Juliette SIMON-GIRARD
Juliette Simon-Girard lors de la création de la Fauvette du Temple (Thérèse) en 1885 [photo Nadar]
Julie Joséphine Caroline GIRARD dite Juliette GIRARD puis Juliette SIMON-GIRARD
actrice et soprano français
(96 boulevard Beaumarchais, Paris ancien 8e, 08 mai 1859* – Béziers, Hérault, 01 décembre 1959*)
Fille naturelle de Caroline GIRARD (1830–1925), soprano, et de LOCKROY (1803–1891), acteur et librettiste.
Epouse 1. à Paris 10e le 21 mai 1879* (divorce le 20 février 1896) SIMON-MAX (1847–1923), ténor ; parents de Juliette Marie Louise SIMON (Paris 10e, 18 août 1879* – Paris 17e, 20 juin 1978*) [épouse à Paris 9e le 08 novembre 1900* René Marie Joseph Gustave Henri Toussaint MARTIN (Saint-Denis, Seine [auj. Seine-Saint-Denis], 15 juillet 1876* –), chimiste-verrier] ; d’Aimé Max SIMON dit Aimé SIMON-GIRARD (Paris 11e, 20 mars 1889* – Paris 8e, 15 juillet 1950*), acteur et chanteur d’opérette [qui joua le Malade imaginaire (Cléante) de Molière à l’Opéra le 17 janvier 1922].
Epouse 2. à Paris 9e le 06 avril 1898* Félix HUGUENET (1858–1926), acteur.
Elle étudia la comédie au Conservatoire, où elle remporta un premier accessit de comédie en 1876 (classe de Régnier). Elle débuta l’année suivante aux Folies-Dramatiques en créant la Foire Saint-Laurent, et créa ensuite les Cloches de Corneville (19 avril 1877), Madame Favart (1878). En 1879, elle épousa le chanteur Simon-Max, et prit alors le nom de SIMON-GIRARD. Au même théâtre, elle créa la Fille du Tambour-major (1879), le Beau Nicolas (1880), les Poupées de l'infante (1881), Fanfan-la-Tulipe (1882), la Princesse des Canaries (1883), et reprit Jeanne, Jeannette et Jeanneton (1881). Pleine de verve et de gaieté, chantant avec finesse et agrément, elle se fit applaudir ensuite aux Nouveautés en janvier 1885 et y créa la Vie mondaine. Elle rentra aux Folies-Dramatiques pour remplacer Marguerite Ugalde dans les Petits Mousquetaires et créa ensuite la Fauvette du Temple (17 novembre 1885). Elle joua la Chatte Blanche, au Châtelet, en 1887, puis passa une année en Belgique. Elle rentra à la Gaîté en 1888, y reprit le Grand Mogol, la Fille du Tambour-major, et créa le Voyage de Suzette (1890). Elle passa à la Renaissance, y créa la Femme de Narcisse (1892) et reprit la Jolie Parfumeuse (1892). Elle retourna aux Folies-Dramatiques pour créer Miss Robinson (1892). Engagée aux Bouffes-Parisiens, elle y créa Mam’zelle Carabin (1893), les Forains, l’Enlèvement de la Toledad (1894), la Duchesse de Ferrare, le Bonhomme de neige, la Dot de Brigitte (1895). Elle reprit à l'Eldorado le Royaume des Femmes, où elle obtint un grand succès ; au Châtelet elle créa la Biche aux Bois (1896) et reprit Rothomago (1897). Elle revint au théâtre de la Gaîté (1898) où elle reprit le rôle de Clairette de la Fille de Madame Angot (1899), et créa Cécile et Claire dans les Sœurs Gaudichard. Elle reprit la Belle Hélène (Hélène) aux Variétés et créa Mademoiselle George. Puis elle reprit, au Château-d'Eau, la Fille du Tambour-major et Mam’zelle Nitouche.
En 1889, elle habitait 18 boulevard Voltaire à Paris 11e ; en 1896, 1 rue Godot-de-Mauroy à Paris 9e ; en 1911, 66 rue de la Chaussée d’Antin à Paris 9e ; en 1950, 19 rue du Colisée à Paris 8e. Elle est décédée en 1959, centenaire, en son domicile, chemin de Badones à Béziers. Elle est enterrée le 04 décembre 1959 au cimetière des Batignolles (24e division).
opérettes créées
la Foire Saint-Laurent (Carlinette) de Jacques Offenbach (Folies-Dramatiques, 10 février 1877) les Cloches de Corneville (Serpolette) d’Edmond Audran (Folies-Dramatiques, 19 avril 1877) Madame Favart (Madame Favart) de Jacques Offenbach (Folies-Dramatiques, 28 décembre 1878) Pâques fleuries de Paul Lacôme (Folies-Dramatiques, 21 octobre 1879) la Fille du Tambour-major (Stella) de Jacques Offenbach (Folies-Dramatiques, 13 décembre 1879) le Beau Nicolas (Camille) de Paul Lacôme (Folies-Dramatiques, 08 octobre 1880) la Mère des compagnons (Francine) d’Hervé (Folies-Dramatiques, 15 décembre 1880) les Poupées de l’infante (Marianna) de Charles Grisart (Folies-Dramatiques, 09 avril 1881) les Deux Roses (Betzi) d’Hervé (Folies-Dramatiques, 20 octobre 1881) le Petit Parisien (le Petit Parisien) de Léon Vasseur (Folies-Dramatiques, 16 janvier 1882) Fanfan-la-Tulipe (Pimprenelle) de Louis Varney (Folies-Dramatiques, 21 octobre 1882) la Princesse des Canaries (Pépita) de Charles Lecocq (Folies-Dramatiques, 09 février 1883) la Vie mondaine (Georgette) de Charles Lecocq (Nouveautés, 13 février 1885) la Fauvette du Temple (Thérèse) d’André Messager (Folies-Dramatiques, 17 novembre 1885) Ali-Baba (Morgiane) de Charles Lecocq (Alhambra de Bruxelles, 11 novembre 1887) le Dragon de la reine (Sedaine) de Léopold de Wenzel (Alhambra de Bruxelles, 25 mars 1888) la Petite Fronde (Madame Jacobin) d’Edmond Audran (Folies-Dramatiques, 16 novembre 1888) le Voyage de Suzette (Suzette) de Léon Vasseur (Gaîté, 20 janvier 1890) la Femme de Narcisse (Estelle) de Louis Varney (Renaissance, 14 avril 1892) Miss Robinson (Eva) de Louis Varney (Folies-Dramatiques, 17 décembre 1892) Mam’zelle Carabin d’Emile Pessard (Bouffes-Parisiens, 03 novembre 1893) les Forains (Olympia) de Louis Varney (Bouffes-Parisiens, 09 février 1894) le Bonhomme de neige (Ariella) d’Antoine Banès (Bouffes-Parisiens, 19 avril 1894) l’Enlèvement de la Toledad (la Toledad) d’Edmond Audran (Bouffes-Parisiens, 17 octobre 1894) la Duchesse de Ferrare (Nadège) d’Edmond Audran (Bouffes-Parisiens, 25 janvier 1895) la Dot de Brigitte (Brigitte) de Gaston Serpette et Victor Roger (Bouffes-Parisiens, 06 mai 1895) les Sœurs Gaudichard d’Edmond Audran (Gaîté-Lyrique, 21 avril 1899) Mademoiselle George (Mademoiselle George) de Louis Varney (Variétés, 02 décembre 1900)
|
Juliette Simon-Girard
Elle entra de bonne heure au Conservatoire, où, dans la classe de Régnier, elle obtint en 1876 le premier accessit de comédie. Elève de sa mère pour le chant, elle débuta aux Folies-Dramatiques le 10 février 1877, par le rôle de Carlinette dans la Foire Saint-Laurent, d'Offenbach. Elle créa ensuite, le 9 avril de la même, année, Serpolette des Cloches de Corneville. Elle a rendu populaires le rondeau du premier acte, la chanson de la Peur et surtout les couplets des Pommes. (Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866-1876)
Digne fille de sa mère, elle possède la gentillesse, l'intelligence, la grâce juvénile, la gaieté naturelle qui font les vrais artistes d'opéra-comique populaire. Personne ne dit mieux que la nouvelle diva des Folies-Dramatiques la chanson villageoise, et, sans grande étendue de voix, ne chante avec plus de finesse et d'agrément. Elle contribua grandement, le 28 décembre 1878, à la réussite de Madame Favart, d'Offenbach, puis se maria l'année suivante avec M. Simon-Max, un jeune ténor également aimé du public. Depuis, la vaillante comédienne a créé, le plus souvent à côté de son mari : Stella, de la Fille du tambour-major, un de ses bons rôles ; Camille, du Beau Nicolas (1880) ; Francine, de la Mère des compagnons ; Marianna, des Poupées de l'infante (1881) ; Betzi, des Deux Roses ; le Petit Parisien (1882) ; Pimprenelle, de Fanfan la Tulipe ; Pépita, de la Princesse des Canaries (1883). Elle reprit, en 1883, Jeanne, Jeannette et Jeanneton, et eut un vif succès. Elle passa aux Nouveautés en 1885 pour y créer Georgette, de la Vie mondaine. Revenue aux Folies-Dramatiques, elle remplaça Mlle Marguerite Ugalde dans le rôle de d'Artagnan, des Petits Mousquetaires, et alla jouer ensuite, au Châtelet, Pierrette, de la Chatte blanche. En faisant sa rentrée aux Folies, elle maintint longtemps sur l'affiche la Fauvette du Temple, qui fut une de ses meilleures créations. On la revit de nouveau, en 1887, au Châtelet, dans la Chatte blanche ; puis elle partit ensuite, en compagnie de son mari, pour Bruxelles, où elle créa, à l'Alhambra, Morgiane, d'Ali-Baba de Lecocq, et Sedaine, du Dragon de la reine de Wenzel (1888). Engagée à la Gaîté, elle revint jouer à Paris cette dernière pièce, puis reprit Irma, du Grand Mogol. Elle a créé, en 1888, Madame Jacobin, de la Petite Fronde. « Sa voix s'est agrandie, dit M. Léon Kerst, sans perdre de sa souplesse, et la comédienne possède autant que quiconque l'art d'envoyer les effets. » (Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 2e supplément, 1888)
|
Juliette Simon-Girard dans la Fille de Madame Angot (Clairette) à la Gaîté en 1899
Une figure ronde, dévorée par deux yeux extraordinaires énormes, la bouche grande, bien meublée, une gaieté d'enfant, communicative et prenante, et voilà Mme Simon-Girard, la Thérèse de la Fauvette du Temple, la fauvette même du théâtre et de la pièce. C'est un vrai régal pour un chroniqueur lorsqu'il a la bonne fortune d'avoir à parler d'artistes de la valeur de M. et Mme Simon‑Girard. Leur nom n'est-il pas depuis plusieurs années synonyme de succès et triomphes ? Si chacun de nous a son étoile, M. Cantin peut se vanter d'en avoir deux, et la moins brillante n'est probablement pas celle qui, sous les traits de Serpolette ou de Mme Favart, charme le public avec son talent délicat et gracieux. M. Simon-Max, ténor au même théâtre, épousa la gentille diva (1879), et leur union forma le duo d'opérette si accompli, si apprécié, qui fit la fortune de leur directeur. Pas de créations ni de reprises sans eux ; ils sont les principaux éléments de succès au théâtre des Folies-Dramatiques. Pourtant, c'est à la comédie et non point à la carrière musicale, que sa mère, l'excellente artiste de l'ancien Théâtre-Lyrique et de l'Opéra-Comique destinait tout d'abord sa fille. L'enfant avait été placée au Conservatoire, dans la classe de l'éminent professeur Regnier, et à l'âge de dix-sept ans, elle obtenait un premier accessit de comédie, avec une scène du Philosophe marié, rôle de Finette. — Chacun avait remarqué son espièglerie, sa verve, sa finesse, l'expression entraînante de sa physionomie, ses allures libres et naturelles on voyait en elle une soubrette d'avenir. On la remettait à l'année suivante pour lui voir remporter aux concours un beau premier prix de comédie. Mais le sort en a décidé autrement. Juliette Girard possédait une fort jolie petite voix, que lui connaissaient seulement les personnes vivant dans son intimité. — Ce cercle de ses connaissances s'agrandit : des directeurs de théâtres, des journalistes, des directeurs d'agences dramatiques vinrent la complimenter, furent séduits par la vivacité de son intelligence, et l'un de ces derniers, M. Giacomelli, lui proposa un engagement brillant, si elle voulait quitter la comédie pour l'opérette. Six mois après, le 10 février 1877, Juliette Girard débutait aux Folies-Dramatiques ; elle avait alors dix-sept ans et demi. Son jeu naturel, sa voix fraîche, la rendirent immédiatement sympathique, et la presse, à l'unanimité, fit son éloge. Elle était, à partir de ce jour, l'étoile de ce théâtre. C'est le rôle de Carlinette de la Foire Saint-Laurent, opéra bouffe en trois actes, de MM. Saint-Albin, Hector Crémieux, Ernest Blum, musique de Jacques Offenbach, qui lui servit de début ; elle devait voir son succès s'accroître bien davantage à sa seconde création. Serpolette, des Cloches de Corneville, devint pour elle un petit triomphe ; jamais ovations plus flatteuses, et sincèrement méritées d'ailleurs, ne furent prodiguées à une artiste ; on ne saurait, en effet, se rendre plus aimable, pimpante, et faire preuve en si peu de temps d'un talent si souple et si accompli. Ce rôle fut pour elle une création parfaite, qui marquera certainement dans la carrière artistique de cette aimable chanteuse. La petite Girard grandissait au théâtre, non seulement au physique, mais encore comme artiste. Toutes ses créations furent dès lors de véritables triomphes, et si quelques-uns des ouvrages n'ont pas complètement réussi, l'interprétation était toujours pour Mlle Girard l'objet de compliments de toute la presse parisienne. Ses créations ne se comptent plus, citons-en cependant quelques-unes, qui ont valu à l'artiste des éloges sans nombre et des plus mérités pour le gracieux talent de cette jeune reine de l'opérette : Madame Favart, la Fille du Tambour-Major, le Beau Nicolas, la Mère des Compagnons, reprise de la Fille de Madame Angot, les Poupées de l'Infante, Pâques fleuries, le Petit Parisien, Fanfan-la-Tulipe, Jeanne, Jeannette et Jeanneton, et enfin la Fauvette du Temple qu'elle joue en ce moment ; chaque soir elle se voit choyée, applaudie à outrance par tout Paris ; partout où elle ira ce sera de même, car bien réellement on ne peut faire mieux en ce genre. Je suis bien certain d'être l'interprète de tous ceux qui l'ont vue et entendue, en lui présentant ici le sincère aveu de mon admiration, pour son talent si jeune et si séduisant.
(Maurice Predel, Paris-Artiste n° 79, 1886)
|
Juliette Simon-Girard dans la Belle Hélène (Hélène) aux Variétés en 1900
Discographie
|