cadre où son talent peut se mouvoir avec le succès le plus assuré.
(Félix Jahyer, Paris-Théâtre, 04 mars 1880)
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M. Carvalho, mettant à profit des vacances, vient de partir pour Vichy. Son dernier acte directorial, avant son départ, a été de renouveler pour deux ans, et à de fort belles conditions, l'engagement de Mlle Lucie Dupuis. (le Gaulois, 04 juillet 1883)
Nous apprenons, avec le plus vif regret, la mort de Mme Emile Blavet, née Lucie Dupuis, à la suite d'une longue et douloureuse maladie. Mme Lucie Dupuis, après avoir remporté au Conservatoire un prix d'opéra-comique, était entrée, en 1879, à la salle Favart, alors sous la direction de Léon Carvalho. Elle y joua et chanta, avec beaucoup de succès, les rôles de son emploi dans le répertoire : les Noces de Jeannette, Nicette du Pré-aux-Clercs, le Maçon, la Fille du régiment, et bien d'autres. Ce fut elle qui créa le rôle de la Mère au troisième acte des Contes d'Hoffmann. Elle avait repris, en 1883, le rôle de Frasquita, dans Carmen, lors de la belle reprise de cet ouvrage avec Galli-Marié. Elle était une artiste consciencieuse, dévouée, et qui marqua brillamment sa place de comédienne et de chanteuse à la salle Favart, que son état de santé l'obligea de quitter de bonne heure. Elle se consacra dès lors au professorat et elle avait formé de remarquables élèves qui sont devenus des artistes. En cette douloureuse circonstance, nous exprimons à notre confrère nos plus cordiales condoléances. Les obsèques de Mme Emile Blavet se feront aujourd'hui vendredi, à cinq heures du soir, à Saint-Leu-Taverny. L'inhumation aura lieu dans un caveau de famille. Départ de Paris, gare du Nord, à quatre heures. (le Gaulois, 26 septembre 1919)
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