Philippe GAUBERT

 

Philippe Gaubert en 1933 [photo G.-L. Manuel Fr.]

 

 

Philippe GAUBERT

 

compositeur, flûtiste et chef d'orchestre français

(rue Brives, Cahors, Lot, 05 juillet 1879* Paris 17e, 08 juillet 1941*)

 

Fils de Baptiste GAUBERT (Cieurac, Lot, 08 février 1851* Cahors, 16 décembre 1910*), cordonnier [fils de Philippe GAUBERT (Le Montat, Lot, 17 mars 1814* ap. 1877), cultivateur], et de Jeanne COUREAU (Cahors, 07 mars 1858* Paris 17e, 21 janvier 1939*), couturière, mariés à Cahors le 14 juillet 1877*.

Frère de Lucien Jean GAUBERT (Cahors, 07 janvier 1881* – Paris 15e, 18 juin 1963*), sous-chef de musique au 104e régiment d’infanterie [épouse à Bordeaux, section 2, Gironde, le 11 octobre 1919* Catherine HERRAN].

Epouse 1. à Paris 12e le 30 novembre 1908* (divorce le 27 novembre 1924) Suzanne Marguerite MILLET (Paris 4e, 17 mai 1883* ), fille de Louis Eugène MILLET (Hirson, Aisne, 09 février 1858* Le Perreux-sur-Marne, Seine [auj. Val-de-Marne], 01 septembre 1941), pharmacien.

Epouse 2. à Paris 17e le 01 juin 1929* Madeleine Marie Joséphine RÉNIER (Nantes, 5e canton, Loire-Inférieure [auj. Loire-Atlantique], 03 octobre 1888* – Madrid, Espagne, 06 janvier 1959), fille de Prosper Léon RÉNIER (Paris ancien 10e, 08 juillet 1857* – Paris 16e, 11 septembre 1950*), président du conseil d’administration de l’agence Havas.

 

 

Elève au Conservatoire de Paris de Paul Taffanel, de Xavier Leroux, de Charles Lenepveu, il y obtint le premier prix de flûte en 1894, un second accessit (1902) puis le premier prix de contrepoint et fugue en 1903, et enfin le 1er second grand prix de Rome en 1905 avec la cantate Maïa. En 1897, il entra comme flûtiste dans l’orchestre de l’Opéra de Paris. Virtuose hors ligne, il devint le 16 octobre 1919 professeur de flûte au Conservatoire. Il succéda à André Messager comme chef d’orchestre de la Société des concerts du Conservatoire de 1919 à 1936 [qu’il dirigea en 1936 pour le film Un grand amour de Beethoven d'Abel Gance (adaptation musicale de Louis Masson)]. Le 1er novembre 1931, il devint professeur d’orchestre et de direction d’orchestre au Conservatoire. Il débuta à l’Opéra comme chef d’orchestre le 19 septembre 1920, devint premier chef, puis directeur de la musique (1924-1939), et il était directeur du Palais Garnier lors de son décès (juin 1939-08 juillet 1941). Parmi ses œuvres, citons les ballets Alexandre le Grand (1937) et le Chevalier et la Damoiselle (1941).

Il a été nommé chevalier (1921), puis officier (1928) de la Légion d’honneur.

En 1908, il habitait 3 rue Laugier à Paris 17e ; en 1911, 26 rue de Motholon à Paris 9e ; de 1922 à 1926, 22 avenue Niel à Paris 17e ; en 1926, 81 rue Laugier. Il est décédé en 1941 à soixante-deux ans, en son domicile, 162 boulevard Berthier à Paris 17e. Il est enterré au Père-Lachaise (94e division).

 

=> sa discographie

 

 

 

œuvres lyriques

 

Sonia, drame lyrique en 3 actes, livret de Charles Batilliot (Théâtre municipal de Nantes, 08 février 1913) => partition

Naïla, conte oriental en 3 actes, livret de Maurice Léna (Opéra, 08 avril 1927) => détails ; livret

 

ballets

 

Philotis, ballet en 2 actes, argument de Gabriel Bernard (Opéra, 18 février 1914) => détails

Alexandre le Grand, épopée chorégraphique en 1 prologue, 3 tableaux et 1 épilogue, argument de Serge Lifar (Opéra, 21 juin 1937) => détails

le Chevalier et la Damoiselle, ballet en 2 actes, argument de Serge Lifar (Opéra, 02 juillet 1941) => fiche technique

 

mélodies

 

Au jardin de l’Infante, recueil de 8 mélodies, poésies d'Albert Samain (1911) : Nuit blanche ; Il est d'étranges soirs ; l'Indifférent ; Arpège ; Hiver ; Musique sur l'eau ; J'ai rêvé d'un jardin primitif ; Chanson d'été

Automne, poésie d'Henri de Régnier (1923)

Chansons pour me consoler d’être heureux

Chœur de nymphes

Cloche fêlée (la)

Elégie, poésie d'Henri de Régnier (1923)

Madrigal fleuri, poésie de Maurice Léna (1922)

Mon petit âne, poésie de Maurice Léna (1922)

Secret (le), poésie d'Henri de Régnier (1925)

Soir païen, poésie d'Albert Samain

 

œuvres symphoniques

 

Rhapsodie sur des thèmes populaires, le Cortège d’Amphitrite, Fresques (1923), Esquisses, Chants de la mer (1931), Chants de la terre, Au pays basque (1931), Inscriptions pour les portes de la ville, Divertissement sur un choral, Divertissement grec, Concert en fa (1932), Concerto pour violon et orchestre (1929), Symphonie en fa (1936), Suite de ballet, le Clair Chemin, etc.

 

musique de chambre

 

une sonate pour violon et piano (1917), 3 sonates pour flûte et piano, Ballade pour alto et piano, Suite pour flûte et piano, et des pièces instrumentales diverses

 

 

la Société de musique de chambre pour instruments à vent : (de g. à dr.) Philippe Gaubert (flûtiste), Louis Bas et L. Bleuzet (hautboïstes), Prosper Mimart et H. Lefebvre (clarinettistes), J. Pénable et E. Vuillermoz (cornistes), L. Letellier et Ch. Bourdeau (bassonistes), pendant une répétition en 1904.

 

 

Sa carrière de chef d’orchestre à l’Opéra

 

Il y débuta le 19 septembre 1920 en dirigeant Faust.

 

Il y dirigea les reprises de Parsifal (1924) ; le Crépuscule des dieux (1925) ; Tannhäuser (1925) ; Salomé (1926) ; Siegfried (1926) ; le Miracle (1927) ; Tristan et Isolde (1930) ; Castor et Pollux (1930) ; les Maîtres chanteurs de Nuremberg (1930) ; Othello (1931) ; la Damnation de Faust (1933) ; Samson et Dalila (1934) ; l’Etranger (1934) ; Fidelio (1937) ; Boris Godounov (1937) ; Orphée (1939) ; Gwendoline (1941).

 

Il y dirigea la 2.000e à Paris de Faust (1934) et la 500e de Roméo et Juliette (1939).

 

Il y créa Siang-Sin, ballet de Georges Hüe (19 mars 1924) ; Nerto de Charles-Marie Widor (27 octobre 1924) ; la Naissance de la Lyre d'Albert Roussel (01 juillet 1925) ; Brocéliande d'André Bloch (23 novembre 1925) ; Orphée, ballet de Jean Roger-Ducasse (11 juin 1926) ; Naïla de lui-même (08 avril 1927) ; les Matines d’amour de Jules Mazelier (16 décembre 1927) ; le Mas de Joseph Canteloube (03 avril 1929) ; Salamine de Maurice Emmanuel (19 juin 1929) ; Virginie d'Alfred Bruneau (09 janvier 1931) ; Bacchus et Ariane, ballet d'Albert Roussel (22 mai 1931) ; la Duchesse de Padoue de Maurice Le Boucher (21 octobre 1931) ; Un jardin sur l’Oronte d'Alfred Bachelet (07 novembre 1932) ; Vercingétorix de Joseph Canteloube (26 juin 1933) ; la Princesse lointaine de Georges Martin Witkowski (26 mars 1934) ; Rolande et le mauvais garçon d'Henri Rabaud (25 mai 1934) ; le Marchand de Venise de Reynaldo Hahn (29 mars 1935) ; Œdipe de George Enesco (13 mars 1936) ;  Promenades dans Rome, ballet de Marcel Samuel-Rousseau (14 décembre 1936) ; Alexandre le Grand, ballet de lui-même (21 juin 1937) ; la Chartreuse de Parme d'Henri Sauguet (20 mars 1939).

 

Il y dirigea les premières de : les Troyens d'Hector Berlioz (10 juin 1921) ; Daphnis et Chloé, ballet de Maurice Ravel, et la Péri, ballet de Paul Dukas (20 juin 1921) ; l'Heure espagnole de Maurice Ravel (05 décembre 1921) ; la Fille de Roland d'Henri Rabaud (27 octobre 1922) ; Grisélidis de Jules Massenet (29 novembre 1922) ; Phaedre d'Ildebrando Pizzetti (07 juin 1923) ; Esclarmonde de Jules Massenet (24 décembre 1923) ; Fleur de pêcher de Cécile Simon (24 février 1925) ; le Chevalier à la rose de Richard Strauss (11 février 1927) ; l’Impératrice aux rochers d'Arthur Honegger (18 février 1927) ; les Burgraves de Léo Sachs (24 février 1927) ; Turandot de Giacomo Puccini (02 avril 1928) ; Elektra de Richard Strauss (29 février 1932) ; Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas (23 janvier 1935) ; Pénélope de Gabriel Fauré (28 mai 1935) ; le Vaisseau fantôme de Richard Wagner (27 décembre 1937) ; l’Enfant et les sortilèges de Maurice Ravel (17 mai 1939) ; Médée de Darius Milhaud (08 mai 1940).

 

Il y dirigea pour la dernière fois le 30 juin 1941 dans le Chevalier à la rose.

 

 

 

Philippe Gaubert en 1925

 

Philippe Gaubert en 1931

 

 

L’activité de Philippe Gaubert s'est étendue dans toutes les branches de la musique : composition, professorat, orchestre, journalisme. Le champ où sa vie artistique se déploie, c'est le monde entier. Il parcourt l'Europe, l'Amérique, d'abord comme virtuose, puis comme chef d'orchestre de concert ou de théâtre, enfin avec la troupe lyrique ou le ballet de l'Académie nationale.

Gaubert était un grand maître de l'orchestre : il avait, pour le conduire, des qualités exceptionnelles et spontanées, des forces immanentes, une compréhension rare du sens musical. Sa renommée grandissait chaque jour sans qu'il en prit aucun souci. Mais si générale que fût sa carrière, toute la majeure partie de sa vie en quarante-cinq ans, s'est passée à l'Opéra. Dès 1896, il fait partie de l'orchestre ; en 1920, il monte au pupitre ; en 1932 il est nommé chef des Etudes musicales, et, en juin 1939, directeur. C'est un camarade qui devient chef dans une maison dont il connaît tous les détours.

Il était dans l'ordre et dans la justice que sa dernière joie lui fût donnée dans le théâtre qu'il avait placé au rang de tout ce qui lui était le plus cher, par le succès éclatant du « Chevalier » qu'il avait écrit, monté dans l'enthousiasme créateur, avec le feu de la jeunesse et la sève de l'âge mûr.

Philippe Gaubert a disparu dans un triomphe.

(Jacques Rouché, administrateur des Théâtres Lyriques Nationaux, les Ondes, 04 juillet 1943)

 

 

Philippe Gaubert par tous ses dons, son intelligence, son opiniâtreté raisonnée dans l'effort, par son dévouement total à l'intérêt d'une œuvre, était l'une des figures les plus représentatives de la musique et du théâtre.

Compositeur, il a écrit des ouvrages clairement pensés, solidement équilibrés, rehaussés d'une orchestration éclatante, sonore sans lourdeur, légère sans mièvrerie, mêlant avec la plus habile sûreté de main le modernisme le plus hardi au plus solide classicisme.

Il y a là une connaissance approfondie du « métier », ce « métier » qui prouve la probité d'un artiste et sans lequel rien ne dure.

Chef d'orchestre ardent, précis, chaleureux, il a su, pendant plus de trente ans, défendre, imposer ce qu'il conduisait avec une foi enthousiaste et communicative.

Directeur — puisque deux carrières simultanées ne suffisant pas à son activité, ce grand serviteur de la musique avait accepté de diriger aussi l'Opéra — il exerça ces délicates fonctions avec un éclectisme et une clairvoyance dont les compositeurs lui resteront toujours reconnaissants.

Philippe Gaubert, en réduisant sa propre production pour révéler au public des talents nouveaux, des noms de confrères inconnus ou méconnus, a donné un rare, un émouvant exemple de solidarité professionnelle.

(Marcel Samuel-Rousseau, directeur de l’Opéra, les Ondes, 04 juillet 1943)

 

 

Je suis entrée à l'Opéra presque en même temps que lui. Et je puis l'avouer maintenant : si j'avais la plus grande admiration pour son talent de compositeur et de chef d'orchestre, je me demandais parfois avec angoisse s'il supporterait l'écrasant fardeau de l'administration. Or, Philippe Gaubert se révéla un administrateur extraordinaire et un animateur de grande classe. Ne vous étonnez donc pas que mon chagrin, aujourd'hui, soit double : j'ai perdu le plus délicieux des amis et j’ai perdu le plus remarquable des directeurs. Philippe Gaubert est un homme dont on dit chaque jour : « Ah ! s'il était là ! » Personne ne l'a oublié. Un sentiment unanime de respect et d'amour entoure son souvenir...

(Germaine Lubin de l’Opéra, les Ondes, 04 juillet 1943)

 

 

Je garde de Philippe Gaubert un souvenir ému et d'autant plus fidèle que bien des dates importantes de ma carrière sont liées à des œuvres de notre regretté maître. Je lui dois, lors de mon retour à l'Opéra, en 1937, ma première création dans son « Alexandre le Grand ». C'est pendant les répétitions de ce ballet qu'il me dit un jour : « J'écrirai pour vous un grand ballet ! ». Il tint parole, ce fut sa dernière œuvre, mon plus beau rôle, cette Damoiselle de son triomphal « Chevalier » que je ne puis interpréter sans une douloureuse émotion et sans revoir par la pensée notre cher auteur et directeur dans son avant-scène au soir de la première, pour lui l'unique représentation ! Je me souviens de la passion créatrice qu'il apportait aux premières pages de cette œuvre lorsqu'il élaborait les thèmes avec Serge Lifar au cours de notre voyage en Espagne en 1940. Nous sentions alors mieux encore quel grand artiste était Philippe Gaubert. Ses qualités de cœur en faisaient aussi un homme qu'il était impossible de ne pas aimer lorsqu'il nous apparaissait avec toute la netteté de son caractère.

(Solange Schwarz, danseuse étoile de l’Opéra, les Ondes, 04 juillet 1943)

 

 

La mort de Philippe Gaubert a été une perte immense pour la France, pour l'Europe. Ce grand musicien international était l'ami de tous les artistes. Il comprenait leurs efforts et il les aimait. Il me considérait comme un fils et souvent, il me demandait de venir le matin à l'Opéra pour bavarder avec lui...

C'est avec une émotion déchirante que je me souviens du concert qu'il donna à Bruxelles et au cours duquel il ressentit la première atteinte du mal qui devait l'emporter subitement deux mois après... Je le revois encore, pendant les répétitions du Chevalier et la Damoiselle monter tout au haut de la rotonde. Son œuvre ne le satisfaisait jamais. Il avait peur et, le soir de la première, il ne voulut pas paraître au pupitre de chef d'orchestre. Or ce fut un triomphe ! Il assista à la représentation dans la loge directoriale et le public, en l'acclamant, entendit rendre hommage et au compositeur et à l'animateur.

(Serge Lifar, maître de ballet à l’Opéra, les Ondes, 04 juillet 1943)

 

 

C’était un homme admirable et charmant. Quand j'étais petite, je le rencontrais souvent et il s'approchait de moi, et il m'encourageait. Un jour, après un examen, il me dit : « Mon petit… tu seras quelqu’un ! » Je n’ai pas oublié ce jour-là. Il m'a donné du courage pour toute la vie. Il était d'ailleurs très peu... directeur, mais le respect que nous lui portions tous lui conférait une autorité peu commune. Trop bon peut-être... Il aimait à répéter : « Que voulez-vous ? Quand on me demande quelque chose, je n'arrive jamais à dire : non ! »

(Suzanne Lorcia, danseuse étoile de l’Opéra, les Ondes, 04 juillet 1943)

 

 

 

 

 

 

 

Philippe Gaubert et sa seconde femme, née Madeleine Rénier

 

 

Philippe Gaubert [photo Lipnitzki]

 

 

 

    

 

Ouverture

des Noces de Figaro de Mozart

Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire dir. Philippe Gaubert

Columbia L 1975, mat. LX 43, enr. le 10 février 1927

 

 

              

 

a) les Chasseresses - b) Marche et Cortège de Bacchus

extraits de Sylvia de Delibes

Orchestre Symphonique dir. Philippe Gaubert

Columbia LFX 303, mat. LX 1625 et LX 1626, enr. le 07 juillet 1932

 

 

              

 

a) Mazurka - b) Valse

extraits de Coppelia de Delibes

Orchestre Symphonique dir. Philippe Gaubert

Columbia LFX 304, mat. LX 1627 et LX 1628, enr. le 07 juillet 1932

 

 

                             

 

a) Lever du jour - b) Pantomime - c) Danse générale

2e suite symphonique de Daphnis et Chloé de Ravel

Orchestre des Concerts Walther Straram dir Philippe Gaubert

Columbia LFX 41 et LFX 42, mat. LX 1309 à LX 1312, enr. les 24 et 25 mars 1930

 

 

         

 

Danse macabre

poème symphonique de Saint-Saëns

Orchestre Symphonique dir. Philippe Gaubert et Henry Merckel, violon solo

Columbia LFX 44, mat. LX 1325 et LX 1326, enr. le 04 avril 1930

 

 

                   

 

Ouverture

du Roi d'Ys de Lalo

Orchestre Symphonique dir Philippe Gaubert (violoncelle solo : Auguste Cruque)

Columbia LF 77 et LF 78, mat. L 2782 à L 2785, enr. le 12 février 1931

 

 

 

 

 

 

Encylopédie