BIOGRAPHIE DE GEORGES THILL

 

1897

Le quatorze décembre mil huit cent quatre-vingt-dix-sept, à 21 h. 30, est né, 10 rue Simon-Le-Franc (Paris 4e) Georges Gabriel Thill, fils de Gabriel Thill, éditeur (Meudon, 19 juin 1873 - Meudon, 26 septembre 1928), et d'Angèle Léontine Tard, employée de commerce (Paris 18e, 11 mai 1874 - Saint-Germain-en-Laye, 25 mars 1955), mariés à Paris 18e le 21 janvier 1897. (=> généalogie)

 

         

Ses parents Gabriel Thill (1873-1928) et Angèle Tard (1874-1955)

 

1915

Emploi à la Bourse des valeurs

 

1916

Il est envoyé au front jusqu'à la fin de la Grande Guerre.

 

 

Georges Thill (au centre de la photo)

 

1918

En novembre, il entre au Conservatoire de Paris. Il a pour professeurs André Gresse (classe de chant) et Jacques Isnardon (classe de mise en scène)

 

1920

En juillet, il obtient au Conservatoire un 2e accessit de déclamation lyrique dans la scène finale de Lucie de Lammermoor de Donizetti.

 

1921

Sur le conseil de son camarade, le ténor Mario Podesta (qui deviendra le professeur de Mado Robin), il part comme celui-ci à Naples pour étudier jusqu'en 1923 avec le célèbre ténor italien Fernando De Lucia (Naples, 11 octobre 1860 - Naples, 21 février 1925).

 

photo de Fernando De Lucia dédicacée à Georges Thill le 16 août 1921

"A mon cher élève Georges Thill, beau représentant de mon école de bel canto, avec mes prévisions de triomphes et de fortune, parce que destiné à une grande carrière."

 

1923

Retour en France. Il est domicilié avec ses parents 8 rue Joly à Saint-Mandé [Seine, auj. Val-de-Marne]. Le 16 juin, il épouse en premières noces, à La Machine (Nièvre), Benoîte Alexandrine Gilberte Jaubert (La Machine, Nièvre, 21 février 1903 - Le Port-Marly, 30 septembre 1966).

 

1924

Le 15 janvier, il auditionne à l'Opéra de Paris et est engagé par Jacques Rouché. Il y débute le 24 février dans Thaïs de Massenet (rôle de Nicias) [pour toutes les représentations de Georges Thill au Palais Garnier (1924-1940), voir le Journal de l'Opéra]. En août, il chante Faust de Gounod à Bécon-les-Bruyères. En septembre, il chante Faust à Issy-les-Moulineaux. Le 25 septembre, il chante Rigoletto de Verdi à l'Opéra. Le 23 novembre, naissance à Paris 15e de son premier fils, Albert Thill. Il signe un contrat d'exclusivité avec la maison de disque Columbia et commence en décembre à enregistrer des 78 tours acoustiques. (=> discographie)

 

1925

En janvier, il chante à l'Opéra le Jardin du Paradis. Le 24 février, il y crée, lors d'un gala, Fleur de pêcher de Mme G.-P. Simon. Il fait ensuite ses débuts à l'Opéra de Monte-Carlo dans Thaïs de Massenet. A l'Opéra de Paris, il chante Hérodiade de Masenet (03 juillet), Aïda de Verdi (20 juillet). Le 15 octobre, il chante Werther de Massenet à Nîmes. Le 23 novembre, il crée à l'Opéra Brocéliande d'André Bloch avec Ketty Lapeyrette.

 

 

 

 

Georges Thill dans le Jardin du Paradis (Prince Azur) [photo J. Mandel]

 

1926

A l'Opéra, il chante Paillasse de Leoncavallo (08 janvier), la reprise d'Alceste de Gluck (08 février), Roméo et Juliette de Gounod (03 mai), le tableau de Saint-Sulpice de Manon de Massenet lors d'un gala (01 juin), Lohengrin de Wagner (28 août). Le 27 septembre, naissance à Paris 14e de son second fils, Raymond Thill. Le 14 décembre, il chante la Damnation de Faust de Berlioz (version de concert) à Amiens. Le 24 décembre, la Traviata de Verdi entre au répertoire de l'Opéra dans la version française d'Edouard Duprez, avec Georges Thill et Fanny Heldy, sous la direction d'Henri Büsser.

 

 

Georges Thill dans Roméo et Juliette (Roméo) [photo G. L. Manuel frères]

 

1927

A partir du 07 janvier 1927, il commence ses enregistrements électriques pour la marque Columbia (=> discographie). Le 08 avril, il participe à la création à l'Opéra de Naïla de Philippe Gaubert, sous la direction du compositeur, avec Ketty Lapeyrette et Marthe Nespoulous. Le 18 novembre, il y chante le Miracle de Georges Hüe.

"Dans les Ânes du Caire (Columbia 7015), le ténor Thill fait une liaison des plus amusantes - bien involontairement." (Charles Wolff, Répertoire critique du Phonographe, 1929)

 

Georges Thill [photo Carlet aîné]

 

1928

Le 16 janvier, il participe à la création à l'Opéra de la Tour de feu de Sylvio Lazzari, avec Fanny Heldy et Marcel Journet, dans une mise en scène de Pierre Chereau, sous la direction de François Rühlmann. Le 02 avril, Turandot de Puccini entre au répertoire de l'Opéra dans une version française avec Georges Thill sous la direction de Philippe Gaubert. Le 15 mai, il débute à l'Opéra-Comique dans Carmen de Bizet. Le 26 mai il chante Samson et Dalila de Saint-Saëns à l'Opéra. Le 30 mai, il débute au Covent Garden de Londres dans Samson et Dalila sous la baguette de Thomas BEECHAM. Le 21 juin, Mârouf, savetier du Caire d'Henri Rabaud entre au répertoire de l'Opéra avec Georges Thill dans le rôle-titre, Marcel Journet et Albert Huberty. Le 28 juillet, il débute aux Arènes de Vérone dans Turandot de Puccini. Le 26 septembre, décès de son père, Gabriel Thill, à Meudon.

 

Georges Thill dans Mârouf (Mârouf), après une représentation

 

1929

De janvier à avril, il chante à l'Opéra de Monte-Carlo (Martha de Flotow le 27 mars ; la Croisade des dames de Schubert le 01 avril ; Tosca de Puccini le 09 avril). Le 02 mars, il débute à la Scala de Milan dans Turandot de Puccini, qu'il chante également le 07 mars. Le 02 mai, il chante les Troyens de Berlioz à l'Opéra. Le 27 mai, il débute dans Turandot au Colon de Buenos Aires, où il chante jusqu'en septembre (André Chénier de Giordano le 14 juin). Le 21 octobre, il participe à la reprise de Guillaume Tell de Meyerbeer à l'Opéra. D'octobre à décembre, il joue à l'Opéra-Comique dans Carmen de Bizet (19, 24, 29, 31 octobre et 07 novembre avec L. Perelli, G. Corney, W. Tubiana, A. Balbon, J. Vieuille, direction A. Wolff ; 08 et 11 décembre avec L. Perelli, direction A. Wolff ; 22 décembre avec L. Perelli, direction Frigara) et Werther de Massenet (04 et 13 novembre avec M. Sibille, O. Ertaud, A. Gaudin et L. Azéma, direction G. Lauweryns).

 

 

Georges Thill dans Carmen (Don José)

 

 

 

                   

 

1930

Il est à nouveau à la Scala de Milan où il chante Turandot de Puccini en janvier et avril, la Fanciulla del West de Puccini en février, et Andrea Chenier de Giordano en avril. En mars, il chante à l'Opéra de Monte-Carlo dans Carmen de Bizet et dans Satan de Raoul Gunsbourg (le 25 mars), ainsi que dans Tannhäuser de Wagner (le 05 avril). En mai, il chante Tannhäuser à l'Opéra. De mai à octobre, il est au Colon de Buenos Aires (Don Carlos de Verdi le 25 mai ; Sadko de Rimski-Korsakov le 01 juillet ; Mefistofele de Boito le 26 septembre). Le 14 novembre, il participe à la reprise des Troyens de Berlioz à l'Opéra.

 

publicité de 1930

 

1931

En février et mars, il chante à l'Opéra de Monte-Carlo. En mars, il enregistre l'intégrale de Werther de Massenet avec Ninon Vallin. Le même mois, il s'envole pour débuter au Metropolitan Opera de New York où il chante les 20 et 30 mars Roméo et Juliette de Gounod, le 25 mars et le 11 avril Faust du même compositeur, et le 03 avril, sous la direction de Tullio Serafin, il y interprète Radamès dans Aida de Verdi. De juin à septembre, il chante au Colon de Buenos Aires (Manon de Massenet le 05 juin ; Fra Gherardo de Pizzetti le 17 juillet ; Nazdah de Palma le 14 août), à Montevideo et à Rio de Janeiro. Le 11 novembre, il participe à une reprise d'Esclarmonde de Massenet à l'Opéra.

 

enregistrement de l'intégrale de Werther de Jules Massenet en mars 1931

 

programme d'Esclarmonde à l'Opéra de Paris du 04 décembre 1931, dédicacé par Georges Thill (rôle du Chevalier Roland) [coll. ALF]

 

1932

Georges Thill continue ses tournées : Opéras de Marseille, de Lyon, de Toulon, de Monte-Carlo (où il chante le Prophète de Meyerbeer le 26 janvier). Il est à nouveau à l'affiche du Metropolitan Opera de New York dans Faust de Gounod le 13 février, dans Lakmé de Delibes le 19 février, dans Roméo et Juliette de Gounod le 26 février, et dans Sadko de Rimski-Korsakov sous la direction de Tullio Serafin les 12 et 28 mars. En novembre et décembre, il chante au Staatsoper de Vienne.

 

Georges Thill dans Lakmé (Gérald) à New York

 

 

1933

Des représentations à l'Opéra de Lyon, à l'Opéra de Monte-Carlo (où il chante Valses de Vienne le 23 février), au Liceo de Barcelone (où il débute en mars), au Grand Théâtre de Bordeaux, au Capitole de Toulouse, alternent avec celles données à l'Opéra de Paris. Le 23 janvier, il reprend à ce théâtre Parsifal  de Wagner. Le 22 mars, il y participe à la reprise de la Damnation de Faust de Berlioz (version scénique). Le 24 juin, il y crée le rôle-titre dans Vercingétorix de Joseph Canteloube sur un livret d'Etienne Clémentel et Louwick, avec Ketty Lapeyrette, Marthe Nespoulous, Marjorie Lawrence et Martial Singher. Le 20 octobre, il y chante les Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Wagner. Le 02 novembre, il chante à Copenhague, pour la radio, la Damnation de Faust de Berlioz avec André Pernet sous la direction de E. Tango ; un extrait ("Merci doux crépuscule") a été depuis publié sur disque microsillon.

 

 

Georges Thill dans Vercingétorix (Vercingétorix) en 1933 [photo Lipnitzky-Viollet]

 

 

1934

En janvier, il est fait chevalier de la Légion d'honneur. En février, il chante la Belle Hélène à Monte-Carlo. En mars, il participe à un documentaire (film de court métrage) sur l'Opéra de Paris (scénario de Pierre Sicard, réalisation de Claude Lambert). En avril, il interprète le rôle de Georges dans Chansons de Paris, film de Jacques de Baroncelli (=> filmographie). Le 22 mai, il crée le rôle de Gaspard dans Rolande et le mauvais garçon d'Henri Rabaud à l'Opéra, avec Albert Huberty. Le 11 juin, à Chantenay-Saint-Imbert (Nièvre), il est victime d'un accident d'automobile. En octobre, il tourne dans le film Aux portes de Paris de C. Barrois (=> filmographie). Le 11 décembre, il enregistre l'air d'Enée des Troyens à Carthage de Berlioz (Grand Prix du Disque 1935). Le 31 décembre, il tient à l'Opéra le rôle de Faust dans le chef-d'oeuvre de Gounod pour la 2000e à Paris de cet ouvrage, aux côtés d'Yvonne Gall et d'André Pernet, sous la direction de Philippe Gaubert.

 

 

 

 

 

 

                                                 

 

 

1935

Georges Thill continue ses tournées, opéras et concerts, qui le conduisent partout en France, en Belgique, en Hollande, en Suisse, à Budapest, à Belgrade, à Athènes et en Afrique du Nord. Le 07 mai, il participe au Gala Franz Lehar au Poste parisien, sous la direction du compositeur. Du 28 octobre au 13 novembre, il enregistre le rôle de Julien dans Louise de Gustave Charpentier, pour une version abrégée par le compositeur, aux côtés de Ninon Vallin et André Pernet (Grand Prix du Disque 1936). Il chante aussi à l'Opéra-Comique, sous la baguette d'Albert Wolff, Carmen de Bizet (30 octobre avec R. Gilly, R. Lanzone, L. Grandval, et 06 novembre avec G. Pape, A. Gaudin, L. Grandval), et Werther de Massenet (03 novembre avec R. Gilly, R. Lanzone, et 10 novembre avec G. Pape, R. Lanzone).

 

 

 

 

    

 

la villa "le Rocher" à Bois-le-Roi (Seine-et-Marne) où Georges Thill résida de 1929 à 1935 [photo ALF, 2018]

 

 

 

 

 

programme de Werther à l'Opéra-Comique le 10 novembre 1935 (Gala Georges Thill), dédicacé par le directeur, le chef d'orchestre et les interprètes [coll. ALF]

 

 

 

 

1936

Tournées en province et à l'étranger avec plusieurs retours à l'Opéra-Comique : Werther de Massenet sous la direction d'Elie Cohen (31 janvier avec R. Gilly, J. Rolland, A. Gaudin, et 09 février avec G. Pape, A. Gaudin), Carmen de Bizet sous la direction Elie Cohen (02 février avec R. Gilly), la Tosca de Puccini sous la direction Albert Wolff (05 février avec F. Heldy, Gauld), Manon de Massenet (09 mars avec V. Bovy, L. Musy, Gauld) et Lakmé de Delibes sous la direction Eugène Bigot (19 novembre avec O. Turba-Rabier). Le 20 mars, il chante une reprise des Huguenots de Meyerbeer à l'Opéra. Le 20 août, il chante Il Guarany de Gomes à Rio de Janeiro. En décembre, il s'envole pour la Russie.

« Opéra-Comique. Jeudi prochain [19 novembre 1936], pour la première soirée du grand abonnement de quinzaine (les jeudis de l’Opéra-Comique) on donnera Lakmé, avec notre célèbre ténor Georges Thill dans le rôle de Gérald qu’il chantera pour la première fois à l’Opéra-Comique ; M. A. Pernet, de l’Opéra, dans celui de Nilakantha et dans Lakmé, Mme Turba-Rabier, qui vient d’y faire des débuts très appréciés. C’est M. Eugène Bigot qui dirigera à cette occasion l’opéra-comique de Léo Delibes. » (Comœdia, dimanche 15 novembre 1936)

 

Georges Thill dans la Tosca (Mario Cavaradossi) [photo J. Mandel]

 

 

 

 

1937

En janvier, il donne une série de concerts en Russie. A partir de février, il reprend ses tournées en province et à l'étranger, avec des passages à l'Opéra (où il chante Thésée dans Ariane de Massenet le 24 février). Le 17 mai, il chante dans Carmen de Bizet au Covent Garden de Londres sous la direction de Thomas Beecham. Il interprète cette œuvre à nouveau à l'Opéra-Comique sous la direction d'Eugène Bigot (09 juin avec V. Jonuskaite, J. Beckmans, L. Grandval, J. Vieuille, 26 octobre avec R. Gilly, P. Cabanel et 14 décembre avec R. Gilly, P. Cabanel, J. Rolland), ainsi que Werther de Massenet sous la même direction (28 octobre avec L. Anduran, A. Gaudin, J. Rolland et 16 décembre avec L. Anduran, Bouvier, J. Rolland).

 

Georges Thill en 1937 [photo Intran Studio]

 

 

1938

Il chante en Afrique du Nord, en France, en Belgique, en Suisse, à Sofia, à Belgrade. Le 03 mai il joue dans Carmen de Bizet à l'Opéra-Comique avec Renée Gilly et André Gaudin sous la direction d'Eugène Bigot. le 07 mai, il chante la Damnation de Faust de Berlioz à l'Opéra sous la direction de Paul Paray. Du 03 juin au 03 août, il est au Colon de Buenos Aires (où il chante Louise de Charpentier le 28 juin). En septembre-octobre, il participe au tournage de Louise de Charpentier, filmée par Abel Gance, avec Grace Moore et André Pernet (=> filmographie).

 

 

Georges Thill [photo Goursat]

 

1939

Opéras et concerts en France, en Belgique, à Stockholm. Représentations à l'Opéra de Paris. Il chante également à l'Opéra-Comique : Lakmé de Delibes sous la direction de Roger Désormière les 26 avril (avec J. Micheau, L. Musy) et 18 mai (avec V. Bovy, L. Musy, E. Rousseau), Carmen de Bizet sous la direction d'Eugène Bigot les 10 mai (avec L. Aduran, Bouvier, J. Rolland) et 18 juin (avec R. Gilly, Bouvier, L. Grandval), Samson et Dalila de Saint-Saëns le 04 novembre sous la direction de Paul Paray (avec L. Anduran, M. Singher, A. Narçon), et, dans ce théâtre, il participe aux retransmissions radiophoniques de la première partie de la Damnation de Faust de Berlioz (le 21 septembre), de Samson et Dalila (le 28 septembre), des Troyens à Carthage de Berlioz (le 19 octobre), de Mârouf de Rabaud (le 02 novembre) et de Roméo et Juliette de Gounod sous la direction de Philippe Gaubert (le 09 novembre). Le 20 octobre, il crée à Tabarin la chanson Ils ne la gagneront pas. En novembre et décembre, il donne plusieurs concerts à la Radio P.T.T.

 

 

 

1940

Représentations et concerts à l'Opéra de Paris, en province et à Monte-Carlo. Le 30 décembre a lieu sa dernière apparition à l'Opéra dans Samson et Dalila de Saint-Saëns sous la direction de François Rühlmann.

 

 

1941

Il chante en Afrique du Nord et en France.

 

1942

Concerts et représentations d'opéras en province. Le 22 mai, il enregistre des extraits d'Othello de Giuseppe Verdi en français.

 

 

Bottin mondain de 1942

 

1943

Concerts et représentations d'opéras en province. Le 30 juin à Paris, il chante le rôle de Gaspard lors de la retransmission radiophonique de Rolande et le mauvais garçon d'Henri Rabaud, sous la direction du compositeur. En septembre, il chante pour la radio de Monte-Carlo : Werther de Massenet (le 07), concert Wagner (le 10) et Samson et Dalila de Saint-Saëns (le 14).

 

1944

Concerts et représentations d'opéras en province. Le 10 décembre, il est à Paris pour un spectacle au Théâtre Marigny pour les soldats alliés.

 

 

Georges Thill avec son accompagnateur Maurice Faure en 1944 [photo Lapi-Viollet]

 

1945-1966

Il donne à nouveau des concerts en province et à l'étranger. Le 11 juin 1953, il fait ses adieux à la scène dans Paillasse de Leoncavallo à l'Opéra-Comique avec Christiane Castelli. Le 11 octobre, il y rejoue Paillasse une ultime fois. Le 03 novembre 1954, il donne un récital d'adieux à la salle Pleyel, accompagné par Maurice Faure au piano. En 1955, il donne des Concerts Wagner en allemand (Théâtre du Châtelet, 09 janvier et 27 mars). Le 25 mars 1955, décès de sa mère, Angèle Tard, à Saint-Germain-en-Laye. Le 25 mars 1956, lors d'un concert donné au Théâtre du Châtelet sous la direction de Jean Fournet, il fait ses adieux au public. Il s'adonne à son autre passion, la peinture. Le 30 septembre 1966, sa femme décède en leur domicile 6 rue Jacques II au Port-Marly. Il achète un appartement près du Bois de Boulogne.

 

 

 

de g. à dr. : Jean Perier, Georges Thill, Reynaldo Hahn, Mlle Hoerner, Henri Büsser, jurés des concours lyriques - Claude Delvincourt, directeur du Conservatoire. Vus par Georges Bastia

 

les Concours du Conservatoire

 

Opéra par Georges Thill

 

« Pour mes débuts dans la critique, j'aurais voulu être indulgent, juger ces artistes de demain, qui ne sont encore que des élèves avec toute la générosité à laquelle a droit leur inexpérience. Me trouveront-ils trop sévère si je leur dis ce que j'ai vu et ce que j'ai entendu ? Non, sans doute, ils sont tous trop visiblement épris de leur Art.

Ce que j'aurais voulu voir ? Des tragédiens lyriques en herbe — l'Opéra étant à l'art lyrique ce que la tragédie est à l'art dramatique — qui sachent marcher, se tenir en scène, souligner d'un geste pertinent les moindres intentions dramatiques, jouer, en un mot, juste et large à l'échelle des ouvrages d'Opéra.

Ce que j'aurais aimé entendre ? Des timbres clairs, des voix limpides, des articulations précises, nettes...

Voici ce que j'ai vu et entendu :

— Mlle KOVATCHEVA, Veneta, ouvrait la séance avec une scène des Puritains de Bellini. Voix certainement étouffée par le « trac » au début, ouvrant trop ses aigus. ce qui ne lui fut pas favorable. Mais quand elle se fut un peu reprise, sa voix prit de l'assurance et de la qualité. Elle vocalise très bien, pourrait faire beaucoup mieux et le prouvera sans doute au théâtre.

— Mlle MOIZAN, Geneviève, — Thaïs, de Massenet. Se présente bien. A de jolies attitudes — trop jolies même, — trop étudiées — manque en un mot de simplicité, ce qui lui enlève du naturel et de la sincérité. Voix trop vibrante, pas assez enveloppée dans l'aigu. Attention !

— M. CHAUVAUT, René, — Faust, de Gounod. Difficile à juger à cause du choix de sa scène que je n'ai pas apprécié. Devra étudier son jeu. Sa voix devrait lui permettre d'aborder de plus grands lyriques.

— Mlle CELLIER, Jacqueline, — Thaïs, de Massenet. — A choisi une scène qui ne lui permet pas de faire apprécier son jeu. Son apparition fut plus un concours de chant que de mise en scène, ce qui empêche de discerner sa valeur scénique. Cette jeune artiste nous a démontré qu'elle chante très bien assise.

— Mlle BRUNELL, Céphyse, — Aïda, de Verdi. Un rôle bien difficile qu'on ne peut aborder qu'avec une grande expérience. Le choix de la scène n'était donc pas heureux, car il nous a permis de constater que cette candidate n'est pas prête vocalement. Il lui faut travailler encore son chant et ses attitudes, en vérité trop conventionnelles.

— M. O'SULLIVAN, Michel, — le Bal Masqué, de Verdi. A une autorité certaine qui trouvera un plus judicieux emploi à l'Opéra-Comique qu'à l'Opéra. Il est prêt pour le théâtre.

— Mlle GUITRY, Marie-Jehanne, — Cléopâtre, de Massenet. Jeu scénique très intelligent. Il s'en faut de peu qu'elle ne soit très bien. Voix adroitement conduite, aisément perfectible.

Pour conclure, disons que les voix, en général, semblent un tout petit peu fatiguées et que dans l'ensemble les concurrents manquent d'allure.

Doit-on imputer seulement ces faiblesses au ravitaillement déficient ? »

 

JURY : M. Delvincourt. MM. Büsser, Reynaldo Hahn, Jacques Ibert, H. Février ; Mlle Hoerner ; MM. Georges Thill, Jean Perrier, Rambaud, Guénot, Jacques Chailley (secrétaire).

HOMMES. — 1er Prix : M. O'Sullivan (M. Musy).

FEMMES. — Pas de 1er prix. 2e prix : Mlles Cellier (M. Musy), Brunell (M. Cabanel), Guitry (M. Musy).

 

Georges Thill qui, pour nos lecteurs, avait accepté de rendre compte de l'épreuve d'opéra, se disposait à prendre place parmi ses « confrères » de la critique, lorsque M. Delvincourt, lui barrant la route, le fit entrer dans la loge du jury. Notre éminent collaborateur se récusa, arguant de ses engagements à notre égard et de certain règlement qui interdit aux membres du jury de publier leurs impressions dans la presse. En vain !

Il « oublia » le règlement.

Et c'est ainsi que, pour la première fois sans doute, on aura pu lire dans un journal le compte rendu d'une épreuve du Conservatoire, sous la signature d'un membre du jury.

 

(journal Opéra, 04 juillet 1945)

 

 

journal Opéra, 04 juillet 1945

 

 

 

 

programme radio du 26 avril 1947

 

 

Georges Thill, le ténor migrateur

Nombre de ses admirateurs et surtout de ses admiratrices se représentent Georges Thill comme un Toulousain au sang chaud autant que l'est sa voix.

Qu'ils se détrompent, car leur héros est Parisien et apprit à parler alors qu'il ne songeait pas encore au « bel canto », à Montmartre.

Devenu Toulousain, il contempla le Capitole pendant quatre ans sans deviner qu'il y entrerait un jour en triomphateur.

Car, avant l'Opéra, il débuta à la Bourse de Paris et serait peut-être un magnat de la finance si la guerre n'était survenue.

A son retour, abandonnant la cote des valeurs, c'est sous la conduite, et la garde, d'une amie de sa famille qu'il se présenta au Conservatoire. Surmontant sa timidité — qui l'eût cru ? — il auditionna avec succès et entreprit des études de chant.

Sachant que les voyages forment la jeunesse et aussi les chanteurs il par­tit pour Naples, dont la vue ne devait heureusement pas entraîner sa mort.

De cette ville, il n'a gardé qu'un souvenir : l'infernal tintamarre de ses tramways.

Après un séjour à Nice, notre apprenti ténor réintégra Paris, nanti d'une expérience qui n'était peut-être pas uniquement artistique.

Engagé à l'Opéra, il y gravit les échelons de sa difficile carrière.

La renommée vient en voyageant.

C'est à l'Italie que Georges Thill doit sa consécration.

Chantant « Turandot » à Vérone, le succès qu'il y obtint, le haussa au rang de vedette.

La « Scala » de Milan, New York, Buenos-Aires l'accueillirent et l'ovationnèrent.

En 1937, la Russie le réclama.

Et quand survint le dernier conflit limitant son activité, sans toutefois l'abandonner, il entreprit des tournés en France, en Afrique du Nord et même en Belgique.

Après la Libération il se fit entendre dans des Galas à Paris et ailleurs, n'oubliant ni la Belgique, ni la Suisse et l'Autriche, pour la plus grande joie de nos troupes d'occupation.

Bravant même Franco — la musique adoucit les mœurs — il alla en Espagne. Par l'Afrique du Nord, il revint à Paris, qui une fois de plus lui pardonna ses escapades.

En juin, il entreprit son tour du monde.

Au Canada : Québec, Montréal et Trois-Rivières applaudirent son talent et la France qu'il représentait.

Sidney, Wellington et Nouméa accoururent à ses concerts.

D'Orient, il rapporta une pipe et... de nouveaux lauriers !

Nous l'avons enfin retrouvé, mais dans quelques mois, il ira conquérir l'Amérique.

Avec résignation, il affrontera le mal de mer qu'il préfère cependant aux imprévus fâcheux des voyages aériens.

Car Georges Thill ne songe nullement au suicide, mais espère au contraire profiter largement de la vie et de ses agréments.

(S. Guiral-Corot, Mon programme, 26 avril 1947)

 

 

séance de radiodiffusion à Léopoldville en 1950

 

 

                                                 

 

programme d'un récital de Georges Thill accompagné par Alfred Pouinard au piano (sans date, entre 1947 et 1954)

 

 

 

Georges Thill dans Paillasse (Canio) avec Christiane Castelli (Nedda)  lors de ses adieux à l'Opéra-Comique le 11 juin 1953

 

 

 

 

disque 78 tours dédicacé par Georges Thill le 24 février 1968 [coll. ALF]

 

 

 

 

Georges Thill tenant un disque Columbia [photo Marcel-Arthaud]

 

 

 

 

publicité de 1969

 

 

1972-1984

En 1972, il reçoit le Grand prix National du disque Lyrique. En 1975, il s'installe au Mas du Gavaroune à Lorgues, près de Draguignan (Var). Le 18 février 1984, il épouse à Lorgues (Var), en secondes noces, Odette Bonis. Le 15 octobre 1984 à 15h45, il décède boulevard de la Commanderie à Draguignan. Il est enterré au cimetière nord de Saint-Mandé (Val-de-Marne).

 

Georges Thill tenant une réédition de ses disques en microsillon [photo Universal]

 

 

 

 

 

Encylopédie