Mariette SULLY
Mariette Sully dans le Voyage avant la noce (Thylda) en décembre 1902, photo Reutlinger [BNF]
Marie Adolphine POTTELET dite Mariette SULLY
soprano belge
(en Belgique, 09 décembre 1874 – 42 rue de Sèvres, Paris 7e, 20 avril 1950*)
Epouse à Westminster, Angleterre, le 29 juillet 1908 (divorce à Paris le 27 juillet 1911 [acte transcrit à Paris 16e le 11 novembre 1911*]) Frans Jean Ernest Lucien THYS (Schaerbeek, Belgique, 23 septembre 1881* – Ixelles, Belgique, 29 juillet 1944), avocat belge [remarié à Bruxelles, Belgique, le 07 décembre 1911 avec Marthe GARRIGUES (Paris 9e, 18 septembre 1891* – Bauzy, Loir-et-Cher, 11 novembre 1983)], fils de Jean Baptiste Joseph Albert THYS (Dalhem, Belgique, 28 novembre 1849 – Bruxelles, 10 février 1915), général et homme d'affaires belge.
Elle fit d'abord ses études pour l'obtention du brevet supérieur, puis aborda le théâtre. Elle débuta au Casino de Nice en 1893 dans l'emploi des secondes chanteuses, passa ensuite à Monte-Carlo puis à Bucarest où elle joua le Grand Mogol (Irma). Engagée aux Bouffes-Parisiens, elle débuta le 09 février 1894 en créant les Forains (Clorinde) de Louis Varney, et y créa le 19 avril suivant le Bonhomme de neige (Edwige) d'Antoine Banès ; puis elle chanta Miss Helyett aux Menus-Plaisirs. Elle débuta ensuite à la Gaîté en reprenant Rip (Kate) le 18 octobre 1894. Elle repris successivement à ce théâtre le Grand Mogol (Irma), les 28 Jours de Clairette (Clairette), y créa le 22 novembre 1895 Panurge (Caterina) de Robert Planquette, repris une seconde fois les 28 Jours de Clairette (Clairette), joua les Cloches de Corneville (Serpolette), et créa le 21 octobre 1896 la Poupée (Alésia) d'Edmond Audran et, le 15 novembre 1897, Mam'zelle Quat'sous (Thérésette) de Robert Planquette, et pris le rôle de Rose Michon dans la Jolie Parfumeuse le 12 février 1898. Entre temps, elle avait créé la commère de Paris-Fumiste, revue de l'été 1896 aux Folies-Marigny. Le 20 septembre 1898, elle créa les Quatre Filles Aymon (Micheline) de Paul Lacôme aux Folies-Dramatiques. Passée aux Bouffes-Parisiens, elle y créa le 10 décembre 1898 Véronique (Hélène) d'André Messager ; le 04 octobre 1899 la Demoiselle aux camélias (Césarine) d'Edmond Missa ; le 23 novembre 1899 Shakespeare ! (Eponine) de Gaston Serpette. Puis elle créa le 22 décembre 1900 le Petit Chaperon rouge (Nichette) de Marius Baggers au Théâtre du Châtelet ; le 10 janvier 1902 la Bouquetière du Château-d'Eau (Rosinette) de Constantin Lubomirski au théâtre du Château-d'Eau ; le 18 avril 1902 Princesse Bébé (Maïa) de Louis Varney aux Nouveautés ; le 19 décembre 1902 le Voyage avant la noce (Thylda) de Louis Varney au théâtre Trianon ; en novembre 1904 Country girl (Sophie) de Lionel Monckton [version française de Victor de Cottens et Fordyce] à l'Olympia ; le 13 février 1905 les Dragons de l'Impératrice (Cyprienne) de Messager au Théâtre des Variétés ; le 14 avril 1906 Hans, le joueur de flûte (Lisbeth) de Louis Ganne au théâtre de Monte-Carlo ; en 1908 Œil de gazelle de Justin Clérice à Monte-Carlo ; le 14 décembre 1910 Rhodope (Rhodope) de Louis Ganne au Casino de Monte-Carlo ; en 1912 la Rose de Grenade de Valverde à l'Olympia ; le 18 novembre 1916 les Maris de Ginette (Ginette) de Félix Fourdrain au théâtre de l'Apollo ; le 26 avril 1917 la Fiancée du lieutenant d'Henri Goublier au théâtre de l'Apollo. Elle a également participé aux reprises des P'tites Michu (Blanche-Marie) en 1900 aux Folies-Dramatiques ; la Petite Bohème (Musette) le 03 février 1907 aux Variétés ; Véronique (Hélène) le 30 janvier 1909 aux Folies-Dramatiques avec le baryton belge René Vermandèle (Florestan). Après de longues années d'absence, elle créa le 25 septembre 1935 la Nuit est belle (Madame Denizot) d'Henri Goublier au théâtre Antoine, aux côtés de Vanni-Marcoux.
En 1912, elle habitait 65 rue du Ranelagh à Paris 16e ; en 1942, 17 rue de Sèvres à Paris 6e. Elle est décédée en 1950 à soixante-et-onze ans, domiciliée 18 rue Servandoni à Paris 6e. Elle est enterrée au cimetière parisien de Thiais (62e division).
bottin mondain de 1942
Mariette Sully en 1895 [photo Nadar]
La mignonne créatrice du rôle de Thérèse Rascalou dans Mam'zelle Quat'sous, est une des étoiles de l'opérette les plus aimées des Parisiens. Petite et mignarde, distinguée et intelligente, c'est après avoir obtenu son brevet supérieur qu'elle bifurqua tout d'un coup vers le théâtre, débutant comme seconde chanteuse au Casino de Nice, puis à Monte-Carlo et à Bucarest. En 1894, elle vint à Paris où elle se fit remarquer dans diverses créations, les Forains, le Bonhomme de neige, aux Bouffes-Parisiens, et reprit le rôle de Miss Hélyett, aux Menus-Plaisirs, puis à la Gaîté, Kate, de Rip ; Clairette, des 28 jours de Clairette ; Serpolette, des Cloches de Corneville, et, enfin, créa la rôle de Catarina, dans Panurge et celui d'Alésia, dans la Poupée, dont l'originale et artistique conception l'a placée au premier rang de nos artistes. A créé aussi le rôle de la commère dans la revue estivale, Paris-Fumiste, à Marigny. (Annuaire des Artistes, 1898)
Se destinait à l'enseignement et obtint son brevet supérieur. Elle aborda le théâtre au Casino de Nice, en qualité de seconde chanteuse. — Monte-Carlo et Bucarest l'applaudirent dans le rôle d'Irma, du Grand Mogol. Entrée aux Bouffes-Parisiens en 1894, elle y fit des créations dans les Forains et le Bonhomme de neige. Aux Menus-Plaisirs, elle reprit Miss Helyett, et elle débuta à la Gaîté dans la joyeuse Kate, de Rip ; reprit plusieurs rôles, créa Clairette des 28 Jours de Clairette, Serpolette des Cloches de Corneville, Catarina, de Panurge ; Alesia, de la Poupée, où ingénieusement articulée, elle s'est décidément posée en étoile. En l'applaudissant dans ce rôle, on se rappelait madame Beaugrand dans Coppélia, où la sylphide personnifiait si plaisamment une poupée. Miniature, petit Saxe d'une vivacité, d'une adresse, d'une turbulence réjouissante. Et, de plus, fine et intelligente et chantant avec beaucoup de charme. (Adrien Laroque, Acteurs et actrices de Paris, juillet 1899)
Mlle Mariette Sully est, à cette heure, au premier rang de nos divettes parisiennes, elle met dans tous ses rôles une gaminerie gracieuse, un entrain endiablé et un art spirituel de chanteuse. Elle est née en Belgique. Après avoir fait ses études pour l'obtention du brevet supérieur, elle aborda le théâtre et débuta au Casino de Nice dans l'emploi des secondes chanteuses, passa ensuite à Monte-Carlo, puis à Bucarest où elle joua Irma du Grand Mogol. Engagée aux Bouffes-Parisiens, elle débuta dans les Forains (création 1894), créa ensuite le Bonhomme de Neige au même théâtre, puis chanta Miss Helyett aux Menus-Plaisirs. Engagée enfin, à de très brillantes conditions, au théâtre de la Gaîté, elle reprend le rôle de Kate dans Rip, Clairette dans les 28 Jours de Clairette, crée Catarina dans Panurge (1895), chante Serpolette des Cloches de Corneville et crée le rôle d'Alesia dans la Poupée (1896), crée le rôle de Thérèse Rascalou dans Mam'zelle Quat'sous (1897), joue Rose Michon dans la Jolie Parfumeuse (1898) et passe, la même année, aux Bouffes-Parisiens, pour y créer Véronique dans Véronique (10 décembre 1898), Césarine dans la Demoiselle aux Camélias et Eponine dans Shakespeare. Le 22 décembre 1900, elle crée au théâtre du Châtelet le rôle de Nichette du Petit Chaperon rouge. Depuis, Mlle Mariette Sully, séduite par de brillants engagements, s'est fait vivement applaudir et a remporté des triomphes éclatants, notamment à Monte-Carlo, à Lisbonne, à Madrid, etc. Elle a été, en 1902, engagée au théâtre du Château-d'Eau pour y créer le rôle de Rosinette dans la Bouquetière du Château-d'Eau, de M. Lubomirski. Elle est l'étoile applaudie, cet hiver, de la troupe de Trianon-Théâtre où son succès, comme toujours, est éclatant. (Annuaire des Artistes, 1903)
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Mariette Sully dans les P'tites Michu (Marie-Blanche) aux Folies-Dramatiques en 1900 [photo atelier Nadar]
Mariette Sully dans les P'tites Michu (Marie-Blanche), photo atelier Nadar [BNF]
Mariette Sully dans le Voyage avant la noce (Thylda) en décembre 1902
La gifle des Bouffes
J'avais espéré que les deux artistes des Bouffes-Parisiens, dont l'une a giflé l’autre, se réconcilieraient hier devant le juge de paix du tribunal de simple police. Il faut en rabattre. La plaignante et la prévenue sont restées sourdes aux exhortations paternelles du bon juge. Nous pouvons les nommer aujourd'hui. Toutes deux sont jolies et répondent aux noms de Tariol-Baugé et Mariette Sully. C'est la première qui a laissé tomber sa main sur la figure de la seconde. Voici d’ailleurs les faits : Le 13 avril dernier, au troisième acte de Véronique, Mlle Tariol-Baugé qui s'était déjà plainte de ce que Mlle Mariette Sully lui coupait ses effets par des sorties intempestives qui ne lui permettaient la réplique, ayant constaté ce soir une nouvelle sortie, aborda sa camarade dans les coulisses, et lui dit, la main levée : - Vous allez rentrer en scène pour ma réplique, et tout de suite ! Mlle Mariette Sully s'y étant refusée, Mlle Tariol-Baugé laissa tomber sa main sur son visage, et comme Mlle Sully battait en retraite, elle la poursuivit en criant : - Rentrez, rentrez donc, ou je recommence ! Et elle allait donner une sœur à sa première gifle, lorsqu'un machiniste intervint et sépara les deux adversaires. Mlle Mariette Sully attendit trois jours avant de porter plainte contre Mlle Tariol-Baugé, espérant que celle-ci viendrait lui faire des excuses. Ne voyant rien venir, comme Sœur Anne, elle se décida le 16 avril à envoyer la lettre suivante au commissaire de police du quartier Gaillon :
Monsieur le commissaire de police, M'étant refusée de déférer au désir de Mme Tariol-Baugé pendant que je me trouvais dans les coulisses, le 13 avril courant, elle m'a appliqué sur la figure une gifle, s’apprêtant à m’en donner une seconde lorsqu'un machiniste est intervenu pour nous séparer. J'ai attendu jusqu'à ce jour pour déposer cette plainte, pensant qu'avec un peu de réflexion, Mme Tariol-Baugé comprendrait l'indignité de sa conduite. Puisqu'elle ne manifeste aucun regret, je dépose une plainte. Veuillez, etc. Mariette Sully.
Le parquet, bon prince, pria le commissaire de police de faire tous ses efforts pour amener une réconciliation entre les deux artistes. Ce magistrat, du 16 avril au 23 septembre, c'est-à-dire pendant cinq mois fit comparaître à plusieurs reprises la gifleuse et la giflée mais ce fut en pure perte. Mlle Tariol-Baugé ne voulut pas reconnaître ses torts, et Mlle Mariette Sully persista dans sa plainte. Il a fallu plaider. Le résultat a été une condamnation, pour violences légères, à deux francs d'amende pour Mlle Tariol-Baugé. Cette amende aurait pu être transformée en une journée de travail, d'après le Code de Brumaire an IV. Voyez-vous Mlle Tariol-Baugé allant casser des cailloux pendant douze heures sur la route de Sèvres. Quelle revanche pour Mlle Mariette Sully !
(Amédée Blondeau, le Rappel, 23 octobre 1899)
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"J'aime à la voir fouler nerveusement les planches
De tout autre façon que vous, Mounet-Sully,
Et l'état où je suis en reluquant ses hanches,
Me fait rêver d'avoir Mariette... Sully."
(Félix Galipaux, Paris qui chante, 15 mars 1903)
Mariette Sully devant l'affiche de Country girl [Paris qui chante, 20 novembre 1904]
Mariette Sully dans Country girl (Sophie) [Paris qui chante, 20 novembre 1904]
Mariette Sully (Sophie) dans la scène du Tableau, de l'acte I de Country girl [Paris qui chante, 20 novembre 1904]
Paris qui chante n° 146 du 05 novembre 1905 consacré à Mariette Sully
Mariette Sully en décembre 1905
de g. à dr; : Juliette Adam, Mariette Sully et Marthe Brandès au Cap Martin (la Vie heureuse, mars 1907)
Mariette Sully de l'Apollo, portant une création Ida-Margueritte, 1910 [photo Félix]
Mariette Sully en 1925
Discographie
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Brindisi "Le punch scintille" extrait de l'acte II de Giroflé-Girofla de Lecocq Mariette Sully (Giroflé) et Orchestre Odéon X 60836, mat. xP 4141, enr. le 01 juin 1908
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"Qui se souvient ?" Souvenirs sur la création de Véronique de Messager Mariette Sully, créatrice du rôle d'Hélène
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