Marguerite UGALDE
Marguerite Ugalde [photo Franck, Chalot et Cie]
Marie Louise Marguerite VARCOLLIER dite Marguerite UGALDE
mezzo-soprano français
(36 rue Saint-Marc, Paris 2e, 30 juin 1861* – 29 rue de la Santé, Paris 13e, 06 juillet 1940*)
Fille de Delphine UGALDE (1828–1910), soprano, et de François VARCOLLIER.
Mère naturelle d'Adèle Delphine Marguerite Jeanne VARCOLLIER dite Jeanne UGALDE (Paris 16e, 19 mars 1888* – Falaise, Calvados, 05 mai 1956), actrice.
Elève de sa mère, elle débuta à Etretat en 1879. Engagée à l'Opéra-Comique, en 1880, elle y débuta dans la Fille du régiment, y fut très bien accueillie, et quitta ce théâtre deux ans après, pour se consacrer au genre de l'opérette. Elle entra aux Nouveautés : elle y créa le Jour et la Nuit (05 novembre 1881), le Droit d'aînesse (1883), l'Oiseau bleu (1884), etc. Elle alla créer les Petits Mousquetaires aux Folies-Dramatiques et revint aux Nouveautés créer le Petit chaperon rouge, Serment d'amour (1886). Elle passa aux Bouffes-Parisiens (1887), créer plusieurs rôles. Elle fit ensuite des tournées en Belgique (1888-1889). Elle rentra aux Nouveautés, dans le Royaume des femmes (22 février 1889). Elle passa au Gymnase en octobre 1890 ; elle y créa des pièces de théâtre : l'Art de tromper les femmes (Colinette) d’Emile de Najac et Paul Ferrier (07 octobre 1890) ; Mon oncle Barbassou (Koudjé) d’Emile Blavet et Fabrice Carré (06 novembre 1891). Elle retourna à l’opérette, et créa les 28 Jours de Clairette, aux Folies-Dramatiques (03 mai 1892), et y reprit Juanita ; elle reprit aux Variétés, les Brigands (30 novembre 1893), Gentil Bernard (1894), Chilpéric (1895). Elle joua dans Une semaine à Paris, revue de Blondeau et Monréal (1896), créa Sa Majesté l'Amour de Victor Roger à l'Eldorado (24 décembre 1896) ; reprit les 28 jours de Clairette, à la Gaîté (1900). Elle joua ensuite des pièces de théâtre : le Bourgeois gentilhomme (Nicole) de Molière (Gaîté, 1904) ; le Malade imaginaire (Toinette) de Molière (Gaîté, 1905) ; le Jouet (Mme Brémont) [Théâtre Femina, 1908].
En 1888, elle habitait 48 rue Pergolèse à Paris 16e ; en 1895, 34 rue de l’Arcade à Paris 8e ; en 1902, 5 rue Gounod à Paris 17e. Elle est décédée en 1940, célibataire, à soixante-dix-neuf ans, domiciliée 12 rue du Sergent-Maginot à Paris 16e. Elle est enterrée au cimetière de Montmartre (33e division).
=> Marche française, paroles et musique de Marguerite Ugalde, créée par Marie Delna (1915)
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Elle y débuta le 19 avril 1880 dans la Fille du régiment (Marie).
Elle y créa le 11 octobre 1880 le Bois (Mnazile) d’Albert Cahen ; le 10 février 1881 les Contes d’Hoffmann (Nicklausse) de Jacques Offenbach. |
Opérettes créées
le Jour et la nuit (Manola) de Charles Lecocq (Nouveautés, 05 novembre 1881) le Droit d’aînesse (Falka) de Francis Chassaigne (Nouveautés, 27 janvier 1883) le Premier baiser (Suzel) d’Emile Jonas (Nouveautés, 21 mars 1883) l’Oiseau bleu (Stenio Strozzi) de Charles Lecocq (Nouveautés, 16 janvier 1884) la Nuit aux soufflets (Hélène) d’Hervé (Nouveautés, 18 septembre 1884) les Petits Mousquetaires (D’Artagnan) de Louis Varney (Folies-Dramatiques, 05 mars 1885) le Petit Chaperon rouge (Denisette) de Gaston Serpette (Nouveautés, 10 octobre 1885) Serment d’amour (Rosette) d’Edmond Audran (Nouveautés, 19 février 1886) le Singe d’une nuit d’été de Gaston Serpette (première aux Bouffes-Parisiens, 01 septembre 1886) les Grenadiers de Mont-Cornette (Tonio) de Charles Lecocq (Bouffes-Parisiens, 04 janvier 1887) la Gamine de Paris (Titine) de Gaston Serpette (Bouffes-Parisiens, 30 mars 1887) le Royaume des femmes (Joveline) de Gaston Serpette (Nouveautés, 22 février 1889) Juanita (René Belamour) de Franz von Suppé (première aux Folies-Dramatiques, 04 avril 1891) les 28 jours de Clairette (Clairette) de Victor Roger (Folies-Dramatiques, 03 mai 1892)
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Marguerite Ugalde en 1885 [photo Nadar]
Née à Paris, Marguerite Ugalde resta en pension jusqu'à l'âge de seize ans, sans avoir manifesté, auprès de sa mère, son intention d'embrasser la carrière du théâtre. Et pourtant le démon de la scène la poursuivait déjà, car un soir, la jeune pensionnaire avait joué la comédie avec ses camarades, et qui plus est, en travesti, sous un costume emprunté à un de ses cousins, dans la petite pièce de M. Verconsin, qui a pour titre En Wagon. A seize ans donc, et quoique Mme Ugalde ne songeât point encore à l'en retirer, la fillette quitta sa pension et fit connaître à sa mère son désir de chanter. Grand étonnement de celle-ci qui ne lui connaissait point alors une voix et n'avait pas de raisons pour lui supposer un tempérament d'artiste. Mais l'enfant se fit bientôt apprécier à sa juste valeur, et cela d'autant mieux qu'elle était en présence d'un juge trop éclairé pour ne pas comprendre de suite toutes les ressources que l'on pouvait tirer de sa brillante nature. L'intelligence de la jeune fille était si vive et ses dons naturels si précieux, qu'au bout de trois mois d'études avec sa mère elle fut en mesure d'affronter une audition à l'Opéra-Comique où M. Carvalho, frappé de la qualité et de l'étendue de sa voix de mezzo-soprano, lui fit signer immédiatement un engagement de première chanteuse. L'époque des débuts fut fixée à plusieurs mois de délai, Mme Ugalde désirant fort justement que sa fille s'exerçât quelque peu sur une petite scène avant de paraître sur le théâtre qu'elle avait elle-même rempli de ses exploits. C'est à Etretat, au casino, pendant l'été de 1879, que Marguerite Ugalde fit son premier essai en public, pendant la courte saison des bains ; elle ne s'y ménagea pas, au grand contentement de ses auditeurs. Elle y joua la Surprise de l'Amour, la Servante Maîtresse, les Noces de Jeannette et Une Halte au Moulin, joli petit ouvrage dont la musique est de sa mère et qui fut joué jadis aux Bouffes-Parisiens. Elle s'y montra là sous trois personnages différents : une fermière, un chevau-léger et une vieille marquise. Sa crânerie, sa verve amusante, sa jeunesse inconsciente du danger y firent fureur, et tous ceux qui l'entendirent alors pronostiquèrent des succès à venir. Pour ses débuts à l'Opéra-Comique sa mère avait rêvé le Domino noir pièce dans laquelle elle-même avait débuté à 17 ans, c'est-à-dire à l'âge qu'allait avoir sa fille. Mais le rôle était en possession de Mlle Isaac qui ne voulut pas le céder. On rencontre souvent de ces jalousies d'artistes et ce fait ne m'étonne nullement de Mlle Isaac qui justement n'a jamais joué le rôle d'Angèle d'une façon remarquable, je puis bien faire cette critique sans rien ôter de mon estime pour la remarquable virtuose. Le Domino noir étant refusé, Mignon venait ensuite. La jeune artiste en avait chanté des morceaux devant Ambroise Thomas qui l'y avait fort goûtée. Mais là encore une impossibilité absolue se dressa. Mlle Van Zandt tenait à garder ce rôle, où elle avait fait preuve d'une remarquable personnalité, M. Carvalho ne pouvait que respecter le désir très légitime de sa pensionnaire. Pressée de paraître sur les planches, la jeune fille tourmentait sans cesse son directeur, qui ne trouva rien de mieux que de lui offrir la Fille du Régiment, délicieux ouvrage toujours monté. Mme Ugalde qui savait par expérience combien ce rôle est redoutable à tenir pour une débutante, surtout lorsque cette débutante est une enfant, ne vit pas cela d'un bon œil, mais la jeune fille fiévreuse et impatiente de se produire, apprit le rôle en 15 jours et le joua après 5 répétitions seulement. Elle y réussit, et les vieux habitués de l'Opéra-Comique qui redoutaient pour elle une aussi formidable épreuve, furent vaincus par le brio, la verve, la facilité extraordinaire que déploya la vaillante enfant. Le répertoire était tenu par Mlles Isaac, Van Zandt, Mézeray, et Mme Bilbaut-Vauchelet. Marguerite Ugalde n'avait donc aucune occasion de remplir l'emploi de première chanteuse pour lequel elle avait été engagée. Elle créa le Bois, un petit acte qui dut tout son succès au frais talent de la jeune chanteuse, puis un travesti le personnage de Nicklaus dans les Contes d'Hoffmann. Ces petits rôles ne suffisaient ni à son activité dévorante ni à sa juste ambition. Voyant le chemin barré à l'Opéra-Comique elle n'hésita pas à accepter un engagement brillant aux Nouveautés pour y faire une création dans le Jour et la nuit. Ce n'est pas un succès que Marguerite Ugalde a remporté aux Nouveautés, c'est une série d'ovations qui constituent un triomphe complet. Après le Jour et la nuit vint une reprise de Fatinitza, puis des créations dans le Droit d'aînesse, le Premier baiser, la Nuit aux soufflets, les Petits mousquetaires. Mlle Marguerite Ugalde va devenir la pensionnaire de M. Carvalho pour tenir les premiers emplois sur la première scène lyrique de genre, qu'illustra si vivement sa mère. Malgré les efforts qu'ont fait les directeurs des théâtres d'opérettes pour accaparer un talent qui est de nature à remplir leur caisse, c'est à la salle Favart que ce talent ira bientôt resplendir et cela par la force des choses. (Maurice Predel, Paris-Artiste, 08 août 1885)
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Elle resta dans un pensionnat jusqu'à l'âge de seize ans. C'est en jouant avec ses compagnes un travesti dans le Wagon, de M. Verconsin, qu'elle prit le goût du théâtre. Il lui suffit d'étudier trois mois sous la direction de sa mère pour être en état de paraître devant le public. Elle chanta pour la première fois, en 1879, au casino d'Etretat, où elle fut vivement applaudie. Engagée par M. Carvalho, sur une seule audition, elle débuta, le 19 avril 1880, à l'Opéra-Comique dans Marie, de la Fille du régiment. « Mlle Ugalde, dit M. Edouard Noël, possède une jolie voix de mezzo-soprano, qu'elle conduit avec une très grande sûreté, et vocalise avec un goût mélangé d'une certaine audace qui ne déplaît point. » Elle créa ensuite Mnazile, du Bois de Cahen, et Nicklausse, des Contes d'Hoffmann d'Offenbach (1881). Elle quitta bientôt la salle Favart pour entrer aux Nouveautés, où elle se révéla tout à fait le 5 novembre suivant, sous les traits de Manola, du Jour et la Nuit, dont le succès se prolongea pendant près d'une année. Elle créa tour à tour Falka, du Droit d'aînesse (1883) ; Suzel, du Premier Baiser ; Stenio, de l'Oiseau bleu (1884), puis passa aux Folies-Dramatiques, où elle produisit beaucoup d'effet dans d'Artagnan, des Petits Mousquetaires (1885). Revenue aux Nouveautés, dont elle était toujours la pensionnaire, elle contribua à la réussite du Petit Chaperon rouge, de Serpette, et du Serment d'amour, d'Audran (1886). Devenue libre, elle alla créer au théâtre des Bouffes-Parisiens, que dirigeait sa mère, Tonio-Toinette, des Grenadiers de Mont-Cornette (1887), et Titine, de la Gamine de Paris. Elle ne put, malgré une grande dépense de talent, sauver une direction qui chancelait depuis longtemps. Après cette tentative tardive, elle partit pour la Belgique, où elle interpréta avec beaucoup de succès Boulotte, de Barbe-bleue, et Rose Michon, de la Jolie Parfumeuse. Elle fit sa rentrée aux Nouveautés, le 22 février 1889, par le rôle de Joveline, du Royaume des femmes. (Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 2e supplément, 1889)
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Marguerite Ugalde dans le Jour et la Nuit (Manola)
Bon sang ne peut mentir. Marguerite Ugalde tient de sa mère une voix aussi belle que jolie, un grand talent de chanteuse et un esprit qui fait d'elle une adorable comédienne. — C'est dans les Contes d'Hoffmann, d'Offenbach, qu'elle débuta à l'Opéra-Comique. Puis, elle se lança dans l'opérette. Ses créations et ses intéressantes prises de possession de rôles sur les scènes de genre ne se comptent plus, aux Nouveautés, aux Folies, aux Bouffes-Parisiens (alors que sa mère dirigeait ce théâtre) furent pour la sémillante artiste autant de succès. Marguerite Ugalde aborda la comédie : au Gymnase, sous la direction Koning ; elle créa le rôle de Colinette, dans l'Art de tromper les femmes, et Koudjé, de Mon Oncle Barbassou. Dans Chilpéric, aux Variétés, elle a su s’approprier Frédégonde avec une fantaisie et une grâce toutes personnelles ; cette nouvelle incarnation du personnage est une nouvelle création. Marguerite Ugalde porte le travesti comme Déjazet ; ce n’est pas peu dire. Elle possède le charme… et le chic, et elle a le diable au corps. (Adrien Laroque, Acteurs et actrices de Paris, 1899)
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tombe de Marguerite Ugalde, où elle est enterrée avec sa mère et sa fille Jeanne, au cimetière de Montmartre [photo ALF, 2022]