Charles MINVIELLE
Charles Minvielle en 1885 [photo Provost]
Charles MINVIELLE
ténor français
(Saint-Sébastien, Espagne, 04 novembre 1852 – Bois-Colombes, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 29 juin 1935*)
Fils de Jean MINVIELLE et d’Anrietta AZULEN.
Epouse à Paris 19e le 01 février 1900* Pauline Madeleine GONTARD (Avignon, Vaucluse, 28 janvier 1852* – Nanterre, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 29 mai 1936*).
De sa liaison avec Marie Zénobie SILVESTRE (Labergement-du-Navois, Doubs, 30 avril 1856* –), lingère, sont nées deux filles, légitimées à Lyon 2e le 15 juin 1885* : Cécile MINVIELLE (Lyon 2e, Rhône, 17 novembre 1881* – Bois-Colombes, 27 juillet 1969), dactylographe [épouse à Paris 1er le 07 janvier 1922* Frantisek KYR, boulanger] ; et de Marie MINVIELLE (Lyon 2e, 29 août 1882* – Gennes [auj. Gennes-Val-de-Loire], Maine-et-Loire, 08 janvier 1979), employée de banque [épouse à Paris 1er le 05 juin 1920* René CHASSIER, commis libraire].
Il a chanté en province : Avignon (1883-1884), Nîmes (1884-1885), Rouen (1885-1886), Grand-Théâtre de Lyon, où il débuta le 17 novembre 1888 dans la Juive (Eléazar). Au théâtre de Saint-Etienne, il chanta l’Africaine (Vasco de Gama) le 12 avril 1894, et la Favorite (Fernand) le 15 avril suivant.
En 1900, il habitait 152 rue de Crimée à Paris 19e. Il est décédé en 1935 à quatre-vingt-deux ans, en son domicile, 3 rue Besançon à Bois-Colombes.
Il ne doit pas être confondu avec le ténor Auguste MINVIELLE.
Charles Minvielle en 1885
S’il y a des artistes qui, pour arriver à se faire une position au théâtre, ont eu à leur service les ressources nécessaires et une éducation musicale de bonne heure achevée, tel n'a pas été le cas de M. Charles Minvielle, qui ne doit qu'à son travail et à sa volonté les bons résultats obtenus jusqu'ici. Né à Saint-Sébastien, en 1852, de parents français qui n'étaient que de simples ouvriers, il quitta l'Espagne avec eux, fort jeune encore, pour se fixer à Lyon, où il a toute sa famille, et dont il n'est parti que depuis un an, ce qui le rend presque Lyonnais, sinon par naissance, du moins par le cœur et les nombreuses sympathies qu'il a dans cette ville. Peu de temps après son arrivée, M. Minvielle fut reçu membre de l'Harmonie gauloise, une excellente société chorale lyonnaise, des rangs de laquelle sont sortis des artistes à jamais célèbres, tels que Lassalle, l'éminent baryton de l'Opéra ; Léon Gresse, première basse de la Monnaie de Bruxelles ; Cabannes, ténor léger, etc. Le goût du chant se développa bien vite chez M. Minvielle, mais malheureusement ses parents n'avaient pas les moyens de subvenir aux études si difficiles et indispensables pour le faciliter ; le métier de monteur sur bronze, qu'il exerçait alors, lui absorbait la plus grande partie de son temps, et, malgré cela, sans se décourager, il employait la moindre minute de liberté à travailler sa belle voix de ténor, qu'il mit dès lors si généreusement au service de toutes les œuvres philanthropiques ; son désintéressement était à la hauteur de son cœur, et il n'y avait aucune fête de bienfaisance sans qu'il fût sur la brèche. M. Neulat, professeur de chant, dont la réputation est avantageusement connue, l'entendit dans un de ces concerts et, fut frappé des richesses de cette voix, il fit appeler M. Minvielle et lui fit comprendre qu'un brillant avenir lui était réservé. Encouragé par l'opinion d'un homme aussi expert en matière artistique, il se promit de mettre tout en œuvre pour arriver : ses efforts furent récompensés, car un de ses amis de l'Harmonie gauloise lui proposa de se charger de tous les frais à faire pour faciliter ses études ; M. Minvielle n'hésita pas à accepter les offres d'un tel ami, dont la générosité lui ouvrait un horizon de succès — exemple qui, hélas ! n'est pas suivi. Le temps étant limité, notre ténor cessa immédiatement son métier et se mit à l'œuvre avec une ardeur incomparable ; il entra à la classe de chant de M. Neulat. Dix mois après, M. Minvielle s'engagea à Avignon (1883-1884) en qualité de fort ténor, et son premier début, qui eut lieu dans la Juive, fut pour lui un réel triomphe, car, dans cette soirée à jamais mémorable, il ne compta pas moins de sept rappels ; ses épreuves continuèrent dans la Favorite et le Trouvère, après quoi son admission fut prononcée à l'unanimité. N'était-ce pas pour ce jeune ténor le comble du bonheur, et vit-on souvent dans les annales théâtrales réussir un artiste avec si peu d'études ? Certes, M. Minvielle n'est pas aussi bon musicien que beaucoup de ses camarades qui, tout jeunes, ont appris la musique et pu travailler le chant avec méthode, mais il n'a que plus de mérite d'être arrivé par la persévérance et le travail. C'est dans ces conditions que M. Minvielle a abordé le Grand-Théâtre de Nîmes ; ses trois épreuves, subies avec succès dans la Juive, la Favorite et les Huguenots, lui assurèrent un scrutin des plus favorables, qu'on n'a pas eu à regretter, cet artiste faisant de constants efforts pour satisfaire le public. — Robert‑le-Diable, qu'il a chanté sur cette scène pour la première fois, lui a fait décerner par toute la presse les éloges les plus flatteurs : c'est surtout dans la Sicilienne qu'il se fit apprécier. Il a fait, de plus, une création dans les Vêpres siciliennes, rôle d'Henri Nota, hérissé de difficultés. Je dirai, en terminant cette biographie, que des offres sérieuses ont été faites à M. Minvielle par des scènes de grandes villes, parmi lesquelles Lyon, dont le directeur, M. Dufour, était à Nîmes dernièrement pour l'entendre dans l'Africaine, qui est sans contredit son meilleur rôle. Je ne puis que souhaiter à ce sympathique artiste le couronnement de tant d'efforts, d'autant plus qu'il est le soutien d'un père et d'une mère qui sont déjà avancés en âge, et qui peuvent être fiers de voir leur fils donner un libre cours à sa vocation, tout en leur procurant une heureuse vieillesse, faible reconnaissance des bons sentiments et de l'amour du travail qu'ils lui ont inspirés dès sa jeunesse. (Marcel, le Midi artiste, 15 mars 1885)
Nous apprenons avec le plus grand plaisir l’engagement à Rouen du fort ténor Minvielle qui a fait cette année une brillante campagne à Nîmes. Cet excellent artiste ne peut que réussir. (le Midi artiste, 17 mai 1885)
M. Charles Minvielle, Fort Ténor Le succès qu'a remporté M. Minvielle, dans la Favorite, et qu'il remportera incontestablement ce soir, nous dispense de faire son éloge ; à l'unisson, les habitués du Théâtre-des-Arts l'ont chanté sur tous les tons de la gamme chromatique du contentement. Il fallait les voir, pendant les entr'actes de la Favorite, s'accoster avec une mine des plus réjouies et les entendre s'écrier : « Enfin ! nous avons un ténor convenable ». — « Prodigieux, il surpasse même Devillers ». — « Et même de plusieurs encolures ». Partout, depuis les fauteuils d'orchestre jusqu'aux places modestes, c'était le même concert de louanges qui rejaillissaient sur M. Olive Lafon. M. Charles Minvielle est tout nouveau dans la carrière artistique. Auparavant, simple ouvrier bronzeur à Lyon, il s'exerçait à chanter dans les concerts de bienfaisance, ne se doutant pas des succès qui l'attendaient. Membre d'une société importante lyonnaise, l'Harmonie Gauloise, il fut remarqué par un de ses collègues qui lui offrit d'être son Mécène pour compléter son éducation musicale. Après avoir fait quelques études au Conservatoire du chef-lieu du Rhône, sous la direction de M. Neutat, il s'engagea en 1883 à Avignon, où nous apprend le Midi Artiste, son premier début, qui eut lieu dans la Juive, fut pour lui un réel triomphe ; car, dans cette soirée à jamais mémorable, il ne compta pas moins de sept rappels ! Après avoir obtenu dans le Vaucluse une série de succès ininterrompue, M. Minvielle parût sur la scène du théâtre de Nîmes. Là, comme à Avignon, il retrouva un public qui le rappelait après chaque représentation. Il obtint un triomphe sans égal dans la création d'Henri Nota, des Vêpres siciliennes. La saison d'hiver terminée, M. Minvielle fut engagé au grand théâtre de Grenoble pour la saison d'été. Ce fut dans cette dernière ville que M. Olive Lafon l'enleva au directeur du théâtre municipal de Lyon ; au milieu de succès qui ne le cédaient en rien à ceux qu'il avait déjà remportés. (la Cloche d’argent, Rouen, 07 octobre 1885)
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