Georges RÉGIS
Georges Henri Léon REY dit Georges RÉGIS
ténor français
(Péguilhan, Haute-Garonne, 20 mars 1866* – Montmorency, Seine-et-Oise [auj. Val-d’Oise], 13 octobre 1952*)
Fils de Jean-Marie REY (Montmaurin, Haute-Garonne, 31 août 1823 – Aulon, Haute-Garonne, 06 novembre 1899*), instituteur public, et de Caroline MARTIN (Aulon, 07 juillet 1830 – av. 1900), ménagère, mariés à Ciadoux, Haute-Garonne, le 11 janvier 1858.
Epouse à Paris 10e le 26 mai 1900* Marie Eugénie OPSOMER (Hadancourt-le-Haut-Clocher, Oise, 25 janvier 1874* – Montmorency, 16 octobre 1952).
Le 10 avril 1899, il chante au Théâtre-Lyrique de la Renaissance, à Paris, Obéron (Obéron) de Weber [version française de Michel Carré fils et L. V. Durdilly]. En octobre 1899, il est second ténor léger au Grand Théâtre de Marseille ; en 1900, second ténor à l’Opéra-Populaire [Folies-Dramatiques], boulevard du Temple, à Paris. Il chante en province les rôles de second ténor (opéra, opéra-comique) et de premier ténor (opéra-comique, opérette) : à Genève en janvier 1901, à Bordeaux et au Casino d’Aulus-les-Bains en 1902, à Marseille en 1903, à Lille en 1904, au Théâtre royal d'Ostende en 1906, à Nantes en 1908. Le 18 juin 1909, il débute à l'Opéra de Paris, où il devait revenir en 1923. La même année, il chante au Metropolitan Opera de New York. En 1910, il chante à Lisbonne ; en 1912, au London Opera House et au Casino de Boulogne-sur-Mer. En mars 1922 il créé au Casino Municipal de Nice Fleur de pêcher (Tsiéou) de Cécile P. Simon. Il fut nommé officier d’académie le 22 février 1909.
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il y débuta le 18 juin 1909 dans Henry VIII (Garter).
Il y chanta Roméo et Juliette (Tybalt, 1909 ; Pâris, 1924) ; Tannhäuser (Walther, 1909) ; Guillaume Tell (Ruodi, 1909) ; les Maîtres chanteurs de Nuremberg (Eislinger, 1923) ; Hérodiade (une Voix, 1923) ; Boris Godounov (l’Innocent, 1923 ; Missaïl, 1924) ; le Trouvère (Ruiz, 1923) ; Samson et Dalila (un Messager, 1924) ; Thaïs (un Serviteur, 1924) ; Parsifal (un Ecuyer, 1924) ; Rigoletto (Borsa, 1924) ; la Flûte enchantée (un Homme armé, 1925) ; Falstaff (Bardolphe, 1926) ; Paillasse (Peppe, 1926) ; Salomé (troisième Juif, 1926) de Strauss.
Il y a créé le 01 juin 1923 Padmâvatî (un Marchand) d’Albert Roussel ; le 31 octobre 1923 le Jardin du Paradis (le Héraut du Paradis) d’Alfred Bruneau ; le 27 octobre 1924 Nerto (l'Abbé des Béjaunes) de Charles-Marie Widor ; le 01 mai 1925 Esther, princesse d'Israël (un Officier ; un Blessé) d'Antoine Mariotte ; le 01 juillet 1925 la Naissance de la Lyre (un Choreute) d’Albert Roussel. |
Georges Régis en 1910 [photo Henri Manuel]
[A l’Opéra-Populaire] La musique adoucit les mœurs. Qu’on en juge : Devant la neuvième chambre, M. Georges Rey, dit Régis, comparaissait sous l’inculpation de coups et blessures sur la personne de son chef d’orchestre, M. Cherubini, dont voici la version. « Le 20 avril dernier, à la fin du premier acte de l’opéra le Songe d’une nuit d’été, le second ténor, M. Régis, a manqué son entrée. J’ai dû chanter son rôle pour permettre aux chœurs de donner la réplique ; A la seconde reprise, j’ai dû faire de même, l’artiste n’ayant pas paru en scène. Je me suis rendu, après la chute du rideau, sur le théâtre et dans un couloir conduisant aux loges, j’ai rencontré M. Régis, auquel j’ai demandé des explications. Il m’a répondu : « Cela ne vous regarde pas ; fichez-moi la paix. » Je lui fis observer que ma qualité de chef d’orchestre m’autorisait à lui faire des observations et je l’engageai à être poli. Il riposta alors par ces mots : « F…-moi la paix ! ». Exaspéré par cette réponse, je le traitai d’ « espèce d’imbécile. » M. Régis m’empoigna aussitôt et me projeta avec violence sur la porte de fer séparant la scène du couloir des loges ; j’allai ensuite rebondir sur un piano qui se trouvait à cet endroit et je tombai après sur le sol. M. Régis me porta alors des coups dans la tête jusqu’au moment où le personnel du théâtre me dégagea de ses mains. » Ce à quoi M. Rey répond : « M. Chérubini m’a interpellé comme un portefaix. Je l’ai envoyé promener. Il m’a traité d’imbécile, et je l’ai giflé. Nous nous sommes colletés. Il est tombé sur l’angle du piano et s’est blessé. » Le ténor s’est vu infliger une amende de cent francs et M. Cherubini, qui se portait partie civile, a obtenu deux cents francs d’indemnité. (le Constitutionnel, 15 juin 1900)
M. Georges Régis, le jeune ténor de l’Opéra, vient de signer avec le directeur du Metropolitan Opera de New York, un brillant engagement. (Comœdia, 16 octobre 1909)
« Comœdia » à Lisbonne. Parmi les représentations données à Lisbonne par M. Georges Régis, avant son départ pour l'Amérique, les Contes d'Hoffmann et Marie-Magdeleine doivent compter entre toutes. Ces deux pièces, en effet, ont été la grande attraction de la saison française au San Carlos, grâce à une interprétation, de premier ordre. En tête, il convient de citer tout de suite l'excellent ténor de l'Opéra de Paris dont l'éclatant succès a été enregistré par toute la presse. Comédien distingué, chanteur de grand talent, M. Georges Régis a donné un relief saisissant à l'étrange figure d'Hoffmann, comme il a su marquer en traits profonds le caractère de Jésus le Nazaréen. Ces deux personnages si opposés d'allure et d’expression ont été rendus par l'intéressant artiste avec une vérité et une sincérité qui lui font le plus grand honneur. A ce sujet, voici du reste, la traduction littérale des principaux journaux de Lisbonne. O Mundo : Dans les Contes d'Hoffmann, l'effort le plus grand et la responsabilité la plus lourde incombent au protagoniste qui, toujours en scène, chante des morceaux de caractère différent, entre autres la joyeuse chanson de Kleinzach et la mort d'Antonia. Ce rôle difficile d'Hoffmann fut tenu par M. Georges Régis dont nous avons tant apprécié dans Faust, la jolie voix de ténor. Nous devons dire qu'il s'y est montré, sans conteste, artiste intelligent, distingué, varié et expressif selon les exigences des situations, conservant l'unité de caractère propre au personnage représenté, sans exagération ni ficelles et cela avec un bonheur d'interprétation digne des plus grands éloges. O Seculo : Le ténor Georges Régis, avec sa belle et superbe voix, a satisfait pleinement au point de vue musical et dramatique, aux exigences de la partie d'Hoffmann, le principal rôle de la pièce. Diario de Noticias : Le ténor Georges Régis qui jouait le rôle d'Hoffmann, a présenté son personnage et chanté tout l'opéra de façon à mériter tous les suffrages. Son succès a été très grand. O Liberal : Au premier acte, la chanson du ténor, la légende de Kleinzach accompagnée des chœurs, nous a plu infiniment. M. Régis a, du reste, joué et chanté avec la même maestria, les autres actes de l'opéra. Ce fut un Hoffmann excellent en tous points. O Seculo : Parmi les interprètes se détachent les brillants artistes Marié de l'Isle et le ténor Georges Régis. Dans la partie de Jésus le Nazaréen, ce dernier s'est montré tout à fait supérieur et spécialement dans le grand duo avec la Magdaléenne et la scène des apôtres avec accompagnement d'un chœur d'hommes, d’un bel effet qui a soulevé les vibrantes acclamations de la salle. O Mundo : Les qualités du ténor Georges Régis s'adaptent parfaitement à la suavité nécessaire à l'interprétation du rôle de Jésus. Il ne lui a pas été difficile de se transformer d'Hoffmann en Nazaréen, et il l'a fait avec un succès qui s'est traduit par plus de dix rappels au cours de cette magnifique soirée. O Seculo : Le ténor Régis a chanté le rôle de Faust en artiste de grand avenir. Sa belle voix et son jeu distingué ont tout de suite conquis le public qui l'a couvert d'applaudissements durant toute la soirée. Diario de Noticias : La partie de Faust a été parfaitement tenue par le ténor Régis qui a satisfait les plus difficiles par sa jolie voix et par sa remarquable façon de chanter. O Mundo : Le ténor Régis débutait dans Faust. Il s'est révélé dans ce rôle artiste infiniment éduqué et je dois à la vérité de dire qu'il a pleinement réussi. (Comœdia, 30 décembre 1910)
New York. – M. Georges Régis, l’excellent ténor du Metropolitan Opera, vient de signer, après une très belle audition, un superbe engagement avec la National phonograph C° qui n’est autre que la célèbre Compagnie fondée par Edison, l’inventeur du phonographe. Tous nos compliments au sympathique artiste. (Comœdia, 11 avril 1911)
La Journée à Londres. London Opera House. — Mignon. — Le London Opera House n'a pas craint de nous donner Mignon pour son second spectacle de réouverture. C'est un hommage rendu à notre vieux répertoire. Cet ouvrage, à l'instar du noble Lothario, a de bien beaux cheveux blancs. M. Georges Régis, l’aimable chanteur dont je vous vantais hier la voix s'est fait remarquer par la légèreté charmante qu'il a apportée au rôle de Laërte. Mlle Kerlane a été un petit Frédéric gentil et espiègle à souhait ; M. Francis Combe fut un Lothario aussi noble que possible ; le quatrième acte qui lui appartient tout particulièrement a été pour ce bel artiste l'objet d'un succès des plus flatteurs et des plus mérités. J'écrivais ces jours derniers que le rôle de Mignon avait semblé porter bonheur à Mlle Yvonne Kerlord. En entendant l'intéressante cantatrice dans le chef-d'œuvre d'Ambroise Thomas, on comprend pourquoi la chance lut sourit tant dans ce rôle ; elle est Mignon même. Mlle Victoria Fer est une Philine bien chantante qui a su faire goûter toute la subtilité des vocalises du rôle et toute la délicatesse de la fameuse polonaise. Je signalerai un écueil aux nouveaux venus au London Opera. Certains effrayés par la grandeur de la salle pensent qu'il est nécessaire de forcer leur voix. Il toujours dangereux de forcer sa voix, un chanteur n'y arrive qu'au détriment de sa voix même ; je puis leur assurer que l'acoustique de la salle est excellente. Les artistes sont bons et tout pourrait être pour le mieux dans le meilleur des opéras ! (Maurice Froyez) London Opera House. — M. Georges Régis, si applaudi tout l'hiver au London Opera House dans le répertoire italien qu'il chante avec une netteté et une sûreté remarquables, notamment Il Barbiere di Siviglia, la Traviata, Otello, Guillaume Tell, Lucia di Lammermoor, I Pagliacci, Norma, etc., vient de faire une rentrée brillante dans Roméo et Juliette, Mignon et la Favorite donnés dans la semaine de réouverture. A ce sujet, il me paraît intéressant de citer quelques extraits des grands journaux de Londres pour montrer en quelle haute estime on tient ici cet excellent artiste. The Daily Telegraph : M. Georges Régis dans le rôle de Tybalt a produit le plus grand effet « the most effect » surtout à l'acte des duels où sa mort a été impressionnante. The World : Le rôle de Tybalt, si souvent sacrifié, était tenu cette fois par un artiste de valeur, M. Georges Régis dont l'interprétation a été singulièrement émouvante et dramatique. C'est un « capital actor ». The Daily Chronicle : M. Georges Régis était Tybalt lui-même et il doit être félicité pour cela. The Standard : Spirituel et amusant Laërte, M. Georges Régis a joué ce rôle en fieffé espiègle « arrant rogue ». The Pall Mall Gazette : M. Georges Régis s'est montré excellent comédien dans le rôle de Laërte. (Comœdia, 01 mai 1912)
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[disque de la coll. Alain Etienne]
Romance "Ma maîtresse a quitté la tente" extrait de l'acte I de Lalla-Roukh de David Georges Régis (Noureddin) et Orchestre Disque Pour Gramophone 3-32853, mat. 6224h, enr. en 1908
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Air de la Paresse "Ah ! qu'il est doux de ne rien faire" extrait de l'acte I de Galathée de Massé Georges Régis (Ganymède) et Orchestre Disque Pour Gramophone 4-32224, mat. 16197u, enr. le 27 décembre 1910
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O salutaris (Lefébure-Wély) Georges Régis et Orchestre Disque Pour Gramophone 032193, mat. 01805v, enr. le 02 janvier 1911
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