Beppo

 

Beppo, valse pour piano par Jean Conte, d'après son opéra-comique, illustration d'Antoine Barbizet (1876)

 

 

Opéra-comique en un acte, livret de Louis GALLET, d'après Beppo, poème de lord Byron, musique de Jean CONTE.

 

Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 30 novembre 1874.

 

 

créateurs

Mmes Adèle FRANCK [FRANCK-DUVERNOY]
Jeanne NADAUD
MM. CHARELLI
René NEVEU
Charles Gustave LAURENT

 

 

 

 

L'Opéra-Comique a donné lundi dernier la première représentation d'un petit acte intitulé Beppo, paroles de M. Louis Gallet, musique de M. Jean Conte. On nous a dit que le livret de Beppo était tiré d'une nouvelle de Byron. Franchement, on ne s'en douterait pas, tellement le sujet de la pièce, toute question de forme et de construction mise à part, est absolument nul. Si encore cela se rachetait par de jolis détails, par un dialogue heureux ! Mais non, il n'y a là-dedans rien qui puisse amuser, intéresser, ou seulement distraire. Ce n'est assurément pas avec de tels canevas qu'on inspirera nos jeunes musiciens, et il paraît malheureusement certain
aujourd'hui qu'on ne sait plus faire un poème d'opéra-comique, même en un acte. Voyez Djamileh, la Princesse jaune, les Trois souhaits. Est-ce que tout cela est du théâtre ! où sont les beaux jours du Calife de Bagdad, des Petits Savoyards, du Nouveau Seigneur, du Concert à la cour, du Chalet, de Gille ravisseur, des Noces de Jeannette ?... Voilà au moins qui était scénique, mouvementé, intéressant, et vraiment musical.

M. Jean Conte, l'auteur de la partition de Beppo, est un « jeune musicien » de quarante-six ans. Ancien élève de Carafa, il obtint le premier grand prix de Rome en 1855, pour une cantate intitulée Acis et Galatée, dont les vers avaient été écrits par M. Camille du Locle, présentement directeur de l'Opéra-Comique. M. Conte quitta donc, pour s'en aller à Rome, la place de premier violon qu'il occupait à la Porte-Saint-Martin. De retour à Paris au bout de trois ou quatre ans, il chercha immédiatement à se faire jouer, comme la plupart de nos lauréats de l'Institut. Éconduit poliment par Roqueplan, alors directeur du théâtre Favart, il revint à la charge avec M. Beaumont, lorsque celui-ci eut succédé à celui-là. M. Beaumont, fut-il moins diplomate que Roqueplan, ou M. Conte fut-il moins endurant avec lui qu'avec ce dernier ? Je l'ignore, mais toujours est-il que directeur et compositeur eurent une altercation assez vive, à la suite de laquelle toutes relations furent rompues. Depuis lors, M. Conte attendait toujours le tour de représentation que l'Opéra-Comique doit à tout prix de Rome ; il l'a en somme attendu pendant dix-neuf ans. Mais comme attendre n'est pas vivre, M. Conte entra d’abord comme alto à l'Opéra et à la Société des concerts ; puis il devint professeur à la grande école des frères de Passy, puis il publia une Méthode de violon que l'on dit excellente, et ensuite des duos de violons, et des fantaisies pour violon et piano, et encore d'autres compositions. Enfin, comme, selon un de nos vieux proverbes, tout vient à point à qui sait attendre, M. Conte finit par se voir confier le livret d'opéra-comique qu'il ambitionnait, livret assez méchant, nous l’avons vu, et qui répond au nom de Beppo. Il mit ce livret en musique, l’Opéra-Comique procéda à la distribution de l'ouvrage, dont les rôles furent confiés à Mlles Franck et Nadaud, à MM. Charelli, Neveu et Laurent ; les études marchèrent assez rapidement, et enfin, lundi dernier, Beppo voyait le jour.

Il y a du talent dans la partition de M. Conte, mais trop peu d'inspiration et de personnalité. L'ouverture, — il y a une ouverture, ce dont on doit savoir gré au compositeur, — l'ouverture est bien tracée, quoique un peu longue, et surtout finement instrumentée ; on peut signaler aussi un trio en style concertant, qui renferme de jolis passages et qui est écrit avec élégance. Quant au reste, j'avoue que tout m'a paru bien pâle et bien languissant. Est-ce la faute uniquement du musicien ? Je ne crois pas, et il me semble que son collaborateur est encore plus coupable que lui. Quant aux interprètes, il m'est avis qu'à part M. Neveu, le mieux est de se taire sur leur compte.

(Arthur Pougin, le Ménestrel, 06 décembre 1874)

 

 

 

 

 

L'Opéra-Comique vient de nous donner un petit acte. L'effort n'est pas grand ; mais enfin répété souvent...

M. Jean Conte, qui a signé la partition de Beppo, est un de ces lauréats de l'Institut qui se morfondent à la porte du théâtre ; j'entends le mauvais côté de la porte. Après vingt ans d'attente, et pour surcroît de déplaisir, il a eu le malheur d'embarquer ses mélodies sur un livret destiné au naufrage. Nul intérêt, point d'esprit ni d'invention dans cette malencontreuse comédie.

La scène se passe dans cette éternelle Venise, si belle en nature, et qui est devenue si fastidieuse dans les copies que les théâtres nous en donnent. Laura a vu son mari Beppo lui échapper le jour même de ses noces. Il est parti sans dire où il allait ni quand il reviendrait. Un galant, le signor Rafaël, s'est introduit auprès de Laura, et lui fait une cour pressante. Mais, par malheur, le mari revient sous le déguisement d'un marchand de dattes et met fin à ce beau manège amoureux.

Il n'y a pas là de quoi déranger un musicien. Aussi M. Conte n'a-t-il pas dû donner pour si peu le meilleur de son bagage mélodique. Il doit avoir des réserves pour une occasion plus propice. Nous pouvons toujours signaler dans sa partition des couplets pour soprano sur ces paroles : Si vous étiez ce que vous n'êtes pas... ; puis un duetto en mouvement de valse qui est écrit avec clarté et fermeté.

(Albert de Lasalle, le Monde illustré, 12 décembre 1874)

 

 

 

 

 

Le sujet de la pièce a été tiré du petit poème de lord Byron. La partition renferme une jolie tarentelle qui sert d'ouverture et un bon trio.

(Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876)

 

 

 

 

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