MOREAU-SAINTI
Moreau-Sainti dans le Domino noir (Don Juliano de Massaréna) lors de la création à l'Opéra-Comique
Théodore François MOREAU dit MOREAU-SAINTI
ténor français
(Paris, 25 février 1799 [7 ventôse an VII]* – Paris 9e, 31 mars 1860*)
Fils de Joseph MOREAU et de Charlotte Françoise GOBERT.
Frère de MOREAU, ténor (– septembre 1863).
Epouse à Lille, Nord, le 13 août 1822* Joséphine Marie Lucile ESTANCELIN DIT SAINTI dite Mme MOREAU-SAINTI (Brest, Finistère, 01 décembre 1804 – Paris ancien 2e, 01 avril 1856*), actrice de la Comédie-Française [fille de Pierre Guillaume Fabrice ESTANCELIN DIT SAINTI, artiste, et d'Elisabeth Justine BOULLENGER].
Parents de MOREAU-SAINTI fils (1826–1911), librettiste, et de Marie MOREAU-SAINTI (1837–1913), soprano.
Elève du Conservatoire, il entra au Gymnase lors de la fondation de ce théâtre en 1820, et le quitta au bout de deux ans pour aller remplir avec succès l'emploi de ténor léger dans diverses grandes villes de province : Rouen, Bordeaux, Bruxelles, etc. A Marseille, il connu et épousa l’actrice Mlle Sainti, et il ajouta au sien le nom de sa femme et se fit appeler, ainsi qu’elle, Moreau-Sainti. Il était en 1829 à Lyon lorsqu'on lui proposa un engagement à l'Opéra-Comique pour y créer tout d'abord le rôle principal d'un opéra de Boieldieu, les Deux Nuits. Il accepta, et resta à ce théâtre jusqu'à sa fermeture en 1831. Il retourna alors en province, puis revint, en 1836 à l'Opéra-Comique, où il se fit bientôt la réputation d'un chanteur et d'un comédien distingué, et où il créa avec succès plusieurs rôles importants dans le Domino noir, l'Ambassadrice, les Deux Voleurs, le Guitarrero, etc. Il se livrait en même temps à l'enseignement, et formait d'excellents élèves, tels que Grard, Masset, Sainte-Foy, Laget, Mlles Rouvroy, Rossi et autres. Chargé au Conservatoire de Paris d'une classe d'opéra-comique le 06 janvier 1845 (à l'essai, sans appointements), puis nommé professeur titulaire d'opéra-comique à compter du 01 janvier 1846 (arrêté du 04 février 1846), il quitta l'Opéra-Comique en 1847 pour se consacrer exclusivement aux soins de sa classe, qu'il conserva jusqu'à son dernier jour. Il fut également chef du pensionnat du Conservatoire à compter du 01 novembre 1848 (arrêté du 13 octobre 1848), poste dont il démissionna le 01 décembre 1856.
Il est décédé en 1860 à soixante-et-un ans, en son domicile, 31 rue Saint-Lazare à Paris 9e.
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Il a débuté salle Ventadour le 05 mai 1829 dans Jean de Paris (Jean de Paris) et Adolphe et Clara (Adolphe).
Il a créé : - salle Ventadour : le 20 mai 1829 les Deux nuits (sir Edouard Acton) de François-Adrien Boieldieu ; le 28 janvier 1830 Fra Diavolo (Lorenzo) d'Esprit Auber ; le 14 février 1831 la Veillée d'Alexandre Paris ; le 03 mai 1831 Zampa (Alphonse de Monza) de Ferdinand Herold ; le 07 octobre 1831 le Morceau d'ensemble (M. Victor) d'Adolphe Adam ; le 31 octobre 1831 la Marquise de Brinvilliers (Madelon) d’Auber, Batton, Berton, Blangini, Boieldieu, Carafa, Cherubini, Hérold et Paer. - salle de la Bourse : le 21 décembre 1836 l'Ambassadrice (le duc de Valberg) d'Esprit Auber ; le 08 septembre 1837 Guise ou les Etats de Blois (Henri III) de Georges Onslow ; le 02 décembre 1837 le Domino noir (Juliano) d'Esprit Auber ; le 24 août 1838 la Figurante (Valdésillas) de Louis Clapisson ; le 17 janvier 1839 Régine ou Deux nuits (Roger) d'Adolphe Adam ; le 01 mars 1839 le Planteur (sir Arthur Barcley) d'Hippolyte Monpou ; le 02 septembre 1839 le Shérif (Amabel d'Invernesse) de Fromental Halévy. - 2e salle Favart : le 21 janvier 1841 le Guitarrero (Fra Lorenzo) de Fromental Halévy ; le 25 mars 1841 le Pendu (Olivier Landry) de Louis Clapisson ; le 26 juin 1841 les Deux voleurs de Narcisse Girard ; le 10 octobre 1843 Mina ou le Ménage à trois (le colonel) d'Ambroise Thomas ; le 28 février 1844 Oreste et Pylade (Lebon) d'Alphonse Thys ; le 28 mai 1845 Une voix d'Ernest Boulanger ; le 25 octobre 1845 le Mari au bal (M. Dubourjet) d'Amédée de Beauplan. |
Après avoir reçu une bonne éducation, il fit des études de chant et débuta à l'Opéra-Comique le 05 mai 1829, par les rôles de Jean de Paris et d'Adolphe dans Adolphe et Clara. Son extérieur agréable, sa distinction, sa jolie voix de ténor et une intelligence scénique remarquable lui conquirent les suffrages du public et il ne tarda pas à prendre rang parmi les sociétaires de la salle Feydeau. Pendant près de vingt ans, Moreau-Sainti contribua au succès d'un grand nombre d'opéras, et eut l'honneur d'attacher son nom à un emploi. On était engagé, en province, pour jouer les Moreau-Sainti, comme d'autres artistes pour chanter les Elleviou ou les Martin. Chargé d'une classe d'opéra-comique au Conservatoire en 1845, Moreau-Sainti fut nommé professeur en 1846, chef du pensionnat en 1848. Il se démit de cette fonction en 1856. Dans sa vie privée, le brillant chanteur de l'Opéra-Comique était un honnête père de famille très justement considéré. Les deux enfants de Moreau-Sainti ont suivi la carrière paternelle. (Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866)
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Il s'appelait Moreau, et ajouta plus tard à son nom celui de sa femme Mle Sainti, comédienne distinguée qu'il épousa à Lille, et qui se fit ensuite une place honorable à Paris, d'abord à l'Odéon, puis au Théâtre-Français, tandis que son mari acquérait à l'Opéra-Comique une notoriété légitime. Moreau-Sainti avait été élève du Conservatoire, et était entré au Gymnase-Dramatique lors de la création de ce théâtre, en 1820. Mais il partit peu de temps après pour la province, et tint avantageusement l'emploi des premiers ténors d'opéra et d'opéra-comique dans plusieurs grandes villes, telles que Rouen, Bordeaux, Bruxelles, etc. Il était à Lyon lorsque, en 1829, la retraite de Ponchard arrêtant la mise à la scène du dernier ouvrage de Boieldieu, les Deux Nuits, il fut appelé à l’Opéra-Comique pour établir le rôle principal de cet ouvrage. Malgré ses qualités très réelles, il resta au-dessous de la tâche très difficile dont il était chargé, et fut une des causes du peu de succès des Deux Nuits. Cependant il sut se faire une place à l'Opéra-Comique, où il reprit d'une façon très heureuse plusieurs rôles du répertoire ; mais en 1831 la fermeture de ce théâtre l'obligea à retourner en province, où il se vit accueilli avec une rare faveur. En 1836, il reparut à l'Opéra-Comique, où il fournit pendant plusieurs années une excellente carrière, grâce à son élégance scénique, à l'aisance de ses manières, à sa diction parfaite, et au goût dont il faisait preuve dans sa façon de chanter, bien que sa voix fût parfois un peu faible et manquât d'étendue. C'est alors qu'il créa avec succès les rôles de Juliano, du Domino noir, du duc de l'Ambassadrice, du marquis des Deux Voleurs, de l'ambassadeur du Guitarero, et beaucoup d'autres encore. En même temps Moreau-Sainti se livrait à l'enseignement, et formait des élèves qui lui faisaient honneur, tels que Grard, Masset, Sainte-Foy, Laget, Mlles Rouvroy, Rossi, etc. Bientôt le Conservatoire voulut se l'attacher ; en 1845, il fut appelé dans cet établissement comme professeur d'opéra-comique, et en 1848 il devint chef du pensionnat des chanteurs, après avoir quitté la scène en 1847, pour se livrer entièrement aux soins que réclamait son enseignement. Il résigna ses fonctions de chef du pensionnat lorsqu'il perdit sa femme, mais il conserva sa classe jusqu'à son dernier jour. Il mourut presque subitement à Paris, le 31 mars 1860. – Un frère de cet artiste, qui avait tenu longtemps en province l'emploi des ténors, est mort au mois de septembre 1863. (François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, 1866)
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Le monde artiste, si cruellement éprouvé dans ces derniers temps, a un nouveau deuil à enregistrer. Moreau-Sainti, ancien pensionnaire de l'Opéra-Comique, professeur de déclamation au Conservatoire de musique, est mort samedi dernier, à l'âge de soixante-un ans. Moreau-Sainti était un artiste plus remarquable comme comédien que comme chanteur. Il apportait dans le monde cette distinction, ces traditions de bonne compagnie qui naguère le faisaient briller sur la scène. On a parlé plus d'une fois aussi de ses succès de prestidigitateur : en effet, sa réputation d'adresse en ce genre était proverbiale, et il n'aurait tenu qu'a lui de se poser en rival des Robert-Houdin, des Hamilton, Bosco, Philippe et tutti quanti ; mais c'est un talent qu'il n'exerça que pour ses menus plaisirs et ceux de ses amis. Justement apprécié comme artiste et comme professeur, il jouissait d'une considération méritée, due à ses qualités privées et à sa vie honorable. Le défunt laisse un fils et une fille, Mlle Marie Moreau-Sainti, qui après avoir paru avec éclat sur notre première scène lyrique, vient de récolter de brillants succès en Italie. Les obsèques de Moreau-Sainti ont eu lieu lundi en l'église Notre-Dame-de-Lorette, en présence d'un grand nombre d'amis, d'anciens camarades et d'élèves du défunt. (le Ménestrel, 08 avril 1860)
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